Joumblatt: Repousser l’attaque du Hezb par le vote 
Le leader druze Walid Joumblatt n’a pas fait de déclaration solennelle sur un retrait de la vie politique, contrairement à des informations à ce sujet au cours des derniers jours, mais a seulement laissé entendre que son fils Teymour Joumblatt, déjà adoubé comme successeur en 2017, est désormais prêt à prendre la relève, comme l’explique une source du PSP.

L’occasion du discours prononcé samedi soir par le leader druze Walid Joumblatt à Samkanya dans le Chouf est double : le cinquantième anniversaire de l’association pédagogique et sociale druze al-Aarfan et le 14ème anniversaire du 7 mai 2008, ou le coup de force du Hezbollah à Beyrouth, repoussé à la Montagne par les druzes.

Deux anniversaires qui mêlent donc la dimension locale centrée sur la communauté («Walid Joumblatt veut s’adresser aux fils de la Montagne profonde, pas aux partisans », selon une source du Parti socialiste progressiste) , à la dimension politique nationale d’engagement constant pour la souveraineté. Dans son discours, Walid Joumblatt a multiplié les références à cet engagement, de la révolution nationaliste de 1958 au partenariat avec l’ancien Premier ministre, Rafic Hariri, et la réconciliation de la Montagne de 2001.

Un élan qui l’a amené à formuler explicitement, comme il le fait rarement sur cette affaire, la responsabilité du régime syrien dans l’assassinat de Kamal Joumblatt, en présence de nombreux diplomates arabes (les ambassadeurs de l’Arabie Saoudite, du Koweit, du Qatar, de la Jordanie et de l’Egypte, ainsi que les chargés d’affaires d’Algérie et du sultanat d’Oman) et des représentants de l’ambassade américaine.

« Dois-je rappeler aux nouveaux venus (référence au Courant patriotique libre, ndlr) qui s’expriment sur l’indépendance et la souveraineté, comment Kamal Joumblatt a tenu tête seul à Bhamdoun avec des factions de l’armée populaire, à l’armée de tutelle, l’armée de l’occupation syrienne, de ses agents et de ses services de renseignements, qui l’ont plus tard tué », a-t-il déclaré. Et d’indiquer sur ce point : « Comme le défi était grand en ce 16 mars 1977 (date de l’assassinat de Kamal Joumblatt, ndlr), le défi de rester et de continuer, et de préserver Moukhtara, sa présence et son histoire, en faisant face aux ennemis de l’intérieur et de l’extérieur ».

Il s’est également attaqué à l’axe de la résistance. Il a été virulent mais sans aller jusqu’à raviver le souvenir du 7 mai 2008 explicitement.  « Malheur à ceux qui veulent mettre la main sur la décision nationale libanaise indépendante, au profit de l’axe de la Moumanaa, l’axe de la destruction et de la falsification, en tout point de la Montagne au Sud en passant par l’Iqlim, la Békaa et Beyrouth, nous avons eu avec le mouvement national des martyrs parmi les combattants face à Israël », a déclaré Walid Joumblatt.

La référence au 7 mai 2008 est restée implicite, liée aux élections législatives, à quelques heures du second round du vote des émigrés et à une semaine de l’échéance au Liban. Il s’exprimait en présence des députés sortants et candidats actuels sur la liste du Chouf et de Aley.




Adressant son message électoral aux cheikhs précisément, connus pour avoir mené la contre-attaque contre le Hezbollah dans la Montagne en 2008, il leur a dit : « Aujourd’hui alors que nous nous trouvons à la veille d’un nouvel assassinat dans les urnes, je m’adresse à vous, aux turbans blancs, les turbans de la sagesse, du Tawhid, de l’esprit et de la foi, les turbans de la fierté et de la dignité, pour que nous repoussions ensemble l’attaque comme vous l’avez fait dans le Jabal al-Arab (la montagne druze en Syrie, ndlr), comme vous l’avez fait à chaque étape de la guerre de la Montagne ». Il les a appelés à « repousser l’attaque par le vote, empêcher toute percée opposée, et contrer l’assujettissement et le suivisme ».

« Il y a beaucoup à dire mais nous ne permettrons à personne de confisquer notre historique de lutte, sous quelque slogan que ce soit », a-t-il ajouté, en ramenant à la mémoire le rôle-clé de Kamal Joumblatt dans la révolution de 1958. Et de rappeler « l’appui spécial du Koweït et de l’Union soviétique avec les druzes et les nationalistes arabes au Liban ». Et de préciser que « nous n’oublierons pas le rôle politique et social de Rafic Hariri (ancien Premier ministre assassiné), en faveur de l’arabité du Liban, des habitants de la montagne, contre le 17 mai (en référence à l’accord libano-israélien du 17 mai 1983, ndlr) ».

Il n’a en revanche pas fait de déclaration solennelle sur un retrait de la vie politique, mais a seulement laissé entendre que son fils Teymour Joumblatt, déjà adoubé comme successeur en 2017, est désormais prêt à prendre la relève, comme l’explique une source du PSP.

Walid Joumblatt a ainsi précisé que « si l’âge est presque à son hiver, le chemin continue, celui des aïeux, le chemin de notre grand maitre Kamal Joumblatt. Avance donc Teymour, avec autour de toi les fils de Ourfan (druzes) et du parti (Parti socialiste progressiste) ainsi que les patriotes et les Arabes à l’intérieur et à l’extérieur, avance et relève le défi de renforcer l’autorité de Moukhtara, son patrimoine arabe et palestinien, avance pour protéger la réconciliation de la Montagne, avance, nous nous tenons à tes cotes, avec Dalia et Aslan (sa sœur et son frère, ndlr) ». « Pas de crainte pour l’avenir, les hommes sont des hommes et les principes sont des principes », a-t-il conclu.

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