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«Rien n’empêche que la visite du pape François ait lieu éventuellement», selon une source libanaises proche du Vatican, qui juge peu probable toutefois que ce soit avant l’automne. Possiblement en octobre, selon un observateur sur place.

Le Vatican a officiellement informé Beyrouth lundi du report de la visite du pape François à une date qui serait fixée ultérieurement.  La visite avait été annoncée par les autorités libanaises aux 12 et 13 juin sans jamais être officialisée par un communiqué du Vatican.

«Le Liban a reçu une lettre du Vatican l’informant officiellement de la décision de reporter la visite prévue du pape», a déclaré dans un communiqué le ministre du Tourisme Walid Nassar, qui préside la commission de préparation de cette visite, en évoquant des «raisons de santé».

Jusqu’à lundi après-midi, aucune source officielle libanaise ou vaticane n’avait voulu confirmer ou infirmer l’information obtenue dimanche soir par Ici Beyrouth. «Nous nous en tenons à ce qui émane officiellement du Vatican et nous en attendons le communiqué», a précisé à Ici Beyrouth un proche de la nonciature apostolique.  Cette référence au protocole du Vatican n’est pas sans rappeler la dérogation à ce même protocole en avril, par rien moins que la présidence libanaise. Celle-ci avait annoncé unilatéralement, via Twitter, une visite du pape à Beyrouth, en en fixant en outre la date à juin. Et cela, sans qu’aucune confirmation officielle n'en soit faite au préalable par le Saint-Siège, si bien que le porte-parole du Vatican a aussitôt publié une mise au point disant que la visite était "une hypothèse à l'étude". Seul le secrétaire pour les relations avec les États, l’archevêque Paul Richard Gallagher, avait annoncé en février aux membres du corps diplomatique accrédités auprès du Saint-Siège que le pape François pourrait se rendre au Liban avant la fin de l’année.

Ce faux-pas diplomatique de Michel Aoun avait été perçu par des observateurs étrangers basés au Vatican comme un moyen de faire pression sur le Saint-Siège par les voies médiatiques, pour que la visite du pape ait lieu en juin.

Le président Aoun paraissait parier en effet sur une telle visite pour se renflouer sur la scène chrétienne avant les législatives de mai et la présidentielle d’octobre. Une récupération qui aurait commencé d’ailleurs avec la visite au Vatican de Michel Aoun en mars dernier, de l’avis d’observateurs proches du Saint-Siège.


La démarche de la présidence libanaise avait également été interprétée comme un forcing diplomatique, presque «un acharnement», par lequel le Hezbollah entend faire le contrepoids au Vatican sur le dossier libanais au niveau international, analysait en substance pour Ici Beyrouth un acteur civil proche du Vatican.

C’est dans ce contexte que les milieux proches de la nonciature apostolique à Beyrouth invitent à situer le report de la visite du pape, par-delà les raisons de santé invoquées pour le justifier. Cet ajournement serait ainsi d’abord un moyen de répondre subtilement au faux pas protocolaire de Baabda, et ce que ce dernier sous-entend. «Le Vatican ne répond pas par des communiqués, mais par une action diplomatique habile: il s’agit de dire en l’occurrence que c'est à lui seul qu'il appartient de définir les conditions de la visite du pape», souligne une source libanaise proche du Saint-Siège. Cette visite est d'ailleurs pressentie par les proches de la nonciature non pas comme une visite d'État, mais comme une visite paroissiale. D'ailleurs, la visite de Michel Aoun au Vatican en mars avait été décrite comme "privée", donc non officielle, par les médias proches du Vatican. En effet, le nonce apostolique ne l'y avait pas accompagné comme c'est la coutume en cas de visite d'État.

Le report de la visite du pape François confirmerait dans ce cadre la solide volonté vaticane d’en empêcher toute récupération politique, comme n’ont de cesse de le répéter les milieux proches de la nonciature à Beyrouth.

«L’erreur protocolaire de la présidence et sa tentative de politiser le déplacement du pape, a poussé le Vatican à revoir celui-ci», souligne une source libanaise proche du Vatican. «Rien n’empêche qu’elle ait lieu éventuellement», ajoute-t-elle, en jugeant peu probable toutefois que ce soit avant l’automne. Un observateur sur place rapporte la plausibilité qu’une telle visite ait lieu en octobre.

Ce report renverrait aussi, à en croire une source proche du Saint-Siège, un message au siège patriarcal maronite, pour avoir paru ménager Baabda dans sa démarche, selon un proche de la nonciature.  Au final, comme le fait remarquer la même source, le Vatican a «intelligemment désamorcé la récupération politique et ecclésiastique, ainsi que la manipulation libanaise de cette visite».

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