Yoon Suk-yeol, nouveau président sud-coréen entre impopularité et nucléaire
©Le nouveau président sud-coréen Yoon Suk-yeol aux côtés de la Première dame Kim Kun-hee. (AFP)

La Corée du Sud a investi mardi son nouveau président Yoon Suk-yeol, qui a entamé son mandat de cinq ans en appelant la Corée du Nord à renoncer à son arsenal nucléaire en échange d'une aide économique massive, alors que les relations entre les deux voisins traversent une période de fortes tensions.


La Maison Bleue, ancien palais présidentiel en Corée du Sud, est désormais ouvert au public. (AFP)
"Dénucléarisation complète"

M. Yoon, un conservateur de 61 ans, arrive au pouvoir au moment où la Corée du Nord, de plus en plus belliqueuse, a mené depuis janvier une série record de quinze essais de missiles dont deux la semaine dernière. Séoul et Washington la soupçonnent aussi de vouloir reprendre prochainement ses essais nucléaires.Mardi à minuit, le nouveau chef de l'État a assisté à son premier briefing de commandant suprême des armées avec les responsables de l'état-major sud-coréen, dans le bunker situé sous ses bureaux. Après avoir prêté serment lors d'une cérémonie géante à Séoul, il a, dans son discours d'investiture, appelé la Corée du Nord à renoncer à l'arme atomique.

"Si la Corée du Nord s'engage véritablement dans un processus de dénucléarisation complète, nous présenterons un plan audacieux qui renforcera considérablement l'économie nord-coréenne et améliorera la qualité de vie de sa population", a-t-il promis.

Pour Park Won-gon, professeur à l'Université Ewha, l'offre de M. Yoon d'aider économiquement la Corée du Nord en échange d'un abandon de l'arme nucléaire est un concept "dépassé". "Depuis 2009, la Corée du Nord dit qu'elle ne renoncera pas à ses armes nucléaires contre des incitations économiques", explique M. Park à l'AFP ajoutant que "le commentaire de Yoon ne fera qu'énerver Pyongyang, qui prendra cela pour une attaque".
Faible popularité

Le président a promis une politique étrangère plus musclée pour son pays, la 10ème économie mondiale, après les tentatives ratées de rapprochement avec le Nord qui ont marqué le mandat de son prédécesseur Moon Jae-in. Dans la foulée de sa victoire électorale, M. Yoon s'était engagé à "traiter avec sévérité" la menace que représente le régime de Kim Jong Un.

Pendant sa campagne électorale, il avait traité Kim Jong Un de "garçon grossier", lançant aux électeurs: "si vous me donnez une chance, je lui apprendrai les bonnes manières". M. Yoon avait aussi appelé à une relation plus solide avec son allié américain. Le président Joe Biden est attendu en Corée du Sud fin mai.


Élu d'extrême justesse en mars, M. Yoon, ancien procureur novice en politique, prend ses fonctions avec un taux de popularité d'à peine 41%, un des plus bas de l'histoire de la démocratie sud-coréenne pour un début de mandat, selon un récent sondage Gallup. Alors que la cote de popularité de son prédécesseur de gauche Moon Jae-in est encore de 44%.

La principale raison de l'impopularité de M. Yoon semble être sa décision de déplacer le bureau présidentiel depuis la Maison Bleue, dans le Nord de Séoul, vers l'ancien ministère de la Défense dans le centre de la capitale. Ce déménagement hâtif et coûteux a heurté l'opinion publique. Ses détracteurs le jugent inutile et même dangereux pour la sécurité du président et du pays.

M. Yoon considère la Maison Bleue, un site utilisé par l'administration coloniale japonaise de 1910 à 1945, comme un "symbole du pouvoir impérial". Il soutient que le déménagement garantira une présidence plus démocratique. Les terrains de la Maison Bleue seront ouverts au public en tant que parc. Pendant la cérémonie d'investiture, des images de promeneurs déambulant dans l'enceinte autrefois interdite au public ont été diffusées en direct.

La cérémonie s'est déroulée devant l'Assemblée nationale, avec des fanfares de l'armée, des soldats en tenue de cérémonie, environ 40.000 invités et une salve de 21 coups de canon. Elle est de loin la plus onéreuse jamais organisée avec un budget de 3,3 milliards de wons (2,5 millions d'euros).

Avec AFP

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