Après que le secrétaire d’État américain, Antony Blinken et le Premier ministre italien Mario Draghi aient sondé l'Algérie comme piste dans la course aux hydrocarbures russes, le chef de la diplomatie russe Sergueï Lavrov a effectué mardi une visite à Alger. En cherchant à renforcer le "partenariat" avec cet allié de Moscou et exportateur gazier de plus en plus sollicité par les Européens, la Russie marque également son "arrière-cour" face aux Occidentaux.
Position "pondérée, objective et équilibrée"
L'Algérie, exportateur de gaz de premier plan, fournit environ 11% du gaz consommé en Europe, contre 47% pour la Russie. Plusieurs pays cherchant à réduire leur dépendance des livraisons russes depuis l'invasion de l'Ukraine se sont tournés vers l'Algérie, qui ne dispose que d'une capacité très limitée pour augmenter ses exportations.
Dans un apparent souci de ne pas se mettre à dos Moscou, l'Algérie répète aussi que ses capacités supplémentaires d'exportation ne sauraient se substituer au gaz russe. "La Russie, l'Algérie et les autres pays exportateurs du gaz nous estimons qu'il faut respecter les accords déjà conclus", a souligné M. Lavrov.
Le ministre russe s'est en outre félicité de la hausse des échanges commerciaux entre Alger et Moscou "qui ont atteint l'année dernière trois milliards de dollars malgré la pandémie du coronavirus". Il a affirmé avoir aussi évoqué avec ses interlocuteurs algériens le "renforcement de la coopération militaire et technique qui a des racines solides et de bonnes perspectives".
Lors de son entretien avec son homologue algérien, M Lavrov a affirmé que Moscou soutenait "l'initiative de nos amis algériens visant à élaborer un nouveau document stratégique interétatique qui sera le reflet de la nouvelle qualité du partenariat bilatéral", selon le ministère russe des affaires étrangères.
"Plus de politique étrangère" européenne
M. Lavrov s'en est par ailleurs violemment pris lors de sa conférence de presse au chef de la diplomatie de l'Union européenne (UE) Josep Borrell pour avoir proposé dans une interview au quotidien britannique Financial Times d'utiliser les actifs russes gelés pour reconstruire l'Ukraine
"On peut dire que c'est du vol qu'on n'essaie même pas de dissimuler", a affirmé M. Lavrov en réponse à une question au sujet de cette interview de M. Borrell. "Il ne devrait pas oublier qu'il est le diplomate en chef de l’UE, et non pas son chef militaire." "Mais peut-être que, bientôt, le poste de diplomate en chef de l'UE n'existera plus puisque l'UE n'a presque plus de politique étrangère car elle affiche sa solidarité entière avec la politique imposée par les États-Unis", a-t-il ajouté.
La visite de M. Lavrov en Algérie, sa première depuis janvier 2019, coïncide avec le 60e anniversaire de l'établissement des relations diplomatiques entre la Russie et l'Algérie.
Avec AFP
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