Le dollar toujours plus haut
La livre a poursuivi sa chute mercredi à plus de 27.000 LL contre un dollar, alors que son taux officiel demeure fixé à 1.507 livres. La livre libanaise, très volatile se déprécie tous les jours sur fond d’élections législatives et d’une pénurie de devises à la Banque du Liban.

Le dollar a poursuivi sa hausse mercredi face à la livre libanaise faisant craindre aux Libanais un nouveau rebond et une augmentation sans plafond qui entraînerait un surcroît de cherté de vie, déjà insupportable pour la plupart des citoyens.

Pour Nassib Ghobril, chef économiste de la banque Byblos, cette hausse du taux du dollar sur le marché parallèle n’est pas due à un changement ou un développement économique dans le pays ou encore à une augmentation de la demande en dollars.

Il estime que les besoins électoraux ont augmenté ce taux. «À cause des élections qui se dérouleront dimanche, certains partis veulent couvrir leurs dépenses électorales. Étant très proches de l’échéance, ils ont besoin d’argent. Je pense que des partis ont essayé de couvrir ces frais à travers la manipulation du taux de change sur le marché parallèle, qui n’est ni transparent ni régulé. De plus, il n’est pas difficile de le manipuler», déplore M. Ghobril.

Pressions sur Sayrafa


De son côté Fouad Zmokhol, président du Midel, estime que le taux du dollar a augmenté parce qu’il existe beaucoup de pressions sur la plateforme Sayrafa. «En effet, les banques commerciales n’arrivent pas à échanger leurs livres libanaises contre des dollars conformément à la circulaire 161 de la BDL (qui leur permet de dispenser des dollars à leurs clients à partir de leurs comptes en livres au taux de conversion en vigueur sur la plateforme Sayrafa gérée par la Banque centrale). Comme les banques ont été extrêmement timides ces deux jours sur Sayrafa, donc automatiquement le taux du marché parallèle va augmenter. Est-ce que Sayrafa a été timide à cause des élections? Difficile de l’affirmer pour l’instant. Est-ce que Sayrafa va continuer la semaine prochaine? Cela aussi nous ne pouvons pas le savoir. Mais il est normal que le taux augmente parce que les banques n’arrivent plus à assurer le transfert à travers Sayrafa. Elles envoient les livres libanaises à la BDL, qui ne leur donne pas des dollars frais en échange comme le stipule la circulaire 161», explique-t-il.

Une politique d’injection qui devra s’arrêter

Des experts révélaient il y a quelque temps que les réserves monétaires de la Banque du Liban ont baissé d’un peu moins de 900 millions de dollars ces derniers mois pour atteindre officiellement 12 milliards de dollars, soit moins que les réserves obligatoires. Si on soustrait aussi les 4 milliards de dollars de fonds que la Banque centrale doit, les réserves de la BDL ne seraient plus que de 8 milliards de dollars. Du coup, la politique d’injection de liquidités ne pourra pas se poursuivre après les élections législatives de mai 2022, sauf en cas d’accord avec le FMI et du déblocage des fonds. Cette situation est maintenue pour donner un peu de crédit au pouvoir en place. Autrement, le taux du dollar bondira, à moins que la nouvelle équipe ne prenne assez vite des mesures économiques et financières qui redonneront une certaine confiance.

Ce qui est sûr, c'est que le peuple en a ras-le-bol de ces fluctuations et de cette dépréciation de la livre libanaise qui l’entraînent tous les jours un peu plus aux confins de la misère.
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