L’ONU met en garde contre un «État défaillant»
Selon un rapport préparé par le rapporteur des Nations unies pour l’extrême pauvreté et les droits de l’homme, Olivier De Schutter, les autorités politiques et financières sont responsables de la crise économique sans précédent qui a plongé la majorité des Libanais dans la pauvreté. Dans son rapport, il appelle les dirigeants à «changer de cap».



Les autorités politiques et financières sont responsables de la crise économique sans précédent qui a plongé des millions de Libanais dans une pauvreté injustifiée. C’est ce qui ressort du rapport préparé par le rapporteur spécial des Nations unies sur l’extrême pauvreté et les droits de l’homme, Olivier De Schutter, après la visite effectuée en novembre dernier au Liban pour évaluer les répercussions de la crise économique qui sévit depuis 2019 et rendu public mercredi.

«L’impunité, la corruption et les inégalités structurelles ont été intégrées dans un système politique et économique vénal conçu pour faire échouer ceux qui sont au bas de l’échelle, mais il n’est pas nécessaire qu’il en soit ainsi», a déclaré M. De Schutter, soulignant que «l’establishment politique était au courant du cataclysme imminent depuis des années, mais n’a pas fait grand-chose pour l’éviter».


Neuf personnes sur dix ont du mal à subvenir à leurs besoins en raison de leurs faibles revenus et plus de six personnes sur dix quitteraient le pays si elles le pouvaient, selon le document. «La crise économique aurait pu être évitée, (…) elle a été provoquée par des politiques gouvernementales défaillantes», critique l’expert onusien.

«Les dirigeants politiques sont complètement déconnectés de la réalité, y compris du désespoir qu’ils ont créé en détruisant la vie des gens, a dénoncé l’expert onusien. Le Liban est également l’un des pays les plus inégalitaires au monde, mais les dirigeants semblent au mieux ignorer cela et au pire se sentir à l’aise avec cela.»

Constatant un sérieux manque de mécanismes solides de protection sociale, M. De Schutter a fait remarquer que «dans l’état actuel des choses, c’est un système qui protège les riches tout en laissant les familles pauvres se débrouiller seules». Or, il estime que «la misère infligée à la population peut être inversée à travers un leadership qui place la justice sociale, la transparence et la responsabilité, au cœur de ses actions».

À quelques jours des législatives du 15 mai, il a appelé le nouveau gouvernement à s’engager à améliorer son bilan en matière de droits de l’homme dans tous les domaines, en réduisant les inégalités, en luttant contre la corruption et l’impunité, en mettant en place des systèmes de protection sociale, d’éducation et de santé solides et résilients, et en plaçant les intérêts du public au-dessus des bénéfices du secteur privé.
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