La pièce de théâtre Change Ô fileur, mise en scène par Jana Al Hassan, a achevé sa tournée libanaise le 11 mai, à la Salle Montaigne de l’Institut français à Beyrouth.
Le titre Change Ô fileur, en arabe Ghayyer Ya Ghzayyel, s’inspire d’une chanson libanaise populaire, Mayyel Ya Ghzayyel. Jana Hassan a réécrit cette complainte amoureuse, transformant les paroles en discours politique. En cette période préélectorale, la pièce, adaptée de l'oeuvre du dramaturge italien Dario Fo, appelle au changement de la classe politique, montrant dans une mise-en-scène burlesque, servie par Qassem Istambuli, Hamza Nadr, Lara Hajj et Noura Houssameddin, un peuple spolié qui se met à voler pour manger.
Jana Hassan (Crédits : Pascale Abdallah
Un théâtre populaire
Jana Al Hassan produit des spectacles depuis trente années, dans le cadre de son activité d’enseignante d’arts dramatiques à l’Université libanaise. Ses nombreux travaux, réalisés avec les diplômés, ont défini un style qui a marqué son empreinte à l’Académie des beaux-arts et de l’audiovisuel deux ans après son départ en retraite. Dans une interview avec Ici Beyrouth, elle raconte: «Un de mes anciens élèves, Qassem Istambuli, a ouvert le Théâtre national libanais à Tyr et m’a proposé de travailler avec lui comme conseillère culturelle, parce que son public est plus populaire qu’à Beyrouth.»
Change Ô fileur s’inspire de la tradition orale de la Comedia Del’Arte italienne, plus précisément de la pièce Nous ne pouvons plus payer, Nous n’allons pas payer de l’auteur, dramaturge, metteur-en-scène et acteur Dario Fo, dont les productions sont principalement basées sur l’improvisation. «Ce qui m’a plu dans ce texte, c’est qu’il a été écrit en 1974 après l’inflation économique de 1970 en Italie. J’ai trouvé la situation très similaire à ce que vit le Liban», poursuit Jana Al Hassan.
Le rapport pouvoir-peuple inversé?
Jana Al Hassan a réécrit ce texte en dialecte libanais, en l’harmonisant avec le contexte. Le spectacle dépeint la relation entre le pouvoir, incarné par la police, et les gens du peuple, représentés par deux couples du prolétariat ouvrier. «La femme populaire, grâce à son habilité, son intelligence et son intuition, trouve toujours des solutions. Elle a le pouvoir de revendiquer, de ne pas faire ce qu’on lui demande si elle n’obtient pas ses droits. J’ai voulu lui donner un rôle important sur scène», explique Jana.
Jana Hassan (Crédits : Pascale Abdallah)
Deux femmes du peuple, incarnées par ses anciennes étudiantes, Lara Hajj et Noura Houssameddin, parlent de leurs anxiétés, de leur difficulté à joindre les deux bouts suite à l’inflation et la perte de leur emploi. Dans l’incapacité de les payer, elles se mettent à piquer les produits sur les étagères de la supérette et à les cacher sous leurs vêtements. Toutes les femmes du quartier tombent ainsi enceintes d’un jour à l’autre, et la police débarque à leurs domiciles respectifs pour tenter de retrouver les objets cachés.
«C’est une farce, une comédie face à la tragédie humaine. Il y a toujours ce sourire moqueur devant la misère chez Dario Fo, ces frénésies, ces fantasmes… J’ai par ailleurs introduit quelques éléments de la mythologie libanaise, tels l’espoir de Sainte Sarah, la patience de Saint Georges. (…) Je cherche à faire revivre les textes à travers le corps des acteurs et des actrices. Je me base toujours sur des livres déjà existants car je ne me fie pas aux textes. Nous n’avons pas su écrire le théâtre au Moyen-Orient. Hormis les traductions, rares sont les beaux textes. Je prends donc le livre original pour écrire un autre texte. Pour cela, j’étudie ce qui m’entoure: le contexte, les corps, les besoins, les désirs, et ce, en collaboration avec les acteurs. Ce rapport humain est très important. Ce texte avait été écrit pour le passé, alors je l’ai réécrit pour le futur, pour un autre futur.»
Le titre Change Ô fileur, en arabe Ghayyer Ya Ghzayyel, s’inspire d’une chanson libanaise populaire, Mayyel Ya Ghzayyel. Jana Hassan a réécrit cette complainte amoureuse, transformant les paroles en discours politique. En cette période préélectorale, la pièce, adaptée de l'oeuvre du dramaturge italien Dario Fo, appelle au changement de la classe politique, montrant dans une mise-en-scène burlesque, servie par Qassem Istambuli, Hamza Nadr, Lara Hajj et Noura Houssameddin, un peuple spolié qui se met à voler pour manger.
Jana Hassan (Crédits : Pascale Abdallah
Un théâtre populaire
Jana Al Hassan produit des spectacles depuis trente années, dans le cadre de son activité d’enseignante d’arts dramatiques à l’Université libanaise. Ses nombreux travaux, réalisés avec les diplômés, ont défini un style qui a marqué son empreinte à l’Académie des beaux-arts et de l’audiovisuel deux ans après son départ en retraite. Dans une interview avec Ici Beyrouth, elle raconte: «Un de mes anciens élèves, Qassem Istambuli, a ouvert le Théâtre national libanais à Tyr et m’a proposé de travailler avec lui comme conseillère culturelle, parce que son public est plus populaire qu’à Beyrouth.»
Change Ô fileur s’inspire de la tradition orale de la Comedia Del’Arte italienne, plus précisément de la pièce Nous ne pouvons plus payer, Nous n’allons pas payer de l’auteur, dramaturge, metteur-en-scène et acteur Dario Fo, dont les productions sont principalement basées sur l’improvisation. «Ce qui m’a plu dans ce texte, c’est qu’il a été écrit en 1974 après l’inflation économique de 1970 en Italie. J’ai trouvé la situation très similaire à ce que vit le Liban», poursuit Jana Al Hassan.
Le rapport pouvoir-peuple inversé?
Jana Al Hassan a réécrit ce texte en dialecte libanais, en l’harmonisant avec le contexte. Le spectacle dépeint la relation entre le pouvoir, incarné par la police, et les gens du peuple, représentés par deux couples du prolétariat ouvrier. «La femme populaire, grâce à son habilité, son intelligence et son intuition, trouve toujours des solutions. Elle a le pouvoir de revendiquer, de ne pas faire ce qu’on lui demande si elle n’obtient pas ses droits. J’ai voulu lui donner un rôle important sur scène», explique Jana.
Jana Hassan (Crédits : Pascale Abdallah)
Deux femmes du peuple, incarnées par ses anciennes étudiantes, Lara Hajj et Noura Houssameddin, parlent de leurs anxiétés, de leur difficulté à joindre les deux bouts suite à l’inflation et la perte de leur emploi. Dans l’incapacité de les payer, elles se mettent à piquer les produits sur les étagères de la supérette et à les cacher sous leurs vêtements. Toutes les femmes du quartier tombent ainsi enceintes d’un jour à l’autre, et la police débarque à leurs domiciles respectifs pour tenter de retrouver les objets cachés.
«C’est une farce, une comédie face à la tragédie humaine. Il y a toujours ce sourire moqueur devant la misère chez Dario Fo, ces frénésies, ces fantasmes… J’ai par ailleurs introduit quelques éléments de la mythologie libanaise, tels l’espoir de Sainte Sarah, la patience de Saint Georges. (…) Je cherche à faire revivre les textes à travers le corps des acteurs et des actrices. Je me base toujours sur des livres déjà existants car je ne me fie pas aux textes. Nous n’avons pas su écrire le théâtre au Moyen-Orient. Hormis les traductions, rares sont les beaux textes. Je prends donc le livre original pour écrire un autre texte. Pour cela, j’étudie ce qui m’entoure: le contexte, les corps, les besoins, les désirs, et ce, en collaboration avec les acteurs. Ce rapport humain est très important. Ce texte avait été écrit pour le passé, alors je l’ai réécrit pour le futur, pour un autre futur.»
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