Il faut parfois se rendre à l’évidence et appeler les choses par leur nom. L’attitude de la procureure du Mont Liban Ghada Aoun est devenue un cas d’école. Un exemple de ce que certains dans les milieux judiciaires qualifient d’antithèse de la déontologie… Une déontologie qui devrait marquer le comportement d’un magistrat, non seulement dans l’exercice de ses fonctions, mais également dans sa vie privée… Car à bien des égards, lorsqu’on est juge, la ligne de conduite en société, dans le vécu quotidien, pourrait avoir une incidence sur le volet professionnel et donc altérer la vision, censée être impartiale, d’une situation donnée.
Défoncer à coups de pieds, manu militari, l’entrée principale d’une société privée, haranguer des «partisans» rassemblés sur la place publique, se lancer dans des polémiques sur les réseaux sociaux, appeler sur son compte twitter à un «soulèvement des magistrats honnêtes» (sic !), faire fi d’une décision de son supérieur hiérarchique, se promener allègrement dans les rues de Paris avec un candidat aux élections législatives au passé sulfureux, s’afficher dans un lieu public avec cette même personnalité qui affirme que la procureure en question est son «invitée» dans la Ville lumière, participer à un colloque aux côtés du fondateur d’une ONG qui est partie prenante dans une procédure judiciaire dont on a la charge, accepter l’invitation à un dîner payant au cours duquel on intervient pour évoquer des affaires en cours dans le pays… Cela fait un peu trop, en peu de temps, dans l’attitude de Ghada Aoun pour ne pas accréditer la théorie de l’antithèse de la déontologie dans la ligne de conduite de la Procureure.
Une précision préliminaire s’impose, d’entrée de jeu, sur ce plan. Il n’y a pas au Liban un code écrit de déontologie dans le domaine de la magistrature. Il existe par contre un comportement déontologique, un état d’esprit en quelque sorte, que les magistrats intègres – et profondément conscients de leur lourde responsabilité – ont toujours observé et respecté religieusement.
« C’est par son comportement que le magistrat peut inspirer confiance, relève à ce sujet Hassan Rifaat, ancien directeur général du ministère de la Justice et ancien président de l’Inspection judiciaire. La Justice est une question de confiance, ce n’est pas une équation mathématique. Le magistrat doit être un exemple pour autrui et susciter la confiance du justifiable. Il s’agit de convaincre que nous sommes justes ».
Le « comportement » : tel est le mot-clé qui est au centre de la déontologie dont doit faire preuve tout magistrat, souligne Hassan Rifaat. Le comportement social, entre autres, dans la vie quotidienne, dans la ligne de conduite au jour le jour. Dans la pratique, nombre de magistrats, dont notamment Hassan Rifaat, refusaient même systématiquement les réceptions, les invitations à diner et à déjeuner, afin de ne pas risquer que les relations sociales aient, avec le temps, un impact sur le jugement et les décisions du magistrat.
Hassan Rifaat ajoute dans ce cadre que le magistrat se doit d’adopter une position de recul, d’éviter toute attitude qui pourrait être perçue comme du « copinage ». Il rapporte, pour illustrer son propos, le cas de l’un de ses professeurs de droit civil à la faculté de droit de l’Université Saint-Joseph, le Professeur Arène, qui s’abstenait de saluer en public un avocat qu’il croisait sur son chemin afin d’éviter qu’une éventuelle poignée de main soit interprétée comme le signe d’une relation d’amitié, ce qui ne manquerait pas de porter préjudice au sentiment de confiance et d’impartialité que le magistrat se doit d’inspirer.
« Le magistrat doit imposer le respect par son comportement, par sa vie personnelle, voire sa tenue, ajoute Hassan Rifaat. C’est le comportement qui apportera au justifiable la preuve que le magistrat est digne de confiance. Tout comportement qui donne la perception que le magistrat a un parti pris en faveur de l’une des deux parties en conflit est un comportement fautif », affirme Hassan Rifaat.
Ces principes d’ordre éthique et moral font toute la différence entre un Etat de droit et un semblant de caricature de mini Etat milicien à la posture douteuse et obscure, comme l’illustre la ligne de conduite de Ghada Aoun, fondée sur le « n’importe quoi » qui dépasse tout entendement.
Défoncer à coups de pieds, manu militari, l’entrée principale d’une société privée, haranguer des «partisans» rassemblés sur la place publique, se lancer dans des polémiques sur les réseaux sociaux, appeler sur son compte twitter à un «soulèvement des magistrats honnêtes» (sic !), faire fi d’une décision de son supérieur hiérarchique, se promener allègrement dans les rues de Paris avec un candidat aux élections législatives au passé sulfureux, s’afficher dans un lieu public avec cette même personnalité qui affirme que la procureure en question est son «invitée» dans la Ville lumière, participer à un colloque aux côtés du fondateur d’une ONG qui est partie prenante dans une procédure judiciaire dont on a la charge, accepter l’invitation à un dîner payant au cours duquel on intervient pour évoquer des affaires en cours dans le pays… Cela fait un peu trop, en peu de temps, dans l’attitude de Ghada Aoun pour ne pas accréditer la théorie de l’antithèse de la déontologie dans la ligne de conduite de la Procureure.
Une précision préliminaire s’impose, d’entrée de jeu, sur ce plan. Il n’y a pas au Liban un code écrit de déontologie dans le domaine de la magistrature. Il existe par contre un comportement déontologique, un état d’esprit en quelque sorte, que les magistrats intègres – et profondément conscients de leur lourde responsabilité – ont toujours observé et respecté religieusement.
« C’est par son comportement que le magistrat peut inspirer confiance, relève à ce sujet Hassan Rifaat, ancien directeur général du ministère de la Justice et ancien président de l’Inspection judiciaire. La Justice est une question de confiance, ce n’est pas une équation mathématique. Le magistrat doit être un exemple pour autrui et susciter la confiance du justifiable. Il s’agit de convaincre que nous sommes justes ».
Le « comportement » : tel est le mot-clé qui est au centre de la déontologie dont doit faire preuve tout magistrat, souligne Hassan Rifaat. Le comportement social, entre autres, dans la vie quotidienne, dans la ligne de conduite au jour le jour. Dans la pratique, nombre de magistrats, dont notamment Hassan Rifaat, refusaient même systématiquement les réceptions, les invitations à diner et à déjeuner, afin de ne pas risquer que les relations sociales aient, avec le temps, un impact sur le jugement et les décisions du magistrat.
Hassan Rifaat ajoute dans ce cadre que le magistrat se doit d’adopter une position de recul, d’éviter toute attitude qui pourrait être perçue comme du « copinage ». Il rapporte, pour illustrer son propos, le cas de l’un de ses professeurs de droit civil à la faculté de droit de l’Université Saint-Joseph, le Professeur Arène, qui s’abstenait de saluer en public un avocat qu’il croisait sur son chemin afin d’éviter qu’une éventuelle poignée de main soit interprétée comme le signe d’une relation d’amitié, ce qui ne manquerait pas de porter préjudice au sentiment de confiance et d’impartialité que le magistrat se doit d’inspirer.
« Le magistrat doit imposer le respect par son comportement, par sa vie personnelle, voire sa tenue, ajoute Hassan Rifaat. C’est le comportement qui apportera au justifiable la preuve que le magistrat est digne de confiance. Tout comportement qui donne la perception que le magistrat a un parti pris en faveur de l’une des deux parties en conflit est un comportement fautif », affirme Hassan Rifaat.
Ces principes d’ordre éthique et moral font toute la différence entre un Etat de droit et un semblant de caricature de mini Etat milicien à la posture douteuse et obscure, comme l’illustre la ligne de conduite de Ghada Aoun, fondée sur le « n’importe quoi » qui dépasse tout entendement.
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