Le Hezbollah veille à garantir le maintien de la démobilisation de la base électorale sunnite et aurait déjà versé à cette fin un million de livres libanaises à mille électeurs sunnites de Baalbeck et de ses environs afin qu’ils remettent leur carte d’identité au parti chiite qui la leur restituera au lendemain des élections. Cette démarche aurait été menée par un responsable des Brigades de la résistance, en coopération avec un coordinateur local du courant du Futur.
La circonscription de Baalbeck-Hermel (Békaa III), bastion du Hezbollah, a vu la bataille contre ce parti prendre forme principalement à travers deux listes : la liste des Forces libanaises qui se sont alliées au cheikh chiite Abbas el-Jawhari avec le soutien tacite de l’ancien Premier ministre Fouad Siniora (la liste de l’Edification de l’Etat), d’une part, et une liste qui se revendique de la thawra, constituée autour d’acteurs chiites indépendants (la liste de La coalition du changement), de l’autre. Trois autres listes sont en lice, mais sans poids : une liste incomplète formée in extremis par le groupe Citoyens et citoyennes dans un Etat de Charbel Nahas, la liste "Indépendants contre la corruption" incluant des candidats chiites, comme Hassan Mazloum, connu par les locaux pour son habitude à se porter candidat conformément aux vœux du Hezbollah pour éparpiller l’opposition, une liste jugée radicale qui se revendique des tribus mais sans en être représentative.
Les deux listes des Forces Libanaises et de La coalition du changement n’ont pas pu s’unifier de manière à optimiser leurs chances face au Hezbollah, et cela pour plusieurs raisons : le refus ferme de groupes se réclamant de la thawra, comme Sabaa et Watani, de s’allier avec les FL, en tant que parti traditionnel ; mais aussi une attitude des FL critiquée par des opposants chiites indépendants, pour chercher à monopoliser une opposition censée être transcommunautaire afin d'être plus efficace face au Hezbollah, qui plus est dans une circonscription à majorité chiite écrasante (251.417 chiites sur un total de 341.263), et de faire le choix de colistiers jugés douteux, comme le cheikh Abbas al-Jawhari, critiqué par une partie de l’opposition au Hezbollah.
Résultat: les deux listes ne pourront espérer qu’une seule percée. Celle-ci serait favorable à la liste FL plutôt qu’à la liste de la thawra, tendent à spéculer la plupart des observateurs.
Deux percées en 2018
La liste des FL met le plus en avant sa position contre le parti chiite, par la voix notamment de son candidat au siège maronite, le député sortant Antoine Habchi –même si la liste de la thawra inclut certaines figures intègres de l’opposition chiite qui affiche des positions claires contre le Hezbollah.
La plupart des colistiers chiites de Antoine Habchi se sont retirés de la course en partie sous le coup de pressions exercées par le Hezbollah, que confirment des sources concordantes. Seuls deux candidats chiites, en plus du cheikh el-Jawhari sont toujours sur la liste: Hussein Raad et Rachid Issa. Le premier avait été roué de coups à moins de deux semaines du scrutin national, alors qu’il présentait ses condoléances dans la husseiniyé de la famille Raad à Baalbeck pour le décès de la mère d’un responsable du Hezbollah. « C’est l’une des méthodes du Hezbollah de faire pression sur un opposant à travers sa famille, en retournant ses proches contre lui », relève un notable de Baalbeck.
En 2018, une liste formée par des chiites indépendants, présidée par l’ancien député Yehya Chamas, et alliant Courant du Futur et Forces libanaises, avait réalisé deux percées au niveau des sièges sunnite et chrétien. Pour un seuil électoral de 18.707, la liste avait recueilli 35.607 voix en partie grâce à Yehya Chamas qui a obtenu 6658 votes préférentiels et Antoine Habchi avec 14.858 votes préférentiels.
Le courant du Futur avait mobilisé près de 10.000 voix en faveur des deux candidats sunnites ; le candidat de Ersal, Baker Houjeiry, avait fini par percer, avec Antoine Habchi.
Démobilisation sunnite
Cette année, le retrait politique du chef du courant du Futur, Saad Hariri, a eu raison des motivations de l’électorat sunnite, déjà désabusé en 2018, pour voter. De deux sources sunnites indépendantes, on apprend que le Hezbollah veille à garantir le maintien de cette démobilisation et aurait déjà versé à cette fin un million de livres libanaises à mille électeurs sunnites de Baalbeck et de ses environs afin qu’ils remettent leur carte d’identité au parti chiite qui la leur restituera au lendemain des élections. Cette démarche aurait été menée par un responsable des Brigades de la résistance (branche non chiite du Hezbollah, essentiellement sunnite), en coopération avec un coordinateur local du courant du Futur, ajoute un notable sunnite.
Ce qui veut dire que le Hezbollah et le courant du Futur ont tous deux intérêt à éviter que le vote sunnite ne soit donné à l’opposition, en l’occurrence la liste des Forces libanaises.
Si celle-ci a des chances d’effectuer une percée, ce serait naturellement au niveau d’un siège non chiite : soit maronite, soit sunnite.
Une percée qui sera tributaire surtout de la manière avec laquelle le Hezbollah modulera la répartition des votes préférentiels sur sa liste, favorisant par défaut un candidat ou un autre sur la liste rivale. Ainsi, s’il décide par exemple de concentrer une partie des votes préférentiels chiites en faveur du candidat maronite sur sa liste, il rendra très difficile une percée au niveau du siège maronite.
Certains spéculent d’ores-et-déjà que le candidat de Ersal pour le siège sunnite sur la liste des FL, Zeidan el-Houjeiri, pourrait être favorisé par défaut au détriment de Antoine Habchi.
Cela demeure de l’ordre des spéculations, sachant que le candidat partisan du Courant patriotique libre que le Hezbollah a choisi de retenir de manière inédite sur sa liste est le grec-catholique et non le maronite, ce dernier étant seulement sympathisant du CPL.
La circonscription de Baalbeck-Hermel (Békaa III), bastion du Hezbollah, a vu la bataille contre ce parti prendre forme principalement à travers deux listes : la liste des Forces libanaises qui se sont alliées au cheikh chiite Abbas el-Jawhari avec le soutien tacite de l’ancien Premier ministre Fouad Siniora (la liste de l’Edification de l’Etat), d’une part, et une liste qui se revendique de la thawra, constituée autour d’acteurs chiites indépendants (la liste de La coalition du changement), de l’autre. Trois autres listes sont en lice, mais sans poids : une liste incomplète formée in extremis par le groupe Citoyens et citoyennes dans un Etat de Charbel Nahas, la liste "Indépendants contre la corruption" incluant des candidats chiites, comme Hassan Mazloum, connu par les locaux pour son habitude à se porter candidat conformément aux vœux du Hezbollah pour éparpiller l’opposition, une liste jugée radicale qui se revendique des tribus mais sans en être représentative.
Les deux listes des Forces Libanaises et de La coalition du changement n’ont pas pu s’unifier de manière à optimiser leurs chances face au Hezbollah, et cela pour plusieurs raisons : le refus ferme de groupes se réclamant de la thawra, comme Sabaa et Watani, de s’allier avec les FL, en tant que parti traditionnel ; mais aussi une attitude des FL critiquée par des opposants chiites indépendants, pour chercher à monopoliser une opposition censée être transcommunautaire afin d'être plus efficace face au Hezbollah, qui plus est dans une circonscription à majorité chiite écrasante (251.417 chiites sur un total de 341.263), et de faire le choix de colistiers jugés douteux, comme le cheikh Abbas al-Jawhari, critiqué par une partie de l’opposition au Hezbollah.
Résultat: les deux listes ne pourront espérer qu’une seule percée. Celle-ci serait favorable à la liste FL plutôt qu’à la liste de la thawra, tendent à spéculer la plupart des observateurs.
Deux percées en 2018
La liste des FL met le plus en avant sa position contre le parti chiite, par la voix notamment de son candidat au siège maronite, le député sortant Antoine Habchi –même si la liste de la thawra inclut certaines figures intègres de l’opposition chiite qui affiche des positions claires contre le Hezbollah.
La plupart des colistiers chiites de Antoine Habchi se sont retirés de la course en partie sous le coup de pressions exercées par le Hezbollah, que confirment des sources concordantes. Seuls deux candidats chiites, en plus du cheikh el-Jawhari sont toujours sur la liste: Hussein Raad et Rachid Issa. Le premier avait été roué de coups à moins de deux semaines du scrutin national, alors qu’il présentait ses condoléances dans la husseiniyé de la famille Raad à Baalbeck pour le décès de la mère d’un responsable du Hezbollah. « C’est l’une des méthodes du Hezbollah de faire pression sur un opposant à travers sa famille, en retournant ses proches contre lui », relève un notable de Baalbeck.
En 2018, une liste formée par des chiites indépendants, présidée par l’ancien député Yehya Chamas, et alliant Courant du Futur et Forces libanaises, avait réalisé deux percées au niveau des sièges sunnite et chrétien. Pour un seuil électoral de 18.707, la liste avait recueilli 35.607 voix en partie grâce à Yehya Chamas qui a obtenu 6658 votes préférentiels et Antoine Habchi avec 14.858 votes préférentiels.
Le courant du Futur avait mobilisé près de 10.000 voix en faveur des deux candidats sunnites ; le candidat de Ersal, Baker Houjeiry, avait fini par percer, avec Antoine Habchi.
Démobilisation sunnite
Cette année, le retrait politique du chef du courant du Futur, Saad Hariri, a eu raison des motivations de l’électorat sunnite, déjà désabusé en 2018, pour voter. De deux sources sunnites indépendantes, on apprend que le Hezbollah veille à garantir le maintien de cette démobilisation et aurait déjà versé à cette fin un million de livres libanaises à mille électeurs sunnites de Baalbeck et de ses environs afin qu’ils remettent leur carte d’identité au parti chiite qui la leur restituera au lendemain des élections. Cette démarche aurait été menée par un responsable des Brigades de la résistance (branche non chiite du Hezbollah, essentiellement sunnite), en coopération avec un coordinateur local du courant du Futur, ajoute un notable sunnite.
Ce qui veut dire que le Hezbollah et le courant du Futur ont tous deux intérêt à éviter que le vote sunnite ne soit donné à l’opposition, en l’occurrence la liste des Forces libanaises.
Si celle-ci a des chances d’effectuer une percée, ce serait naturellement au niveau d’un siège non chiite : soit maronite, soit sunnite.
Une percée qui sera tributaire surtout de la manière avec laquelle le Hezbollah modulera la répartition des votes préférentiels sur sa liste, favorisant par défaut un candidat ou un autre sur la liste rivale. Ainsi, s’il décide par exemple de concentrer une partie des votes préférentiels chiites en faveur du candidat maronite sur sa liste, il rendra très difficile une percée au niveau du siège maronite.
Certains spéculent d’ores-et-déjà que le candidat de Ersal pour le siège sunnite sur la liste des FL, Zeidan el-Houjeiri, pourrait être favorisé par défaut au détriment de Antoine Habchi.
Cela demeure de l’ordre des spéculations, sachant que le candidat partisan du Courant patriotique libre que le Hezbollah a choisi de retenir de manière inédite sur sa liste est le grec-catholique et non le maronite, ce dernier étant seulement sympathisant du CPL.
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