Face aux agressions du Hezbollah, l’inertie de l’État
En l’espace de quelques secondes dimanche matin, les agents de l’ordre avaient battu, traîné par terre et arrêté un jeune homme qui avait insulté le président Michel Aoun à son arrivée au bureau de vote de Haret Hreik, dans la banlieue sud de Beyrouth, où il devait accomplir son devoir d’électeur. À 11h, les agressions des délégués du Hezbollah contre leurs camarades de listes adverses et les violations dont ils se sont rendus responsables se succédaient sans que les autorités ne bronchent.



Tôt le matin, des délégués du Hezbollah ont chassé de plusieurs villages de la circonscription de Baalbeck-Hermel, notamment Riha et Knayssé des candidats de la liste des Forces libanaises de certains bureaux de vote. À Riha, une déléguée FL a été littéralement agressée par des partisans de la formation chiite qui ont interdit aux représentants du candidat chiite de cette liste, Abbas Jawhari, de retourner dans les bureaux de vote où seuls, désormais, les représentants du Hezbollah trônent en maîtres absolus d’un scrutin qui commence à être entaché d’irrégularités.

Pourtant, l’armée et les Forces de sécurité intérieure sont déployées en force depuis samedi autour des centres de vote sur l’ensemble du territoire national, afin d’assurer la sécurité des électeurs, des délégués et des candidats, et de garantir la régularité du scrutin. L’inertie des agents de l’ordre face aux exactions des partisans du Hezbollah a été dénoncée par Antoine Habchi, candidat FL à Baalbeck-Hermel. «L’armée se trouve incapable d’assumer son rôle», a-t-il lancé dans une déclaration à Deir el-Ahmar, en soulignant que cette circonscription «est sortie actuellement du cadre de l’État».


Un peu plus tard, c’est dans la circonscription Sud I (Saïda-Jezzine) notamment dans le village de Kfarhouna que des délégués des Forces libanaises ont été agressés par des partisans du tandem Amal Hezbollah. Ces derniers se sont rués sur la tente des FL dressée devant un bureau de vote, l’ont arrachée et saccagé son contenu avant d’en chasser les délégués du parti de Samir Geagea, qui, face à l’inertie des forces de l’ordre, en a appelé au chef du gouvernement et au ministre de l’Intérieur, Bassam Maoulaoui, leur demandant d’intervenir, notamment pour que ses délégués soient réintégrés dans les bureaux de vote. Selon M. Geagea, plus de cinquante personnes ont attaqué la tente.

À Zahlé, le même schéma devait se répéter non loin d’un bureau de vote, sans que les forces de l’ordre n’interviennent. Ce n’est qu’à Mazraat as-Siyed à Jbeil, que l’armée a empêché des partisans du Hezbollah d’agresser des délégués des Forces libanaises, les obligeant à sortir du bureau du vote.

Le Hezbollah qui n’a pas arrêté durant sa campagne électorale de souligner à quel point ce scrutin est important pour le camp qu’il dirige – et qui compte parmi ses principales composantes le CPL fondé par le président Michel Aoun, et le mouvement Amal du président de la Chambre Nabih Berry – semble déterminé à arracher coûte que coûte à ses adversaires, c’est-à-dire par la force, le maximum de sièges parlementaires, portant ainsi un véritable coup au processus démocratique dont se vantait la veille, les pôles du pouvoir.
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