La France a lancé une remarquable initiative : celle de faire appel à tous les orchestres de France pour recueillir des musiciennes ukrainiennes, appel largement entendu. Aujourd’hui, grâce à une initiative inédite de la Philharmonie de Paris, elles renouent avec le bonheur de jouer dans un orchestre.
Une quinzaine d’entre elles sont déjà installées dans des phalanges (orchestres philharmoniques de musique classique) de l’Hexagone, de Paris à Lyon en passant par Metz ou Lille, avec comme objectif d’en aider une quarantaine. Des musiciennes seulement, les hommes étant réquisitionnés pour la guerre. Parmi elles, Natalia Ivanovska qui a laissé son violoncelle chez ses parents à Lviv, trop dangereux à transporter. Il y a quelques semaines, la Philharmonie lançait un appel à tous les orchestres de France pour accueillir des musiciennes ukrainiennes.
À 25 ans, Natalia Ivanovska, qui jouait au sein de l’orchestre d’Odessa, avait fui comme beaucoup l’Ukraine à bord d’un train bondé, effectué un périple en Pologne avant de passer par Copenhague puis de rejoindre il y a un mois l’Orchestre de Paris, affiliée à la Philharmonie.
« Quand je suis arrivée le premier jour aux répétitions, j’ai pleuré toute la journée », confie la jeune femme originaire de Lviv, où habitent encore ses parents et son frère.
« Je pense à mon pays chaque jour, car en ce moment la Russie bombarde beaucoup Odessa, c’est effrayant, mais la musique m’aide et je suis très heureuse de jouer ici », dit-elle.
Dans la salle Pierre Boulez, elle répétait mercredi avec l’Orchestre de Paris la 7e symphonie de Sibelius, sous la baguette du maestro estonien Paavo Järvi. « Je suis très émue quand je m’installe dans l’orchestre et regarde la salle », assure Natalia.
« C’est une initiative fantastique », affirme M. Jarvi. « J’espère que le monde entier regardera Paris » et s’inspirera de ce projet, ajoute le chef d’orchestre.
La formation compte également quatre violonistes ukrainiennes, toutes rémunérées sur la même base de salaires des musiciens. Parmi elles, Xenia Moroz, de l’orchestre de chambre de Kiev.
Cette musicienne de 37 ans n’est pas près d’oublier le cauchemar et l’horreur des bombardements à Kiev au début de la guerre. « Vers le 12e jour, j’ai décidé de m’enfuir, il y avait beaucoup de gens de Boutcha (site de massacres près de Kiev), on a couru dans une forêt, il y avait des tirs... », se rappelle-t-elle.
Armée de son archet, elle se réjouit avec un air timide d’avoir de nouveaux collègues qui lui « donnent de l’énergie positive ».
Durant la répétition, une femme dans la salle regarde avec fierté les nouvelles venues : Anna Stavychenko, directrice exécutive de l’orchestre symphonique de Kiev, qui a mis en place le projet avec Sarah Koné, en charge de la responsabilité sociétale et de nouveaux projets au sein de la direction de la Philharmonie. Ça nous rend tellement heureuses et chanceuses de voir qu’on fait toujours partie de ce monde incroyable et beau de la musique classique », se réjouit Mme Stavychenko, 36 ans.
« C’est du concret, ce ne sont pas juste des mots », souligne encore la directrice, qui a elle-même fui l’Ukraine avec ses parents dans un train, encerclé à un moment par des tanks russes.
Les musiciennes exilées, dont certaines sont venues avec leurs enfants, mais sans leurs maris, sentent qu’elles font « toutes partie d’une même histoire », estime Mme Stavychenko, qui espère que « le monde accordera plus d’attention à la culture ukrainienne ».
Son orchestre symphonique de Kiev est actuellement en tournée en Allemagne et va probablement se produire en France dans un avenir proche.
Sarah Koné, elle, se félicite aussi de la solidarité impulsée par le projet. « On n’a rencontré que des feux verts, les mécènes ont mis des logements à disposition de ces femmes, l’Éducation nationale a scolarisé leurs enfants », se réjouit-elle.
Pour elle, il fallait « ne pas rester passif devant la géopolitique » et que « la Philharmonie de Paris en donne l’exemple ».
Avec AFP
Une quinzaine d’entre elles sont déjà installées dans des phalanges (orchestres philharmoniques de musique classique) de l’Hexagone, de Paris à Lyon en passant par Metz ou Lille, avec comme objectif d’en aider une quarantaine. Des musiciennes seulement, les hommes étant réquisitionnés pour la guerre. Parmi elles, Natalia Ivanovska qui a laissé son violoncelle chez ses parents à Lviv, trop dangereux à transporter. Il y a quelques semaines, la Philharmonie lançait un appel à tous les orchestres de France pour accueillir des musiciennes ukrainiennes.
À 25 ans, Natalia Ivanovska, qui jouait au sein de l’orchestre d’Odessa, avait fui comme beaucoup l’Ukraine à bord d’un train bondé, effectué un périple en Pologne avant de passer par Copenhague puis de rejoindre il y a un mois l’Orchestre de Paris, affiliée à la Philharmonie.
« Quand je suis arrivée le premier jour aux répétitions, j’ai pleuré toute la journée », confie la jeune femme originaire de Lviv, où habitent encore ses parents et son frère.
« Je pense à mon pays chaque jour, car en ce moment la Russie bombarde beaucoup Odessa, c’est effrayant, mais la musique m’aide et je suis très heureuse de jouer ici », dit-elle.
Dans la salle Pierre Boulez, elle répétait mercredi avec l’Orchestre de Paris la 7e symphonie de Sibelius, sous la baguette du maestro estonien Paavo Järvi. « Je suis très émue quand je m’installe dans l’orchestre et regarde la salle », assure Natalia.
« C’est une initiative fantastique », affirme M. Jarvi. « J’espère que le monde entier regardera Paris » et s’inspirera de ce projet, ajoute le chef d’orchestre.
La formation compte également quatre violonistes ukrainiennes, toutes rémunérées sur la même base de salaires des musiciens. Parmi elles, Xenia Moroz, de l’orchestre de chambre de Kiev.
Cette musicienne de 37 ans n’est pas près d’oublier le cauchemar et l’horreur des bombardements à Kiev au début de la guerre. « Vers le 12e jour, j’ai décidé de m’enfuir, il y avait beaucoup de gens de Boutcha (site de massacres près de Kiev), on a couru dans une forêt, il y avait des tirs... », se rappelle-t-elle.
Armée de son archet, elle se réjouit avec un air timide d’avoir de nouveaux collègues qui lui « donnent de l’énergie positive ».
Durant la répétition, une femme dans la salle regarde avec fierté les nouvelles venues : Anna Stavychenko, directrice exécutive de l’orchestre symphonique de Kiev, qui a mis en place le projet avec Sarah Koné, en charge de la responsabilité sociétale et de nouveaux projets au sein de la direction de la Philharmonie. Ça nous rend tellement heureuses et chanceuses de voir qu’on fait toujours partie de ce monde incroyable et beau de la musique classique », se réjouit Mme Stavychenko, 36 ans.
« C’est du concret, ce ne sont pas juste des mots », souligne encore la directrice, qui a elle-même fui l’Ukraine avec ses parents dans un train, encerclé à un moment par des tanks russes.
Les musiciennes exilées, dont certaines sont venues avec leurs enfants, mais sans leurs maris, sentent qu’elles font « toutes partie d’une même histoire », estime Mme Stavychenko, qui espère que « le monde accordera plus d’attention à la culture ukrainienne ».
Son orchestre symphonique de Kiev est actuellement en tournée en Allemagne et va probablement se produire en France dans un avenir proche.
Sarah Koné, elle, se félicite aussi de la solidarité impulsée par le projet. « On n’a rencontré que des feux verts, les mécènes ont mis des logements à disposition de ces femmes, l’Éducation nationale a scolarisé leurs enfants », se réjouit-elle.
Pour elle, il fallait « ne pas rester passif devant la géopolitique » et que « la Philharmonie de Paris en donne l’exemple ».
Avec AFP
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