75e Festival de Cannes : coup d’envoi ce soir
©Vicent Lindon, Président du Jury- Crédit photo: Melo Moreira/AFP
Les derniers préparatifs avant le Festival le plus attendu de l’année vont bon train. Au matin de l’ouverture, des milliers de festivaliers se pressent sur la Croisette pour assister à l’événement qui a toujours été synonyme de glamour et de paillettes. Il y va sans dire que l’Ukraine sera au cœur de cette fête comme elle l’est dans tous les cœurs.

« Nous allons faire tous ensemble un grand festival, on va penser beaucoup au cinéma, mais sans jamais cesser de penser à l’Ukraine », a ainsi assuré Thierry Frémaux, délégué général du festival, lors d’une conférence de presse. À l’extérieur du Palais, sous une chaleur estivale, des aficionados, équipés d’escabeaux, ont déjà pris place face aux marches -- qui ne seront recouvertes du tapis rouge que mardi -- pour ne rien rater du défilé de stars.

Au total, plus de 35.000 cinéphiles et professionnels sont attendus dans la cité balnéaire de la Côte d’Azur. Dans une ambiance balançant entre stars, crème du cinéma d’auteur et échos de la guerre en Ukraine à travers plusieurs films sélectionnés.
Peu de professionnels russes par contre sont attendus, le Festival ayant annoncé dès l’invasion de l’Ukraine qu’il n’accueillerait pas de « délégations » officielles ou de structures liées au gouvernement.

Alors que la compétition débutera mercredi avec le dernier film de Kirill Serebrennikov, devenu symbole des artistes russes en rupture avec le régime, M. Frémaux a assuré qu’il voulait « faire la part des choses » et soutenir « les Russes qui prennent des risques à résister » tout en affichant « un soutien absolu et non négociable au peuple ukrainien ».
Ukraine toujours : le Festival a ajouté la semaine dernière en sélection le film posthume du réalisateur lituanien Mantas Kvedaravičius, tué début avril à Marioupol.
« Dans un climat de trouille, rire ne me semble pas grossier », a assuré de son côté l’actrice belge Virginie Efira, maîtresse de la cérémonie d’ouverture du festival, lors d’un point presse, décidée à « faire résonner des énergies opposées. (...).

Le come-back du cinéma américain


À l’affiche de deux films en sélection, la comédienne avait connu Cannes adolescente, à la recherche de financement pour un film d’amis, puis comme présentatrice pour la télévision belge : “J’ai beaucoup d’expériences de loose à Cannes”, a-t-elle souri. Mais mardi soir, c’est du cinéma “qui bouleverse un endroit de votre cœur” dont elle parlera, celui à qui elle doit “une certaine appétence pour l’existence”.

À Cannes, la page du Covid, qui a contraint à l’annulation en 2020 et à une édition 2021 décalée en juillet, semble tournée : le Festival a retrouvé ses dates habituelles et il n’y aura ni masques obligatoires, ni pass sanitaire, même si tous les “contrôleurs porteront le masque, pour rassurer”, a indiqué M. Frémaux.

C’est aussi le grand retour des Américains, dont la star Tom Cruise, pour “Top Gun: Maverick”. Tout un symbole pour cette édition qui marque le retour de la fête à Cannes.
L’une des premières stars internationales à monter les marches sera l’acteur Forest Whitaker (“Ghost dog”, “Le dernier roi d’Écosse”). Une Palme d’Or d’honneur lui sera remise lors de la cérémonie d’ouverture.

Puis beaucoup d’autres stars suivront : Kristen Stewart, qui montera les marches aux côtés de Léa Seydoux et Viggo Mortensen pour le dernier film de David Cronenberg, ou encore le prometteur Austin Butler et le vétéran Tom Hanks, alias Elvis et son manager dans un biopic événement.

Côté compétition, 21 films - et 5 réalisatrices - sont en lice pour succéder à “Titane”, Palme d’Or gore et sans concession de la Française Julia Ducournau, 2e réalisatrice couronnée dans l’histoire du Festival. Ils seront départagés par un jury présidé par le Français Vincent Lindon, qui succède à Spike Lee. “L’année dernière, tous les prix de Cannes ont été gagnés par des réalisatrices”, a souligné Thierry Frémaux, face aux critiques déplorant le peu de femmes dans la sélection officielle. “Nous avons 25 % de femmes qui ont postulé à la sélection, et 25 % de femmes retenues”, a-t-il mis en avant, rappelant qu’à Cannes “il n’y a pas de quota”.

Parmi les cinéastes attendus, David Cronenberg (“Crash”) promet une nouvelle fois de secouer le public avec “Les crimes du futur”, Park Chan-wook (“Old boy”) revient avec une enquête sulfureuse (“Decision to leave”), et James Gray présente “Armageddon Time”, avec Anthony Hopkins et Anne Hathaway.
Plusieurs cinéastes déjà couronnés sont en lice, dont les frères Dardenne (“Rosetta”) avec “Tori et Lokita”, Ruben Östlund, le plus grinçant des cinéastes suédois (“The Square”), avec “Sans filtre”, ou le Japonais Kore-eda (“Une Affaire de famille”), qui a cette fois tourné “Broker” avec la star sud-coréenne de “Parasite”, Song Kang-ho.
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