L’homme d’affaires libanais Antoine Choueiri peut être considéré comme le père fondateur du basketball libanais. Visionnaire, il a financé tout l’écosystème du basket. La rivalité entre Sagesse et Riyadi a également joué un rôle déterminant dans le développement de ce sport.
Antoine Choueiri, l’homme d’affaires défunt en 2010, peut être considéré comme étant le père fondateur du basketball libanais des temps modernes. Pour la petite histoire, Choueiri s’est lancé dans le sport libanais à la suite du décès de l’ex-président de Sagesse Henri Asmar, qui a été atteint d’une crise cardiaque, le soir d’une défaite 7-1 de Sagesse face à Ansar en football à Tripoli en 1993. Les succès de la section basketball du club vont très vite être retentissants, quelques mois après sa prise de fonctions. La Sagesse va remporter la Coupe du Liban en 1993, tout en évoluant en deuxième division. Les «Verts» forment alors une équipe qui fait figure de noyau dur de la première génération dorée du basketball libanais. L’équipe est en effet alors composée entre autres d’Élie Mechantaf, Walid Doumiaty, Ghazi Boustani et Joe Kaado.
Choueiri a exposé sa vision au président de la Fédération libanaise de basketball de l’époque, en 1993, Tony Khoury, avec notamment l’apport de joueurs étrangers et l’introduction des formats de play-offs et de final 4. Choueiry était un véritable visionnaire qui a financé la fédération et plusieurs clubs en leur trouvant des sponsors tout en présidant et en soutenant financièrement la Sagesse.
Dans un entretien avec Ici Beyrouth, Élie Yahchouchi, actuel président de Sagesse et vice-président du club de 95 à 2005, raconte qu’en 1993, Choueiri «avait un grand projet pour le sport libanais, dans un contexte qui était alors très difficile pour les jeunes. Ces derniers émigraient en masse et le Liban était occupé par la Syrie. Choueiri savait qu'à travers le sport, on pouvait hausser le moral des gens. Choueiry a d’abord présenté une feuille de route à la Fédération libanaise de football, qui a été refusée. Mais il n’était pas du genre à baisser les bras et il s’est alors tourné vers le basketball. Nous avons alors effectué des changements drastiques au sein de la Fédération de basketball et avons voté pour une nouvelle fédération présidée par Antoine Chartier en 96.»
Yahchouchi souligne que «Choueiri a soutenu beaucoup de clubs libanais, pour qu’il n’y ait pas un grand écart de niveau entre la Sagesse et le reste des clubs et que la compétitivité reste élevée. Il aidait les autres clubs sans aucune distinction religieuse ou régionale. Ce que Choueiry générait en publicité via la LBCI et la diffusion du basketball était dérisoire par rapport aux montants investis pour le lancement et le développement du basketball.»
Choueiry était ambitieux et a atteint des objectifs qui paraissaient impossibles pour le basketball libanais. À ses débuts à Sagesse, il disait qu’un jour il gagnerait le championnat des pays arabes et d’Asie, et ses détracteurs s'étaient moqués de lui. Et au final, il a gagné ces deux compétitions. Il a également déclaré qu’il participerait aux championnats du monde des clubs et il a également réussi à le faire en 1999, dans une édition qui s’est tenue à Milan.
Riyadi, autre pilier du lancement
Dans un entretien avec Ici Beyrouth, Hicham Jaroudi, le président de Riyadi, souligne à quel point l’entente était bonne entre lui et Antoine Choueiri, pour faire avancer le basketball libanais dans le bon sens. «Choueiri et moi avions convenus de l’importance de faire signer des joueurs étrangers dans le championnat du Liban. Progressivement il y a eu un puis deux étrangers sur le terrain en championnat. Et même trois à certaines périodes, mais deux seulement pouvaient évoluer dans le cinq majeur, et le troisième sur le banc, pour continuer à donner la chance aux joueurs libanais. Les meilleurs étrangers qui ont évolué à Riyadi dans les années 90 sont Michael Cumberland, Tony Madison, Sergei Tchipoutkin et Ismaïl Ahmad.»
Jaroudi souligne que Choueiri souhaitait plus que tout la réussite des clubs libanais à l’international: «Un jour Antoine Choueiri m’appelle et me dit qu’il souhaite se réunir avec moi. Il m’a alors demandé de jouer le tournoi international de Damas. Je lui ai dit que je ne pouvais pas couvrir les frais additionnels de ce tournoi. Il m’a répondu que le Liban sortirait grandi de cette participation et que si Riyadi gagnait, il serait lui aussi gagnant. Il a alors appelé le directeur de la compagnie de thé Lipton et lui a demandé de sponsoriser Riyadi pour le tournoi de Damas. Nous avons battu tout le monde en Syrie. Le cœur d’Antoine Choueiri était dans le sport. C’était un passionné qui adorait son équipe.»
La rivalité Sagesse-Riyadi
Comme dans tous les championnats compétitifs, une rivalité dans le cadre d’un derby alimente l’engouement public pour le sport, ce qui facilite ensuite la recherche de diffuseurs et de sponsors. Élie Yahchouchi explique qu’à l’époque, «Riyadi était l’équipe la plus forte, avec une concurrence qui venait de Kahraba Zouk. L’arrivée de Sagesse a été bénéfique pour le basketball libanais. Le public de Sagesse s’est vite agrandi, et Riyadi avait déjà un grand public. Et le derby a vu le jour. Ce type de derby est inhérent et indispensable à la compétitivité d’un championnat. Ce derby du Liban, qui était aussi un derby de Beyrouth, a intensifié la compétitivité du championnat de manière saine et contribué au développement du sport. Si Riyadi et Sagesse ne sont pas dans une dynamique positive, le basket libanais en pâtira forcément.»
Pour conclure, on ne peut pas revenir sur l’essor du basketball libanais sans parler du rôle de la LBCI qui a diffusé le Championnat du Liban avec une couverture de qualité de 1993 à 2020. Depuis 2020, la MTV a pris le relais. À noter aussi qu’au cours de la saison 2009-2010, c’était la chaîne Future qui avait diffusé le championnat.
Antoine Choueiri, l’homme d’affaires défunt en 2010, peut être considéré comme étant le père fondateur du basketball libanais des temps modernes. Pour la petite histoire, Choueiri s’est lancé dans le sport libanais à la suite du décès de l’ex-président de Sagesse Henri Asmar, qui a été atteint d’une crise cardiaque, le soir d’une défaite 7-1 de Sagesse face à Ansar en football à Tripoli en 1993. Les succès de la section basketball du club vont très vite être retentissants, quelques mois après sa prise de fonctions. La Sagesse va remporter la Coupe du Liban en 1993, tout en évoluant en deuxième division. Les «Verts» forment alors une équipe qui fait figure de noyau dur de la première génération dorée du basketball libanais. L’équipe est en effet alors composée entre autres d’Élie Mechantaf, Walid Doumiaty, Ghazi Boustani et Joe Kaado.
Choueiri a exposé sa vision au président de la Fédération libanaise de basketball de l’époque, en 1993, Tony Khoury, avec notamment l’apport de joueurs étrangers et l’introduction des formats de play-offs et de final 4. Choueiry était un véritable visionnaire qui a financé la fédération et plusieurs clubs en leur trouvant des sponsors tout en présidant et en soutenant financièrement la Sagesse.
Dans un entretien avec Ici Beyrouth, Élie Yahchouchi, actuel président de Sagesse et vice-président du club de 95 à 2005, raconte qu’en 1993, Choueiri «avait un grand projet pour le sport libanais, dans un contexte qui était alors très difficile pour les jeunes. Ces derniers émigraient en masse et le Liban était occupé par la Syrie. Choueiri savait qu'à travers le sport, on pouvait hausser le moral des gens. Choueiry a d’abord présenté une feuille de route à la Fédération libanaise de football, qui a été refusée. Mais il n’était pas du genre à baisser les bras et il s’est alors tourné vers le basketball. Nous avons alors effectué des changements drastiques au sein de la Fédération de basketball et avons voté pour une nouvelle fédération présidée par Antoine Chartier en 96.»
Yahchouchi souligne que «Choueiri a soutenu beaucoup de clubs libanais, pour qu’il n’y ait pas un grand écart de niveau entre la Sagesse et le reste des clubs et que la compétitivité reste élevée. Il aidait les autres clubs sans aucune distinction religieuse ou régionale. Ce que Choueiry générait en publicité via la LBCI et la diffusion du basketball était dérisoire par rapport aux montants investis pour le lancement et le développement du basketball.»
Choueiry était ambitieux et a atteint des objectifs qui paraissaient impossibles pour le basketball libanais. À ses débuts à Sagesse, il disait qu’un jour il gagnerait le championnat des pays arabes et d’Asie, et ses détracteurs s'étaient moqués de lui. Et au final, il a gagné ces deux compétitions. Il a également déclaré qu’il participerait aux championnats du monde des clubs et il a également réussi à le faire en 1999, dans une édition qui s’est tenue à Milan.
Riyadi, autre pilier du lancement
Dans un entretien avec Ici Beyrouth, Hicham Jaroudi, le président de Riyadi, souligne à quel point l’entente était bonne entre lui et Antoine Choueiri, pour faire avancer le basketball libanais dans le bon sens. «Choueiri et moi avions convenus de l’importance de faire signer des joueurs étrangers dans le championnat du Liban. Progressivement il y a eu un puis deux étrangers sur le terrain en championnat. Et même trois à certaines périodes, mais deux seulement pouvaient évoluer dans le cinq majeur, et le troisième sur le banc, pour continuer à donner la chance aux joueurs libanais. Les meilleurs étrangers qui ont évolué à Riyadi dans les années 90 sont Michael Cumberland, Tony Madison, Sergei Tchipoutkin et Ismaïl Ahmad.»
Jaroudi souligne que Choueiri souhaitait plus que tout la réussite des clubs libanais à l’international: «Un jour Antoine Choueiri m’appelle et me dit qu’il souhaite se réunir avec moi. Il m’a alors demandé de jouer le tournoi international de Damas. Je lui ai dit que je ne pouvais pas couvrir les frais additionnels de ce tournoi. Il m’a répondu que le Liban sortirait grandi de cette participation et que si Riyadi gagnait, il serait lui aussi gagnant. Il a alors appelé le directeur de la compagnie de thé Lipton et lui a demandé de sponsoriser Riyadi pour le tournoi de Damas. Nous avons battu tout le monde en Syrie. Le cœur d’Antoine Choueiri était dans le sport. C’était un passionné qui adorait son équipe.»
La rivalité Sagesse-Riyadi
Comme dans tous les championnats compétitifs, une rivalité dans le cadre d’un derby alimente l’engouement public pour le sport, ce qui facilite ensuite la recherche de diffuseurs et de sponsors. Élie Yahchouchi explique qu’à l’époque, «Riyadi était l’équipe la plus forte, avec une concurrence qui venait de Kahraba Zouk. L’arrivée de Sagesse a été bénéfique pour le basketball libanais. Le public de Sagesse s’est vite agrandi, et Riyadi avait déjà un grand public. Et le derby a vu le jour. Ce type de derby est inhérent et indispensable à la compétitivité d’un championnat. Ce derby du Liban, qui était aussi un derby de Beyrouth, a intensifié la compétitivité du championnat de manière saine et contribué au développement du sport. Si Riyadi et Sagesse ne sont pas dans une dynamique positive, le basket libanais en pâtira forcément.»
Pour conclure, on ne peut pas revenir sur l’essor du basketball libanais sans parler du rôle de la LBCI qui a diffusé le Championnat du Liban avec une couverture de qualité de 1993 à 2020. Depuis 2020, la MTV a pris le relais. À noter aussi qu’au cours de la saison 2009-2010, c’était la chaîne Future qui avait diffusé le championnat.
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