Les États-Unis ont annoncé mardi un allègement très limité des lourdes sanctions contre le Venezuela, présenté comme un geste pour favoriser une reprise imminente du dialogue entre le président Nicolas Maduro et l'opposition soutenue par Washington. Après la levée de certaines restrictions visant Cuba lundi, c'est le deuxième adversaire latino-américain des Etats-Unis qui bénéficie d'un tel coup de pouce.
Juan Guaido, représentant de l'opposition vénézuélienne et reconnu comme président légitime du pays par les États-Unis. (AFP)
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Concernant le Venezuela, l'allègement des sanctions est "lié à un accord des deux camps pour reprendre les négociations" à Mexico afin de trouver une issue à la crise politique vénézuélienne, qu'"ils devraient annoncer très prochainement", a déclaré un haut responsable américain à des journalistes.
Il a précisé que cette mesure avait été prise "à la demande du gouvernement vénézuélien de transition" de l'opposant Juan Guaido, reconnu par les États-Unis comme étant le président légitime du Venezuela. Les pourparlers intervénézuéliens étaient à l'arrêt depuis octobre.
"Dérogation limitée"
Mais une rare visite d'émissaires du gouvernement américain auprès du président socialiste, en mars, avait conduit à la libération de deux Américains détenus au Venezuela et à la promesse d'une reprise du dialogue avec l'opposition. A l'époque, ce déplacement avait alimenté les conjectures sur une possible entorse à l'embargo sur le pétrole vénézuélien imposé par Washington en 2019 dans l'espoir d'évincer Nicolas Maduro.
Les États-Unis faisaient en effet le tour du monde en quête d'hydrocarbures pour compenser la perte du brut russe à la suite des sanctions en réponse à l'invasion de l'Ukraine par la Russie. Mais les mesures de mardi n'ont aucun lien avec une volonté de faire baisser les prix du pétrole, a assuré le responsable américain.
Cet "allègement de sanctions" concerne avant tout une "dérogation limitée" octroyée au groupe pétrolier américain Chevron dans le cadre de l'embargo. Cette société pourra "négocier les termes de potentielles futures activités au Venezuela", sans toutefois conclure de nouvel accord avec la compagnie nationale vénézuélienne PDVSA, a expliqué ce responsable.
Reprise des pourparlers ?
"Le Venezuela a vérifié et confirmé les informations diffusées selon lesquelles les États-Unis d'Amérique ont autorisé des entreprises pétrolières américaines et européennes à négocier et à reprendre leurs opérations au Venezuela", a réagi sur Twitter la vice-présidente vénézuélienne, Delcy Rodriguez.
De son côté, la Plate-forme unitaire, qui regroupe les principaux partis de l'opposition vénézuélienne, a réclamé dans un communiqué une date pour la reprise des pourparlers, précisant qu'elle n'avait pas demandé à Washington d'assouplir les sanctions individuelles.
Selon des médias américains, Carlos Erik Malpica Flores, un ex-cadre de PDVSA et neveu de la Première dame vénézuélienne, doit être retiré de la liste noire du Trésor américain. Le haut responsable américain a martelé que la politique américaine à l'égard du Venezuela demeurait inchangée : les sanctions seront "allégées" en cas d'avancées vers la démocratie et des élections "libres" et "alourdies" si le processus déraille.
Levée de boucliers au pays
Cette garantie n'a pas suffi à rassurer certains élus américains en première ligne dans l'opposition au pouvoir à Caracas. "Le président Biden affirme soutenir la démocratie et les droits humains, mais sa politique étrangère est bâtie sur la recherche de conciliation et l'octroi de concessions aux dictateurs", a dénoncé le sénateur républicain de Floride Marco Rubio, dont l'État accueille la plus grosse communauté de la diaspora vénézuélienne aux États-Unis.
"Faire pour Maduro une poignée de gestes non mérités seulement pour que son régime promette de s'asseoir à la table des négociations est une stratégie vouée à l'échec", a pesté son collègue Bob Menendez, membre du parti démocrate comme Joe Biden. Ces mêmes sénateurs avaient déjà dénoncé la veille la décision de lever une série de restrictions visant Cuba.
Cette timide ouverture à l'égard de l'île communiste des Caraïbes reste toutefois loin de celle, historique, décidée pendant son mandat à la Maison Blanche par Barack Obama avant d'être remise en cause par son successeur républicain Donald Trump.
Avec AFP
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