Le désert où je vis
«Quand t’as l’désert à traverser, il y a rien à faire sauf d’avancer.»

Dans le désert où je vis, point d’étendues de sable scintillant sous nos plantes de pieds meurtries, seuls de longs rubans de bitume fatigués et des immeubles éventrés pour horizon dessiné.

Dans le désert où je vis, comme dans les déserts des autres pays, point d’âme qui ne vive bien longtemps. Ici, des milliers d’âmes survivent en hurlant silencieusement.

Dans le désert où je vis, point de soleil ardent pour chauffer nos épaules, nous brûlons sous les flammes de démons tout puissants.

Dans le désert où je vis, point d’eau pour abreuver nos gosiers. Point même de mirages d’oasis pour oser en rêver. Nos illusions ne sont faites que de miettes de pain, de miettes de rien et de souvenirs d’une vie d’avant annihilée. Nos bouches sont sèches d’avenir et d’éclats de rire.

Cabossé, comme le chameau quand je suis harassé, je puise en moi-même pour me régénérer. Je vis de poésie, de romans et de philosophie. J’ai cette chance, ma tête est une ressource infinie. Des centaines de portes m’offrent une sortie hors de cette vie.

Les vents du désert ont beau souffler sur moi leur puissance, je suis un voyageur de la vie résistant dans leur violence.

Fragile, souvent vacillante, je la surprends qui continue pourtant inlassablement de danser en moi, la flamme de l’espérance. Et tandis que je suis malmené, elle continue d’éclairer mon chemin tourmenté.

Alors brille, brille toujours en moi cet espoir insupportable d’un je ne sais quoi.


Le désert où je vis se nomme Liban.

Et dans ce pays, je n’ai d’autre choix que d’aller de l’avant.

Qu’importent les larmes et qu’importent les doutes, sans aucune arme sinon la force de mon âme, chaque matin je continue bravement ma route.

Malheureusement, le désert où je vis tout entier m’engloutit à chaque nouvelle tombée de la nuit, quand commence à éclairer la lune.

Et mon esprit cède et s’embrume...

«Mais la fin du désert se cache peut-être derrière chaque dune».

Références : les deux citations et l’extrait musical sont tirés de la chanson Jour meilleur d’Orelsan.

[playlist ids="74347"]
Commentaires
  • Aucun commentaire