©Jean-François Dieterich, maire de Saint-Jean-Cap-Ferrat.
À l’heure où le Liban défend son identité culturelle, la signature d’un partenariat entre Saint-Jean–Cap-Ferrat et Byblos, villes méditerranéennes, s’inscrit comme un enjeu culturel, un acte de résistance et de défi. Entretien avec Jean-François Dieterich, maire de Saint-Jean-Cap-Ferrat.
Devant l’hôtel de ville surplombant la mer, l’on est comme étourdi par l’extrême beauté du panorama. Au loin, sur le vieux port, plane un joyeux vol de mouettes. Mais l’œil s’accroche à la végétation luxuriante, aux grands pins déboulant vigoureusement en contrebas. De telles splendeurs ne surgissent pas en un jour. Des actions tenaces les annoncent, les guident.
Le maire de Saint-Jean-Cap-Ferrat, Jean-François Dieterich, élu depuis 2014, ne cache pas son attachement à sa commune qui, au fil des siècles, s’est métamorphosée pour devenir «un des plus beaux joyaux de la Côte d’Azur».
Il raconte avec bonheur l’histoire de ce qui fut un hameau de pêcheurs «qui n’était que cailloux, où il y avait quelques espèces endémiques, mais ni pins ni oliviers. De la garrigue».
Ce qui distingue Saint-Jean-Cap-Ferrat des autres communes?
«Beaucoup de choses. Son histoire remonte à l’ermite saint Hospice du VIe siècle de notre ère. La chapelle, édifiée sur les ruines d’un sanctuaire, sera inaugurée le 21 mai, après deux ans de rénovations. On a retrouvé les pigments tels qu’ils étaient au XVIIe siècle quand elle fut restaurée par le duc de Savoie. Ce lieu est particulièrement important parce qu’il y avait là un fort, qui fut rasé par les armées de Louis XIV. Il en reste des vestiges, sur lesquels s’est construit le cimetière, et une grande Madone de plus de 11m de haut.»
La transfiguration du hameau, qui s’est affranchi de la tutelle de Villefranche-sur- mer en 1904, s’est faite «sous l’impulsion de riches hivernants, qui ont découvert Saint-Jean à la fin du XIXe siècle, et de Leopold II, roi des Belges. En 1895, alors que celui-ci séjournait à Nice chez la reine Victoria, il poussa un jour sa promenade en carrosse à Saint-Jean et découvrit une nature à l’état brut. Il acheta cinquante hectares de la presqu’île. Béatrice de Rothschild, ainsi que des promoteurs parisiens achetèrent à leur tour des terrains et contribuèrent à son essor. Grâce à Leopold II et à la Compagnie des Eaux, un lac artificiel fut créé en 1897, qui permit l’irrigation des terres. À partir du début du XXe siècle, des professions virent le jour: paysagistes, entreprises de jardins, blanchisseurs… Tout cela a prospéré avec la volonté de tous les élus qui se sont succédé depuis 1904 de préserver cette nature luxuriante, cette qualité de vie exceptionnelle. Sa géographie est particulière parce que la presqu’île est constituée de 13 km de côte et d’un village moderne qui reste accessible en termes de qualité de vie. Nous avons des propriétés protégées et des jardins qui revêtent un intérêt majeur. Je parle de la villa Les Cèdres du roi belge, qui est le premier jardin botanique privé d’Europe, ne serait-ce que par la foison d’essences et d’espèces».
Qu’en est-il du partenariat avec Byblos?
«Loin de moi l’idée de concurrencer une ville plurimillénaire. Mais d’après ce que j’ai vu en novembre 2021, il y a une certaine similitude dans le paysage et l’environnement: la proximité de la Méditerranée, les barques des pêcheurs. On trouve également des synergies dans un certain nombre de domaines.»
Qu’implique ce partenariat?
«Des liens culturels. Dans un premier temps, au niveau scolaire, on peut échanger avec des écoles de Byblos en visioconférence. Un premier congrès sur le tourisme s’est tenu à Byblos, avec la participation du maire de Byblos, M. Wissam Zaarour, et plusieurs ministres, dont celui du tourisme, M. Walid Nassar. Nous avons alors eu l’occasion de présenter, par l’intermédiaire de Géraldine Ghostine, présidente de Mon Liban d’Azur, un concept de notre école départementale de la mer, où l’on accueille des élèves pour suivre l’enseignement sur l’écosystème, la protection de la faune et de la flore, les enjeux environnementaux. Et cela semble intéresser les autorités libanaises.»
Le week-end libanais, événement inédit, organisé par Mon Liban d’Azur du 1er au 3 juillet à Saint-Jean-Cap-Ferrat, met à l’honneur le Liban et l’Arménie sur les plans artistique, gastronomique et culturel, avec la participation du maire de Byblos, d’Alice et de Roger Eddé, d’Aline Kamakian (Mayrig), de Raouf Rifai (Galerie Nadine Fayad) de Kamel Farms (produits du terroir), du Château Héritage, des restaurants Le Cèdre (Gault & Millau), Diwan el Bacha et Madame SAJ et de Philippe Galetsdenice (créations locales).
Le Théâtre sur la Mer accueillera les stands des exposants. Les bénéfices de la soirée de gala iront à l’Hôpital français du Levant, dont le PDG, Dr Antoine Maalouf, a mis en place une fondation de droit suisse permettant à tous, indépendamment de leurs ressources, l’accès à une médecine de pointe grâce au robot chirurgical Da Vinci.
«L’artiste libanais Raouf Rifai, confirmé au niveau international, sera présent pour exposer ses œuvres pendant dix jours à l’espace Namouna. Le volet ‘gastronomie libanaise’, comprenant des vins exceptionnels de la Bekaa, assurera la convivialité de ces rencontres. J’accueillerai le maire de Byblos, attendu avec une délégation, et nous pourrons signer des accords de partenariat. Sur le plan caritatif, nous avons rencontré des ONG qui pallient les difficultés de soins et d’approvisionnement en médicaments depuis l’explosion du 4 Août 2020, et c’est là une filière à encourager.»
Un jumelage est-il à prévoir?
«On ne peut pas faire de jumelage si on n’a pas pris le temps de se connaître et après une simple visite de ma part. Il faut qu’on voie sur quelles thématiques on va échanger pour bâtir un projet. »
Il déplore le peu d’échanges en Méditerranée «mais le pont établi par MLA facilite les choses. La culture reste un des éléments fondamentaux de la paix des peuples.»
Comment préserver nos liens sinon en jetant une passerelle entre les deux rives de la Méditerranée? Reviennent alors les mots de Fernand Braudel, fervent défenseur de «la Méditerranée des échanges», qui sonnent avec justesse: «l’unité essentielle de la Méditerranée c’est le climat, un climat très particulier, semblable d’un bout à l’autre de la mer, unificateur des paysages et des genres de vie.»
Devant l’hôtel de ville surplombant la mer, l’on est comme étourdi par l’extrême beauté du panorama. Au loin, sur le vieux port, plane un joyeux vol de mouettes. Mais l’œil s’accroche à la végétation luxuriante, aux grands pins déboulant vigoureusement en contrebas. De telles splendeurs ne surgissent pas en un jour. Des actions tenaces les annoncent, les guident.
Le maire de Saint-Jean-Cap-Ferrat, Jean-François Dieterich, élu depuis 2014, ne cache pas son attachement à sa commune qui, au fil des siècles, s’est métamorphosée pour devenir «un des plus beaux joyaux de la Côte d’Azur».
Il raconte avec bonheur l’histoire de ce qui fut un hameau de pêcheurs «qui n’était que cailloux, où il y avait quelques espèces endémiques, mais ni pins ni oliviers. De la garrigue».
Ce qui distingue Saint-Jean-Cap-Ferrat des autres communes?
«Beaucoup de choses. Son histoire remonte à l’ermite saint Hospice du VIe siècle de notre ère. La chapelle, édifiée sur les ruines d’un sanctuaire, sera inaugurée le 21 mai, après deux ans de rénovations. On a retrouvé les pigments tels qu’ils étaient au XVIIe siècle quand elle fut restaurée par le duc de Savoie. Ce lieu est particulièrement important parce qu’il y avait là un fort, qui fut rasé par les armées de Louis XIV. Il en reste des vestiges, sur lesquels s’est construit le cimetière, et une grande Madone de plus de 11m de haut.»
La transfiguration du hameau, qui s’est affranchi de la tutelle de Villefranche-sur- mer en 1904, s’est faite «sous l’impulsion de riches hivernants, qui ont découvert Saint-Jean à la fin du XIXe siècle, et de Leopold II, roi des Belges. En 1895, alors que celui-ci séjournait à Nice chez la reine Victoria, il poussa un jour sa promenade en carrosse à Saint-Jean et découvrit une nature à l’état brut. Il acheta cinquante hectares de la presqu’île. Béatrice de Rothschild, ainsi que des promoteurs parisiens achetèrent à leur tour des terrains et contribuèrent à son essor. Grâce à Leopold II et à la Compagnie des Eaux, un lac artificiel fut créé en 1897, qui permit l’irrigation des terres. À partir du début du XXe siècle, des professions virent le jour: paysagistes, entreprises de jardins, blanchisseurs… Tout cela a prospéré avec la volonté de tous les élus qui se sont succédé depuis 1904 de préserver cette nature luxuriante, cette qualité de vie exceptionnelle. Sa géographie est particulière parce que la presqu’île est constituée de 13 km de côte et d’un village moderne qui reste accessible en termes de qualité de vie. Nous avons des propriétés protégées et des jardins qui revêtent un intérêt majeur. Je parle de la villa Les Cèdres du roi belge, qui est le premier jardin botanique privé d’Europe, ne serait-ce que par la foison d’essences et d’espèces».
Qu’en est-il du partenariat avec Byblos?
«Loin de moi l’idée de concurrencer une ville plurimillénaire. Mais d’après ce que j’ai vu en novembre 2021, il y a une certaine similitude dans le paysage et l’environnement: la proximité de la Méditerranée, les barques des pêcheurs. On trouve également des synergies dans un certain nombre de domaines.»
Qu’implique ce partenariat?
«Des liens culturels. Dans un premier temps, au niveau scolaire, on peut échanger avec des écoles de Byblos en visioconférence. Un premier congrès sur le tourisme s’est tenu à Byblos, avec la participation du maire de Byblos, M. Wissam Zaarour, et plusieurs ministres, dont celui du tourisme, M. Walid Nassar. Nous avons alors eu l’occasion de présenter, par l’intermédiaire de Géraldine Ghostine, présidente de Mon Liban d’Azur, un concept de notre école départementale de la mer, où l’on accueille des élèves pour suivre l’enseignement sur l’écosystème, la protection de la faune et de la flore, les enjeux environnementaux. Et cela semble intéresser les autorités libanaises.»
Le week-end libanais, événement inédit, organisé par Mon Liban d’Azur du 1er au 3 juillet à Saint-Jean-Cap-Ferrat, met à l’honneur le Liban et l’Arménie sur les plans artistique, gastronomique et culturel, avec la participation du maire de Byblos, d’Alice et de Roger Eddé, d’Aline Kamakian (Mayrig), de Raouf Rifai (Galerie Nadine Fayad) de Kamel Farms (produits du terroir), du Château Héritage, des restaurants Le Cèdre (Gault & Millau), Diwan el Bacha et Madame SAJ et de Philippe Galetsdenice (créations locales).
Le Théâtre sur la Mer accueillera les stands des exposants. Les bénéfices de la soirée de gala iront à l’Hôpital français du Levant, dont le PDG, Dr Antoine Maalouf, a mis en place une fondation de droit suisse permettant à tous, indépendamment de leurs ressources, l’accès à une médecine de pointe grâce au robot chirurgical Da Vinci.
«L’artiste libanais Raouf Rifai, confirmé au niveau international, sera présent pour exposer ses œuvres pendant dix jours à l’espace Namouna. Le volet ‘gastronomie libanaise’, comprenant des vins exceptionnels de la Bekaa, assurera la convivialité de ces rencontres. J’accueillerai le maire de Byblos, attendu avec une délégation, et nous pourrons signer des accords de partenariat. Sur le plan caritatif, nous avons rencontré des ONG qui pallient les difficultés de soins et d’approvisionnement en médicaments depuis l’explosion du 4 Août 2020, et c’est là une filière à encourager.»
Un jumelage est-il à prévoir?
«On ne peut pas faire de jumelage si on n’a pas pris le temps de se connaître et après une simple visite de ma part. Il faut qu’on voie sur quelles thématiques on va échanger pour bâtir un projet. »
Il déplore le peu d’échanges en Méditerranée «mais le pont établi par MLA facilite les choses. La culture reste un des éléments fondamentaux de la paix des peuples.»
Comment préserver nos liens sinon en jetant une passerelle entre les deux rives de la Méditerranée? Reviennent alors les mots de Fernand Braudel, fervent défenseur de «la Méditerranée des échanges», qui sonnent avec justesse: «l’unité essentielle de la Méditerranée c’est le climat, un climat très particulier, semblable d’un bout à l’autre de la mer, unificateur des paysages et des genres de vie.»
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