Dans son nouveau spectacle montré les 20 et 21 mai à 20h pour la première fois au théâtre Al-Madina à Hamra, la metteuse en scène Racha Baroud aborde la solitude des corps chez les femmes de sa famille, en les faisant entrer en résonance.
Après son premier spectacle-hommage musical au théâtre de Tadeusz Kantor, Aujourd'hui c'était mon anniversaire en 2015, puis un documentaire, Ali, Hachem et Khaled coréalisé avec Roy Arida en 2020, Racha Baroud revient avec une nouvelle création: Et si ces larmes n’étaient pas les miennes? Dans cette performance, elle revisite l’histoire intime de sa famille et trouve l’espoir d’une réconciliation. Entre souvenirs et réminiscences, Racha Baroud tente de dévoiler l’indicible. Par la parole, l’image et le corps en résonance, elle révèle les mécanismes d’un héritage inconscient.
La solitude en commun
«Chacune a son propre parcours, son destin singulier, son histoire qui lui appartient. L’important n’est pas la forme de ces différentes solitudes, mais plutôt l’état intérieur des personnes habitées par celle-ci, la manière dont un être peut s’enterrer ou se débattre à l’intérieur de cet état», explique-t-elle dans une interview à Ici Beyrouth.
Racha Baroud (Crédits : Lucile Mercier)
Ces femmes ont en commun leur solitude, leur corps en souffrance, faute de pouvoir laisser vivre leurs sentiments et partager une parole libératrice. «La figure sur laquelle je m’attarde le plus dans un premier temps est celle de ma grand-mère. Dans son cas, il est question d’une solitude imposée par une croyance et un respect des coutumes et des traditions. À partir de là découle une éducation dont chacune de nous, à travers les générations, a également hérité. Nous avons toutes hérité d’une part de cette solitude qui l’habitait.»
Cette solitude peut avoir différents visages. Dans ce spectacle, Racha évoque surtout une solitude affective. La solitude d’un corps non considéré. «Si l’histoire évoquée dans la pièce prend ses racines dans un contexte libanais, je pense que la notion d’héritage inconscient est universelle et s’applique à chacun. Nous sommes tous le fruit d’un héritage et d’un vécu», précise-t-elle.
Le besoin de s’émanciper
Née à Paris en 1985, Racha Baroud est une actrice et metteuse en scène libanaise. Parallèlement à son master en études théâtrales à la Sorbonne-Nouvelle, elle se forme à Paris dans L'Atelier de jeu dirigé par Jacques Fontaine. Elle se concentre ensuite sur le travail physique avec le studio Matejka, basé à l'institut Grotowski en Pologne et approfondit son art dans le cadre de plusieurs workshops en Europe, notamment chez Alessio Castellacci, Irena Tomazin et Theodoros Terzopoulos.
«J’entretiens depuis toujours un rapport complexe avec mon corps, avec le corps de l’autre et avec les sentiments. J’ai compris avec le temps que cette complexité découlait à la fois de mon vécu et de mon histoire familiale. Cette pièce est donc une nécessité, le besoin de s’émanciper d’un silence, le besoin de faire sortir ce qu’il y avait au plus profond de moi, et l’occasion aussi, malgré toutes leurs maladresses et leurs souffrances, de rendre hommage à ces femmes.»
Dans Et si ces larmes n’étaient pas les miennes, la place du corps est centrale. À travers la partition physique, il est question d’illustrer l’état intérieur d’un corps qui devient écho et mémoire des corps dont il est la descendance. La parole nomme cet état, met des mots sur cette souffrance et finit par devenir libératrice.
Vue du spectacle (Crédits : Pierre-Emmanuel Urcun)
Un soir, seule à Jal el-Bahr, défilent dans ma tête les solitudes de toutes les femmes de cette famille. Chacune avec sa propre histoire, dans sa propre solitude. L’une après l’autre des larmes coulent sur mes joues. Je pleure. Je pleure, mais ces larmes ne sont pas que les miennes.
Tout au long du spectacle, à travers leurs textures et leur mouvement, les images reflètent également à leur manière la vibration intérieure de corps, le rapport sensible à leur histoire et leur état. C’est une partition qui se compose sur ces trois niveaux. Comme une musique où les notes s’agencent, se répondent où se jouent en même temps pour dialoguer ensemble. De ce langage composite naît cette résonance. Image, paroles et corps s’imprègnent l’une de l’autre. Tout cela, au fond, n’est que l’essence même du théâtre…
Billets à l’entrée du théâtre Al-Madina
Tarif normal: 150 000 L.L.
Ticket de soutien à partir de 200 000 L.L.
En langues française et arabe
Après son premier spectacle-hommage musical au théâtre de Tadeusz Kantor, Aujourd'hui c'était mon anniversaire en 2015, puis un documentaire, Ali, Hachem et Khaled coréalisé avec Roy Arida en 2020, Racha Baroud revient avec une nouvelle création: Et si ces larmes n’étaient pas les miennes? Dans cette performance, elle revisite l’histoire intime de sa famille et trouve l’espoir d’une réconciliation. Entre souvenirs et réminiscences, Racha Baroud tente de dévoiler l’indicible. Par la parole, l’image et le corps en résonance, elle révèle les mécanismes d’un héritage inconscient.
La solitude en commun
«Chacune a son propre parcours, son destin singulier, son histoire qui lui appartient. L’important n’est pas la forme de ces différentes solitudes, mais plutôt l’état intérieur des personnes habitées par celle-ci, la manière dont un être peut s’enterrer ou se débattre à l’intérieur de cet état», explique-t-elle dans une interview à Ici Beyrouth.
Racha Baroud (Crédits : Lucile Mercier)
Ces femmes ont en commun leur solitude, leur corps en souffrance, faute de pouvoir laisser vivre leurs sentiments et partager une parole libératrice. «La figure sur laquelle je m’attarde le plus dans un premier temps est celle de ma grand-mère. Dans son cas, il est question d’une solitude imposée par une croyance et un respect des coutumes et des traditions. À partir de là découle une éducation dont chacune de nous, à travers les générations, a également hérité. Nous avons toutes hérité d’une part de cette solitude qui l’habitait.»
Cette solitude peut avoir différents visages. Dans ce spectacle, Racha évoque surtout une solitude affective. La solitude d’un corps non considéré. «Si l’histoire évoquée dans la pièce prend ses racines dans un contexte libanais, je pense que la notion d’héritage inconscient est universelle et s’applique à chacun. Nous sommes tous le fruit d’un héritage et d’un vécu», précise-t-elle.
Le besoin de s’émanciper
Née à Paris en 1985, Racha Baroud est une actrice et metteuse en scène libanaise. Parallèlement à son master en études théâtrales à la Sorbonne-Nouvelle, elle se forme à Paris dans L'Atelier de jeu dirigé par Jacques Fontaine. Elle se concentre ensuite sur le travail physique avec le studio Matejka, basé à l'institut Grotowski en Pologne et approfondit son art dans le cadre de plusieurs workshops en Europe, notamment chez Alessio Castellacci, Irena Tomazin et Theodoros Terzopoulos.
«J’entretiens depuis toujours un rapport complexe avec mon corps, avec le corps de l’autre et avec les sentiments. J’ai compris avec le temps que cette complexité découlait à la fois de mon vécu et de mon histoire familiale. Cette pièce est donc une nécessité, le besoin de s’émanciper d’un silence, le besoin de faire sortir ce qu’il y avait au plus profond de moi, et l’occasion aussi, malgré toutes leurs maladresses et leurs souffrances, de rendre hommage à ces femmes.»
Dans Et si ces larmes n’étaient pas les miennes, la place du corps est centrale. À travers la partition physique, il est question d’illustrer l’état intérieur d’un corps qui devient écho et mémoire des corps dont il est la descendance. La parole nomme cet état, met des mots sur cette souffrance et finit par devenir libératrice.
Vue du spectacle (Crédits : Pierre-Emmanuel Urcun)
Un soir, seule à Jal el-Bahr, défilent dans ma tête les solitudes de toutes les femmes de cette famille. Chacune avec sa propre histoire, dans sa propre solitude. L’une après l’autre des larmes coulent sur mes joues. Je pleure. Je pleure, mais ces larmes ne sont pas que les miennes.
Tout au long du spectacle, à travers leurs textures et leur mouvement, les images reflètent également à leur manière la vibration intérieure de corps, le rapport sensible à leur histoire et leur état. C’est une partition qui se compose sur ces trois niveaux. Comme une musique où les notes s’agencent, se répondent où se jouent en même temps pour dialoguer ensemble. De ce langage composite naît cette résonance. Image, paroles et corps s’imprègnent l’une de l’autre. Tout cela, au fond, n’est que l’essence même du théâtre…
Billets à l’entrée du théâtre Al-Madina
Tarif normal: 150 000 L.L.
Ticket de soutien à partir de 200 000 L.L.
En langues française et arabe
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