©Le président Macron et le Pape François lors de leur dernière rencontre au Vatican, en juin 2018. (AFP)
Durant le quinquennat, les relations entre Emmanuel Macron et les catholiques ont oscillé entre "état de grâce" et déceptions, avec un président tentant de rester "prudent" face à un électorat dont il mesure l'importance.
Le chef de l'Etat est reçu vendredi par le Pape au Vatican, où il sera accueilli pour la deuxième fois depuis le début de son quinquennat après la visite de juin 2018. Une entrevue où il sera question de climat, des inégalités, de l'accès à la vaccination dans le monde, mais aussi de l'Europe.
Mais cette visite "n'est pas simplement déterminée par un agenda européen", affirme à l'AFP Philippe Portier, sociologue des religions, directeur d'études à l'Ecole pratique des hautes études. Pour le chef de l'Etat, il s'agit, à moins de cinq mois de la présidentielle, de "faire des gestes" notamment auprès d'une partie des catholiques français, les pratiquants réguliers, qui estiment que "Macron a commis des erreurs", selon lui.
Les catholiques français peuvent être divisés en plusieurs sous-groupes : 10% de la population sont pratiquants réguliers (allant à la messe au moins une fois par mois), 6% pratiquants irréguliers et 19% se disent catholiques non pratiquants, selon les enquêtes (de référence) européennes EVS.
Ils avaient, en 2017, voté majoritairement pour le candidat LR François Fillon au premier tour, puis pour Emmanuel Macron au second.
Au début du quinquennat, "il y a eu une sorte d'état de grâce", souligne M. Portier. D'abord parce que M. Macron, passé par une école jésuite et baptisé à 12 ans, "manifestait un respect face à ce que l'Eglise pouvait dire".
Puis, son discours, en avril 2018, au collège des Bernardins à Paris, a fait date. M. Macron avait déclaré vouloir "réparer" les liens entre l'Église et l'Etat et appelé les catholiques à s'investir dans la chose publique.
"Une main tendue vers les catholiques", note Céline Béraud, directrice d'études de l'Ecole des hautes études en sciences sociales (EHESS). Il s'agissait notamment "de se dissocier de François Hollande", dont le quinquennat avait été marqué, de 2012 à 2014, par plusieurs manifestations de protestation contre le projet de PMA (procréation médicalement assistée) pour toutes, organisées par de nombreuses organisations catholiques et soutenues par certains évêques.
Mais il y a eu par la suite plusieurs moments de tensions.
Les évêques catholiques n'ont tout d'abord pas apprécié de ne pas avoir été écoutés au moment des débats sur les lois de bioéthique (comprenant notamment l'accès à la PMA). "On a l'impression d'être inaudible", confiaient alors des responsables de l'épiscopat.
A l'automne 2020 et l'hiver 2021, la loi contre le "séparatisme", qui "comporte des éléments de restriction de la liberté de culte, a aussi été très choquant" pour la hiérarchie catholique, relève M. Portier.
Autres moments de friction: pendant le premier confinement, la restriction de l'accès aux obsèques a été très mal vécue. Puis à l'automne 2020, au deuxième confinement, l'interdiction des messes a viré à l'affrontement devant les juridictions : les catholiques les plus identitaires, puis la Conférence des évêques de France, ont assigné l'Etat devant le Conseil d'Etat.
Hormis ces moments d'accrochage, "Emmanuel Macron a été sur une ligne de prudence par rapport aux catholiques et a évité au maximum de nourrir une opposition chez eux", souligne Mme Béraud.
Le 16 juillet, le déplacement du chef de l'Etat au sanctuaire de Lourdes l'a placé comme le premier président de la Ve République à visiter ce haut-lieu du catholicisme.
Au moment des révélations choc du rapport Sauvé sur la pédocriminalité dans l'Eglise - qui est aujourd'hui le dossier majeur pour les catholiques - le chef de l'Etat a été plutôt discret. Il a "salué l'esprit de responsabilité de l'Eglise française qui a décidé de regarder ce sujet en face".
L'électorat catholique (qu'il soit pratiquant ou non), pour un candidat, c'est un électorat qu'"on ne peut pas négliger", relève M. Portier. Ce d'autant qu'il est "beaucoup moins abstentionniste que les autres".
Karine PERRET/AFP
Le chef de l'Etat est reçu vendredi par le Pape au Vatican, où il sera accueilli pour la deuxième fois depuis le début de son quinquennat après la visite de juin 2018. Une entrevue où il sera question de climat, des inégalités, de l'accès à la vaccination dans le monde, mais aussi de l'Europe.
Mais cette visite "n'est pas simplement déterminée par un agenda européen", affirme à l'AFP Philippe Portier, sociologue des religions, directeur d'études à l'Ecole pratique des hautes études. Pour le chef de l'Etat, il s'agit, à moins de cinq mois de la présidentielle, de "faire des gestes" notamment auprès d'une partie des catholiques français, les pratiquants réguliers, qui estiment que "Macron a commis des erreurs", selon lui.
Les catholiques français peuvent être divisés en plusieurs sous-groupes : 10% de la population sont pratiquants réguliers (allant à la messe au moins une fois par mois), 6% pratiquants irréguliers et 19% se disent catholiques non pratiquants, selon les enquêtes (de référence) européennes EVS.
Ils avaient, en 2017, voté majoritairement pour le candidat LR François Fillon au premier tour, puis pour Emmanuel Macron au second.
Au début du quinquennat, "il y a eu une sorte d'état de grâce", souligne M. Portier. D'abord parce que M. Macron, passé par une école jésuite et baptisé à 12 ans, "manifestait un respect face à ce que l'Eglise pouvait dire".
Puis, son discours, en avril 2018, au collège des Bernardins à Paris, a fait date. M. Macron avait déclaré vouloir "réparer" les liens entre l'Église et l'Etat et appelé les catholiques à s'investir dans la chose publique.
"Une main tendue vers les catholiques", note Céline Béraud, directrice d'études de l'Ecole des hautes études en sciences sociales (EHESS). Il s'agissait notamment "de se dissocier de François Hollande", dont le quinquennat avait été marqué, de 2012 à 2014, par plusieurs manifestations de protestation contre le projet de PMA (procréation médicalement assistée) pour toutes, organisées par de nombreuses organisations catholiques et soutenues par certains évêques.
Mais il y a eu par la suite plusieurs moments de tensions.
Les évêques catholiques n'ont tout d'abord pas apprécié de ne pas avoir été écoutés au moment des débats sur les lois de bioéthique (comprenant notamment l'accès à la PMA). "On a l'impression d'être inaudible", confiaient alors des responsables de l'épiscopat.
A l'automne 2020 et l'hiver 2021, la loi contre le "séparatisme", qui "comporte des éléments de restriction de la liberté de culte, a aussi été très choquant" pour la hiérarchie catholique, relève M. Portier.
Autres moments de friction: pendant le premier confinement, la restriction de l'accès aux obsèques a été très mal vécue. Puis à l'automne 2020, au deuxième confinement, l'interdiction des messes a viré à l'affrontement devant les juridictions : les catholiques les plus identitaires, puis la Conférence des évêques de France, ont assigné l'Etat devant le Conseil d'Etat.
Hormis ces moments d'accrochage, "Emmanuel Macron a été sur une ligne de prudence par rapport aux catholiques et a évité au maximum de nourrir une opposition chez eux", souligne Mme Béraud.
Le 16 juillet, le déplacement du chef de l'Etat au sanctuaire de Lourdes l'a placé comme le premier président de la Ve République à visiter ce haut-lieu du catholicisme.
Au moment des révélations choc du rapport Sauvé sur la pédocriminalité dans l'Eglise - qui est aujourd'hui le dossier majeur pour les catholiques - le chef de l'Etat a été plutôt discret. Il a "salué l'esprit de responsabilité de l'Eglise française qui a décidé de regarder ce sujet en face".
L'électorat catholique (qu'il soit pratiquant ou non), pour un candidat, c'est un électorat qu'"on ne peut pas négliger", relève M. Portier. Ce d'autant qu'il est "beaucoup moins abstentionniste que les autres".
Karine PERRET/AFP
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