Des activistes issus du soulèvement du 17 octobre 2019 ont été élus pour faire leur entrée au Parlement. Parmi ces figures, Firas Hamdan, qui avait été atteint d'une balle tirée à l'arme automatique par les gardes de la Chambre des députés lors des manifestations.
Ici Beyrouth a trouvé intéressant de savoir comment des activistes de différents regroupements perçoivent ces résultats. Quels renouveau espèrent-ils? Qu’attendent-ils des nouveaux députés? Comment peuvent ces derniers rendre le changement effectif?
Lina Boubes, activiste de la thawra, surnommée «mère de la révolution», se félicite que des personnalités politiques ont été déchues comme Talal Erslan, Elie Ferezli, Wiam Wahab et Fayçal Karamé. Elles ont été remplacées par de nouvelles figures, ce qui est prometteur. Elle souligne que de grandes familles, par exemple au Nord, craignent la thawra. L’élection de Michel Doueihy a marqué un grand tournant et fait peur aux Frangieh et Moawad.
De plus, elle met en exergue que le tandem chiite a connu une défaite remarquable au Sud-Liban où, pendant des années, il avait une mainmise totale. Pour Boubes, le chemin du changement est long, mais va indubitablement porter ses fruits.
Pour l’ingénieur Jihad Farah, candidat aux législatives à Koura et membre de Chamalouna, toutes les formations politiques sont désormais obligées de prendre en considération l’avis des entités issues de la thawra, notamment en ce qui concerne la promulgation des lois. Les députés seraient le porte-parole du peuple au Parlement, «ses yeux et ses oreilles». Il rappelle que le Liban doit reprendre les négociations avec le FMI et la Banque mondiale, et que des réformes sérieuses et profondes sont attendues. Une reddition des comptes serait aussi envisagée. Pour Farah, les cartes politiques ont été mélangées et Nabih Berry ne peut plus redevenir chef du Parlement. A long terme, Farah dévoile la volonté qu’une majorité parlementaire opère le changement par la pratique politique et l’expertise dans les différents domaines. «L’autorité actuelle ne peut continuer de gouverner le pays», dit-il.
De son côté, Yehya Maouloud, membre du bureau politique du parti Lana et ancien candidat aux élections de 2018, considère qu’il s’agit d’une «victoire» qui serait l’aboutissement de mouvements cumulés, comme l'appel à l’abolition du confessionnalisme en 2011 et 2015, les législatives de 2018, les municipales, les élections de Tripoli, puis la thawra. Toutefois, insiste-t-il, il s'agit d'un début de changement. «Nous avons battu un grand duopole, celui des 8 et 14 mars», affirme-t-il. Pour lui, un nouveau bloc a émergé, distinct des deux autres, mais qui ne détient pas encore le pouvoir de décision. «Nos amis et députés ne sont pas le pouvoir politique», explique-t-il. Puis il constate que les élus pourront cependant dénoncer ce qui se passe durant les séances parlementaires. Maouloud souhaite qu’il y ait un bloc homogène qui présente un nouvel exemple de travail politique, économique et social. Il explique que celui-ci devrait se fonder sur des initiatives, des valeurs, des projets clairs... Il énumère alors la protection des droits des gens, l’abstention de vendre les actifs de l’Etat… Toutefois, il devrait prioritairement plancher sur les domaines économique et social, vu l'urgence des problèmes. A son avis, le changement s’opèrera par la nouvelle façon de travailler au sein des comités, avec des projets basés sur des chiffres clairs et des politiques publiques.
Pour sa part, Sami Saab, l’un des fondateurs de Act For Lebanon, trouve que le plus important aujourd’hui est que les forces de changement soient unies. Cela s’est produit à Chouf-Aley, par exemple, mais devait s’étendre à toutes les circonscriptions, assure-t-il. Ainsi, les résultats auraient pu être meilleurs, poursuit-il. Saab met la lumière sur la multiplicité des échéances, citant l’élection du chef du Parlement, celle du président de la République, les dossiers et projets de lois... Les candidats ayant obtenu un large nombre de voix, ainsi que le peuple sont appelés à soutenir, par leurs connaissances et compétences, les députés élus. Pour Saab, «le Liban demeure dispersé. L’Etat est absent et il faut le reconstruire». Alors, il évoque le problème lié à la présence du Hezbollah, qui est la preuve la plus tangible de l’absence de l’Etat, le système judiciaire dépendant, les quotas, le confessionnalisme... Il affirme que le parti de Dieu possède «ses armes, ses régions, son régime financier», et que cette formation ne peut pas continuer de gouverner par la puissance de ses armes. Il ajoute que des politiciens, des cartels, des propriétaires de banques seraient responsables de la situation actuelle du pays, mais que le Liban sans secteur bancaire se dissiperait. Pour Saab il est fondamental, suite à ces élections, de décider de l’identité du Liban. Cet activiste politique et chef d’entreprise tient à ce que le Liban soit libéral, doté d’un secteur bancaire performant. Il promeut le partenariat privé et public et revendique «une armée, un peuple et un État fort et neutre». Il voudrait principalement l’application des accords de Taëf ou la mise en place d’un régime fédéral car, pour lui, «fédérer, c’est rassembler» et permettre le développement des différentes régions dans les domaines éducatifs, sanitaires, etc.
En somme, les attentes sont multiples. Les espoirs, plutôt réalistes. L'expérience vécue, intense. Seul l'avenir pourra montrer si les leçons ont été bien tirées. Néanmoins, les entités s’accorderont-elles sur un socle commun de principes et de stratégies, capable de sauver le pays de l'enfer dans lequel il se trouve?
Ici Beyrouth a trouvé intéressant de savoir comment des activistes de différents regroupements perçoivent ces résultats. Quels renouveau espèrent-ils? Qu’attendent-ils des nouveaux députés? Comment peuvent ces derniers rendre le changement effectif?
Lina Boubes, activiste de la thawra, surnommée «mère de la révolution», se félicite que des personnalités politiques ont été déchues comme Talal Erslan, Elie Ferezli, Wiam Wahab et Fayçal Karamé. Elles ont été remplacées par de nouvelles figures, ce qui est prometteur. Elle souligne que de grandes familles, par exemple au Nord, craignent la thawra. L’élection de Michel Doueihy a marqué un grand tournant et fait peur aux Frangieh et Moawad.
De plus, elle met en exergue que le tandem chiite a connu une défaite remarquable au Sud-Liban où, pendant des années, il avait une mainmise totale. Pour Boubes, le chemin du changement est long, mais va indubitablement porter ses fruits.
Pour l’ingénieur Jihad Farah, candidat aux législatives à Koura et membre de Chamalouna, toutes les formations politiques sont désormais obligées de prendre en considération l’avis des entités issues de la thawra, notamment en ce qui concerne la promulgation des lois. Les députés seraient le porte-parole du peuple au Parlement, «ses yeux et ses oreilles». Il rappelle que le Liban doit reprendre les négociations avec le FMI et la Banque mondiale, et que des réformes sérieuses et profondes sont attendues. Une reddition des comptes serait aussi envisagée. Pour Farah, les cartes politiques ont été mélangées et Nabih Berry ne peut plus redevenir chef du Parlement. A long terme, Farah dévoile la volonté qu’une majorité parlementaire opère le changement par la pratique politique et l’expertise dans les différents domaines. «L’autorité actuelle ne peut continuer de gouverner le pays», dit-il.
De son côté, Yehya Maouloud, membre du bureau politique du parti Lana et ancien candidat aux élections de 2018, considère qu’il s’agit d’une «victoire» qui serait l’aboutissement de mouvements cumulés, comme l'appel à l’abolition du confessionnalisme en 2011 et 2015, les législatives de 2018, les municipales, les élections de Tripoli, puis la thawra. Toutefois, insiste-t-il, il s'agit d'un début de changement. «Nous avons battu un grand duopole, celui des 8 et 14 mars», affirme-t-il. Pour lui, un nouveau bloc a émergé, distinct des deux autres, mais qui ne détient pas encore le pouvoir de décision. «Nos amis et députés ne sont pas le pouvoir politique», explique-t-il. Puis il constate que les élus pourront cependant dénoncer ce qui se passe durant les séances parlementaires. Maouloud souhaite qu’il y ait un bloc homogène qui présente un nouvel exemple de travail politique, économique et social. Il explique que celui-ci devrait se fonder sur des initiatives, des valeurs, des projets clairs... Il énumère alors la protection des droits des gens, l’abstention de vendre les actifs de l’Etat… Toutefois, il devrait prioritairement plancher sur les domaines économique et social, vu l'urgence des problèmes. A son avis, le changement s’opèrera par la nouvelle façon de travailler au sein des comités, avec des projets basés sur des chiffres clairs et des politiques publiques.
Pour sa part, Sami Saab, l’un des fondateurs de Act For Lebanon, trouve que le plus important aujourd’hui est que les forces de changement soient unies. Cela s’est produit à Chouf-Aley, par exemple, mais devait s’étendre à toutes les circonscriptions, assure-t-il. Ainsi, les résultats auraient pu être meilleurs, poursuit-il. Saab met la lumière sur la multiplicité des échéances, citant l’élection du chef du Parlement, celle du président de la République, les dossiers et projets de lois... Les candidats ayant obtenu un large nombre de voix, ainsi que le peuple sont appelés à soutenir, par leurs connaissances et compétences, les députés élus. Pour Saab, «le Liban demeure dispersé. L’Etat est absent et il faut le reconstruire». Alors, il évoque le problème lié à la présence du Hezbollah, qui est la preuve la plus tangible de l’absence de l’Etat, le système judiciaire dépendant, les quotas, le confessionnalisme... Il affirme que le parti de Dieu possède «ses armes, ses régions, son régime financier», et que cette formation ne peut pas continuer de gouverner par la puissance de ses armes. Il ajoute que des politiciens, des cartels, des propriétaires de banques seraient responsables de la situation actuelle du pays, mais que le Liban sans secteur bancaire se dissiperait. Pour Saab il est fondamental, suite à ces élections, de décider de l’identité du Liban. Cet activiste politique et chef d’entreprise tient à ce que le Liban soit libéral, doté d’un secteur bancaire performant. Il promeut le partenariat privé et public et revendique «une armée, un peuple et un État fort et neutre». Il voudrait principalement l’application des accords de Taëf ou la mise en place d’un régime fédéral car, pour lui, «fédérer, c’est rassembler» et permettre le développement des différentes régions dans les domaines éducatifs, sanitaires, etc.
En somme, les attentes sont multiples. Les espoirs, plutôt réalistes. L'expérience vécue, intense. Seul l'avenir pourra montrer si les leçons ont été bien tirées. Néanmoins, les entités s’accorderont-elles sur un socle commun de principes et de stratégies, capable de sauver le pays de l'enfer dans lequel il se trouve?
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