Un colonel des Pasdaran assassiné en plein Téhéran
©Une personne se recueillit sur la tombe du physicien nucléaire Mohsen Fakhrizadeh, assassiné en novembre 2020. Un meurtre imputé par Téhéran à Israël. (AFP)

Le colonel Sayyad Khodaï, membre des Gardiens de la Révolution islamique, la force paramilitaire idéologique du régime, a été assassiné dimanche à Téhéran. Cet acte constitue le premier assassinat d'importance d'un membre des Pasdaran depuis le meurtre en novembre 2020 d'un physicien nucléaire. Les Gardiens de la révolution ont d'ores et déjà imputé à "l'arrogance mondiale" (États-Unis et leurs alliés), ainsi qu'à "l'ennemi sioniste" le meurtre du colonel.




Un défenseur du sanctuaire

"Le colonel Sayyad Khodaï, un défenseur du sanctuaire, a été assassiné lors d'une attaque armée menée par deux motards dans la rue Mojahedin-é Eslam à Téhéran", ont indiqué les Gardiens, dans un communiqué publié sur leur site officiel.Le terme "défenseur du sanctuaire" désigne toute personne travaillant pour le compte de la République islamique en Syrie et en Irak, deux pays abritant des lieux de culte chiites, où l'Iran exerce une influence et affirme être présent par le biais de ce qu'il présente comme des "conseillers militaires".

La faute à l'"arrogance mondiale"

La télévision d'État a précisé sans plus de détails que le colonel Khodaï était "connu en Syrie", pays en guerre depuis 2011. Dans leur communiqué, les Gardiens ont dénoncé un "acte terroriste" commis par des "éléments liés à l'arrogance mondiale" (les États-Unis et leurs alliés, dans la phraséologie officielle de la République islamique, NDLR).

"Ce crime inhumain a été perpétré par des éléments terroristes affiliés à l'arrogance mondiale", a également dénoncé le porte-parole du ministère des Affaires étrangères, Saïd Khatibzadeh, condamnant le "silence des pays qui prétendent lutter contre le terrorisme".

Le colonel Khodaï est la figure la plus importante dont le meurtre sur le sol iranien a été annoncé par Téhéran depuis celui du physicien nucléaire Mohsen Fakhrizadeh, tué en novembre 2020 près de la capitale dans une attaque contre son convoi.

Un "réseau de voyous"

Sayyad Khodaï a été atteint de cinq balles lors de cette attaque survenue vers 16h00 (11h30 GMT), alors qu'il rentrait chez lui, selon l'agence de presse officielle Irna. Irna a publié des photos montrant un homme couvert de sang, assis sur le siège du conducteur d'une voiture dont les vitres avait été brisées.


L'agence de presse Tasnim a pour sa part précisé que Khodaï se trouvait "près de chez lui" quand il a été tué et que "sa femme fut la première personne à découvrir le corps". L'agence de presse Fars a indiqué que le procureur de Téhéran "s'est présenté en personne sur les lieux" des faits, et ordonné d'"accélérer l'identification et l'arrestation des auteurs de cet acte criminel".

Plutôt dans la journée, les Gardiens ont annoncé l'arrestation d'un "réseau de voyous liés au service de renseignement du régime sioniste" (Israël, NDLR). Le réseau est impliqué dans "des vols, la détérioration de biens privés et publics, des enlèvements et l'obtention de faux aveux", ont accusé les Gardiens.



À Bagdad, des affiches rendent hommage aux deux dernières figures iraniennes d'importance assassinées: le général Qassem Soleimani (à droite) et le physicien nucléaire Mohsen Fakhrizadeh.
Pasdaran et liste noire

Fakhrizadeh a été présenté après sa mort comme un vice-ministre de la Défense et le chef de l'Organisation de la recherche et de l'innovation en matière de défense (Sépand), ayant notamment contribué à la "défense anti-atomique" du pays. L'Iran accuse Israël, son ennemi juré, d'avoir commandité l'attentat.L’assassinat de Khodaï intervient alors que l'Iran est engagé depuis plus d'un an dans des négociations avec les puissances mondiales pour relancer un accord international conclu en 2015 pour encadrer son programme nucléaire, mais dont Washington s'est retiré unilatéralement en 2018. Les négociations sont à l'arrêt depuis deux mois alors même qu'un projet de texte semblait à portée de signature.L'un des derniers obstacles est, en effet, la demande de Téhéran que les États-Unis retirent les Gardiens de la révolution de la liste noire américaine des "organisations terroristes étrangères".

Avec AFP

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