C’est sans détour que le secrétaire général du Hezbollah, Hassan Nasrallah, a déclaré en mars dernier aux cadres de son parti: «Notre bataille lors des prochaines élections est la bataille de nos alliés... nous travaillerons pour les candidats de ceux-ci comme nous travaillons pour nos candidats.» Vu le but que le parti s’était fixé, on peut aisément affirmer qu'il a perdu la bataille et les élections dans la foulée. Un camouflet retentissant infligé au parti au fur et à mesure que les résultats étaient proclamés.
Ses alliés sont d’ailleurs tombés comme des mouches: Élie Ferzli dans la Békaa-Ouest, Assaad Hardane au Liban-Sud, Faysal Karamé à Tripoli. Cependant, la chute la plus tonitruante fut celle de ses alliés druzes, Talal Arslan et Wiam Wahhab, dans le Chouf.
Après la proclamation des résultats définitifs par le ministère de l'Intérieur, on peut parler de 60 députés qui gravitent dans l’orbite du parti, contre 68 pour le compte de l’opposition tous azimuts. Au moment où le parti de Dieu envisageait de s'emparer de la majorité et d'élargir sa représentativité communautaire, les urnes en ont décidé autrement, et lui ont porté un grand coup qui a réduit le bloc parlementaire qui le soutenait. Ce qui a poussé le chef du bloc parlementaire du Hezbollah, le député Muhammad Raad, à monter au créneau, ce qu’il n’aurait pas fait s’il était vainqueur, estimant que «l'autre partie conduira le Liban à l'abîme si elle refuse de former un gouvernement d’union nationale», et d’ajouter : «Nous vous acceptons comme nos adversaires au Parlement, mais nous n’accepterons en aucun cas que vous soyez des boucliers pour Israël et ses acolytes». Raad a appelé ses opposants à être prudents au niveau de leur rhétorique et leur comportement politique, et à préserver l'avenir du pays, en affirmant: «Ne soyez pas le carburant d'une guerre civile».
Que Raad utilise l'expression «nous vous acceptons comme opposants au Parlement», n’est aucunement fortuit. C’est comme s’il faisait honneur à ses opposants en les acceptant comme collègues au Parlement. Alors que lui ou son parti ne devraient pas avoir leur mot à dire sur la question. Néanmoins, il semble clair que la grande puissance dont jouit le Hezbollah, et qu’il n’hésite pas à étaler à chaque étape et échéance, commence à se refléter directement dans ses propos. La mise en garde adressée à ses adversaires en ce qui concerne leur «rhétorique et leur comportement» n'était qu'une menace à peine voilée, en guise d’accueil aux nouveaux députés, pensant que cela les effraierait et les pousserait à revoir leur copie avant la mise en œuvre effective de leurs programmes électoraux et plans d'action.
Certes, la répartition des sièges entre les différents groupes parlementaires du Parlement 2022 ne permet pas de dégager une majorité claire. En effet, ce Parlement est composé de groupes minoritaires forcés de s'allier entre eux, que ce soit pour faire face aux échéances à venir, au premier rang desquelles l'élection du président du Parlement, la formation du gouvernement et l'élection du président de la République, ou pour voter des projets de lois cruciales ou ordinaires. Mais force est de constater que le nombre de députés qui ne soutiennent pas les armes du Hezbollah est majoritaire dans le Parlement actuel, soit 68 députés élus, et c'est peut-être la raison qui a fait sortir le parti de ses gonds pour brandir assez tôt ses menaces et intimidations.
Comme attendu, le parti refuse de s'avouer vaincu aux élections. Des sources proches de ses milieux ont déclaré à Ici Beyrouth que «l’objectif stratégique du parti dans cette échéance était de conserver la totalité de la représentation chiite et d'empêcher toute percée dans les circonscriptions au niveau des sièges chiites», considérant que «les alliés, et en premier lieu le Courant patriotique libre, ont été aidés dans plus d’une circonscription. D’ailleurs, le CPL n’aurait pas pu obtenir cinq députés supplémentaires sans le vote chiite, même si la priorité était d'empêcher une percée au niveau des sièges chiites. À ce titre, la bataille de Baalbek-Hermel en était la parfaite illustration. Malgré la possibilité de renverser le député des Forces libanaises, Antoine Habchi, le parti a préféré orienter les électeurs vers le vote pour les candidats chiites».
Les sources considèrent que le parti, fort de sa mainmise avec le mouvement Amal sur les 27 députés chiites, dispose d’un avantage au niveau du pacte national, dans le sens où aucune décision fatidique et stratégique ne passera sans son aval. Le premier test en la matière pourrait être l’élection du président du Parlement. Si le bloc chiite avait été percé, ne serait-ce que par un siège, l'autre partie aurait pu nommer une figure de l'opposition chiite face au candidat du tandem chiite, créant ainsi un précédent dangereux qu’il n’aurait pas permis. En l’état actuel des choses, le mieux qu'ils puissent faire pour barrer la route à la réélection de Berry pour un nouveau mandat est de déposer des bulletins blancs dans l'urne en signe de protestation... À ce titre, la déclaration du chef des Forces libanaises, Samir Geagea, selon laquelle les élections à la présidence du Parlement seront différentes cette fois, est à ranger au rang de propos populistes, utiles dans la phase pré-électorale, mais sans aucune valeur aujourd'hui».
Et si le parti veut imposer de nouveau, et pour la septième fois consécutive, Berry à la présidence du Parlement, il est tout aussi déterminé à imposer la forme de gouvernement qu'il souhaite, soit un gouvernement d'union nationale, une proposition rejetée par de nombreux blocs parlementaires, notamment les Forces libanaises. Cette question fera l'objet, sans doute, d’une lutte âpre entre les différentes forces politiques dans les semaines à venir. Le chef du Courant patriotique libre, Gebran Bassil, a en effet déclaré son refus de la proposition qui consiste à former un gouvernement de «technocrates», une proposition avancée par les Forces libanaises s'il n'y a aucune possibilité de former un gouvernement à partir de la majorité.
Des sources politiques bien informées ont déclaré à Ici Beyrouth que «la crise actuelle va s'aggraver avec la nouvelle donne parlementaire. Alors que les Forces libanaises se rangeaient par le passé, sans hésitation, dans les rangs de l'opposition quand elles refusaient une proposition, elles forment désormais le plus grand bloc chrétien, même si le Courant patriotique libre revendique également ce statut. Ainsi, la parole des Forces libanaises et leur volonté ont à présent un impact plus grand que jamais. Les FL ne vont pas faciliter la tâche de leurs adversaires en recourant à l'opposition, à un moment où elles estiment être capables d'imposer le cours des choses avec leurs propositions, si elles parviennent à s'assurer une majorité formée d'indépendants et d'autres partis qui leur sont proches, ce qui revient à obliger leurs adversaires à recourir alors à l'opposition».
Les sources considèrent que «le grand bras de fer qui s’est joué entre le Hezbollah et les Forces libanaises lors des élections législatives continuera de plus belle, et c’est sans compter la perpétuelle épreuve de force entre les Forces libanaises et le Courant patriotique libre. Ce qui se traduira par une lutte sans précédent et particulièrement dangereuse à laquelle sera confronté le pays, puisqu’elle intervient à un stade des plus délicats de l'histoire moderne du Liban, économiquement et financièrement, faisant courir le risque d’un effondrement qui emportera tout sur son passage».
Par conséquent, l'euphorie de la victoire remportée face au Hezbollah et ses alliés va-t-elle bientôt s'estomper, l'effondrement économique en cours atteignant de nouveaux sommets? Ou la majorité souveraine va-t-elle imposer une méthode de travail différente, en phase avec le tempo international, et placer le pays sur la voie du redressement dans les mois à venir?
Ses alliés sont d’ailleurs tombés comme des mouches: Élie Ferzli dans la Békaa-Ouest, Assaad Hardane au Liban-Sud, Faysal Karamé à Tripoli. Cependant, la chute la plus tonitruante fut celle de ses alliés druzes, Talal Arslan et Wiam Wahhab, dans le Chouf.
Après la proclamation des résultats définitifs par le ministère de l'Intérieur, on peut parler de 60 députés qui gravitent dans l’orbite du parti, contre 68 pour le compte de l’opposition tous azimuts. Au moment où le parti de Dieu envisageait de s'emparer de la majorité et d'élargir sa représentativité communautaire, les urnes en ont décidé autrement, et lui ont porté un grand coup qui a réduit le bloc parlementaire qui le soutenait. Ce qui a poussé le chef du bloc parlementaire du Hezbollah, le député Muhammad Raad, à monter au créneau, ce qu’il n’aurait pas fait s’il était vainqueur, estimant que «l'autre partie conduira le Liban à l'abîme si elle refuse de former un gouvernement d’union nationale», et d’ajouter : «Nous vous acceptons comme nos adversaires au Parlement, mais nous n’accepterons en aucun cas que vous soyez des boucliers pour Israël et ses acolytes». Raad a appelé ses opposants à être prudents au niveau de leur rhétorique et leur comportement politique, et à préserver l'avenir du pays, en affirmant: «Ne soyez pas le carburant d'une guerre civile».
Que Raad utilise l'expression «nous vous acceptons comme opposants au Parlement», n’est aucunement fortuit. C’est comme s’il faisait honneur à ses opposants en les acceptant comme collègues au Parlement. Alors que lui ou son parti ne devraient pas avoir leur mot à dire sur la question. Néanmoins, il semble clair que la grande puissance dont jouit le Hezbollah, et qu’il n’hésite pas à étaler à chaque étape et échéance, commence à se refléter directement dans ses propos. La mise en garde adressée à ses adversaires en ce qui concerne leur «rhétorique et leur comportement» n'était qu'une menace à peine voilée, en guise d’accueil aux nouveaux députés, pensant que cela les effraierait et les pousserait à revoir leur copie avant la mise en œuvre effective de leurs programmes électoraux et plans d'action.
Certes, la répartition des sièges entre les différents groupes parlementaires du Parlement 2022 ne permet pas de dégager une majorité claire. En effet, ce Parlement est composé de groupes minoritaires forcés de s'allier entre eux, que ce soit pour faire face aux échéances à venir, au premier rang desquelles l'élection du président du Parlement, la formation du gouvernement et l'élection du président de la République, ou pour voter des projets de lois cruciales ou ordinaires. Mais force est de constater que le nombre de députés qui ne soutiennent pas les armes du Hezbollah est majoritaire dans le Parlement actuel, soit 68 députés élus, et c'est peut-être la raison qui a fait sortir le parti de ses gonds pour brandir assez tôt ses menaces et intimidations.
Comme attendu, le parti refuse de s'avouer vaincu aux élections. Des sources proches de ses milieux ont déclaré à Ici Beyrouth que «l’objectif stratégique du parti dans cette échéance était de conserver la totalité de la représentation chiite et d'empêcher toute percée dans les circonscriptions au niveau des sièges chiites», considérant que «les alliés, et en premier lieu le Courant patriotique libre, ont été aidés dans plus d’une circonscription. D’ailleurs, le CPL n’aurait pas pu obtenir cinq députés supplémentaires sans le vote chiite, même si la priorité était d'empêcher une percée au niveau des sièges chiites. À ce titre, la bataille de Baalbek-Hermel en était la parfaite illustration. Malgré la possibilité de renverser le député des Forces libanaises, Antoine Habchi, le parti a préféré orienter les électeurs vers le vote pour les candidats chiites».
Les sources considèrent que le parti, fort de sa mainmise avec le mouvement Amal sur les 27 députés chiites, dispose d’un avantage au niveau du pacte national, dans le sens où aucune décision fatidique et stratégique ne passera sans son aval. Le premier test en la matière pourrait être l’élection du président du Parlement. Si le bloc chiite avait été percé, ne serait-ce que par un siège, l'autre partie aurait pu nommer une figure de l'opposition chiite face au candidat du tandem chiite, créant ainsi un précédent dangereux qu’il n’aurait pas permis. En l’état actuel des choses, le mieux qu'ils puissent faire pour barrer la route à la réélection de Berry pour un nouveau mandat est de déposer des bulletins blancs dans l'urne en signe de protestation... À ce titre, la déclaration du chef des Forces libanaises, Samir Geagea, selon laquelle les élections à la présidence du Parlement seront différentes cette fois, est à ranger au rang de propos populistes, utiles dans la phase pré-électorale, mais sans aucune valeur aujourd'hui».
Et si le parti veut imposer de nouveau, et pour la septième fois consécutive, Berry à la présidence du Parlement, il est tout aussi déterminé à imposer la forme de gouvernement qu'il souhaite, soit un gouvernement d'union nationale, une proposition rejetée par de nombreux blocs parlementaires, notamment les Forces libanaises. Cette question fera l'objet, sans doute, d’une lutte âpre entre les différentes forces politiques dans les semaines à venir. Le chef du Courant patriotique libre, Gebran Bassil, a en effet déclaré son refus de la proposition qui consiste à former un gouvernement de «technocrates», une proposition avancée par les Forces libanaises s'il n'y a aucune possibilité de former un gouvernement à partir de la majorité.
Des sources politiques bien informées ont déclaré à Ici Beyrouth que «la crise actuelle va s'aggraver avec la nouvelle donne parlementaire. Alors que les Forces libanaises se rangeaient par le passé, sans hésitation, dans les rangs de l'opposition quand elles refusaient une proposition, elles forment désormais le plus grand bloc chrétien, même si le Courant patriotique libre revendique également ce statut. Ainsi, la parole des Forces libanaises et leur volonté ont à présent un impact plus grand que jamais. Les FL ne vont pas faciliter la tâche de leurs adversaires en recourant à l'opposition, à un moment où elles estiment être capables d'imposer le cours des choses avec leurs propositions, si elles parviennent à s'assurer une majorité formée d'indépendants et d'autres partis qui leur sont proches, ce qui revient à obliger leurs adversaires à recourir alors à l'opposition».
Les sources considèrent que «le grand bras de fer qui s’est joué entre le Hezbollah et les Forces libanaises lors des élections législatives continuera de plus belle, et c’est sans compter la perpétuelle épreuve de force entre les Forces libanaises et le Courant patriotique libre. Ce qui se traduira par une lutte sans précédent et particulièrement dangereuse à laquelle sera confronté le pays, puisqu’elle intervient à un stade des plus délicats de l'histoire moderne du Liban, économiquement et financièrement, faisant courir le risque d’un effondrement qui emportera tout sur son passage».
Par conséquent, l'euphorie de la victoire remportée face au Hezbollah et ses alliés va-t-elle bientôt s'estomper, l'effondrement économique en cours atteignant de nouveaux sommets? Ou la majorité souveraine va-t-elle imposer une méthode de travail différente, en phase avec le tempo international, et placer le pays sur la voie du redressement dans les mois à venir?
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