Dès qu’il s’agit de disserter sur le modèle économique souhaité pour le Liban de demain, on ne compte plus le nombre de voix qui se prononcent pour les «secteurs productifs», par opposition à «l’économie de rente et de services des décennies passées». Il est temps de mettre un peu d’ordre dans cette confusion.
D’abord une leçon élémentaire. Traditionnellement, l’économie d’un pays est divisée en trois secteurs: le secteur primaire (l’agriculture), le secteur secondaire (l’industrie) et le secteur tertiaire (les services). L’idée, commune parmi les profanes, selon laquelle les secteurs dits «productifs» sont uniquement l’agriculture et l’industrie, est caduque depuis toujours, encore plus dans cette ère post-industrielle. La défendre envers et contre tout peut mener à des conclusions néfastes, puisqu’elle ignore l’ampleur et l’importance des services comme valeur primordiale.
La richesse des nations
Déjà, dans toute la littérature économique, on définit la richesse d’une nation comme étant la quantité de biens ET services disponibles, produits localement et éventuellement exportables. Le fait que les premiers, les biens , sont matériels, alors que les autres, les services, sont des actes immatériels, ne change rien à cette réalité. Il suffit que, dans un cas comme dans l’autre, il y ait des consommateurs prêts à en payer le prix.
Malgré cela, des esprits étroits continuent de dire que le secteur tertiaire est fragile par essence puisqu’il ne produit pas des biens matériels et durables, et que les services «périssent au moment de leur création». C’est une image d’Épinal: avec un minimum de lucidité, on peut aligner des secteurs immatériels qui produisent une forte valeur ajoutée. Les plus évidents sont les soins de santé, les transports, l’éducation, l’assurance, les services financiers et bien d’autres encore qui font partie de ce secteur dit «non-productif». Une économie à faible teneur de services est devenue désuète.
C’est d’ailleurs la raison pour laquelle Julian Simon, remarquable économiste américain, a pu montrer que les meilleures ressources naturelles sont en fait le produit de l’esprit humain.
Un pilier de l’économie
De nos jours, le secteur des services est bel et bien le plus grand secteur de l'économie mondiale en termes de valeur ajoutée. Les données de la Banque mondiale montrent que 75% de la croissance économique dans les économies avancées est due aux services. Quelques pays à revenu faible ou intermédiaire figurent même parmi les 10 premiers exportateurs mondiaux de services.
Les États-Unis, pays industrialisé par excellence, sont aussi le plus grand pays en termes de services, puisque plus de 70% de la main-d’œuvre travaille dans ce secteur. Les services de la santé ont grandement aidé l’économie américaine à se redresser après la crise financière de 2008 avec un rythme de création d’emplois sept fois plus important que l'économie globale. De son côté, le commerce de détail «traditionnel» fournit près de 10% de l'emploi total aux États-Unis. S’il l’on ajoute les nouveaux métiers de ce même secteur, on peut multiplier son impact sur l’économie. Les Amazon, eBay, Google, Netflix, Facebook… contribuent fortement à la prospérité du pays. Même le nouveau monde virtuel des NRF commence à avoir sa place privilégiée.
Même en Chine, l’usine du monde, le secteur tertiaire représente 54% du PIB. Ses services de transport, d'information, d'investissement… et ces émules d’Ali Baba ont produit plus de richesses que la métallurgie.
On peut multiplier les exemples à l’infini: la Suisse avec le tourisme et ses services financiers et de négoce de matières premières; puis la France, autre pays dit industriel, mais où les services représentent 76% du PIB.
Qu’est-ce qui est transposable au Liban ?
L'économie libanaise repose aussi principalement sur le secteur des services, qui représente 60 % du PIB avec son commerce, son tourisme, ses hôpitaux, ses universités, mais aussi les services informatiques, financiers, audiovisuels, les conseils juridiques, les créations artistiques et culturelles… autant de secteurs qui n’ont pas besoin de matières premières ou d’infrastructure – qu’on n’a pas de toute façon. Les secteurs primaire et secondaire ne doivent pas être négligés, pour des raisons sociales et d’équilibre. Mais il faut bien se rendre à l’évidence que leur potentiel de croissance est limité par la morphologie du pays et ses paramètres propres. En revanche, les indicateurs internationaux ont toujours montré que le plus gros potentiel de valeur ajoutée au Liban se trouve du côté des services, surtout grâce à une main d’œuvre qualifiée et à des connexions internationales sans pareilles. Espérons que tout cela ne sera pas sacrifié au nom d’une supposée transformation de l’économie suite à la crise actuelle.
D’abord une leçon élémentaire. Traditionnellement, l’économie d’un pays est divisée en trois secteurs: le secteur primaire (l’agriculture), le secteur secondaire (l’industrie) et le secteur tertiaire (les services). L’idée, commune parmi les profanes, selon laquelle les secteurs dits «productifs» sont uniquement l’agriculture et l’industrie, est caduque depuis toujours, encore plus dans cette ère post-industrielle. La défendre envers et contre tout peut mener à des conclusions néfastes, puisqu’elle ignore l’ampleur et l’importance des services comme valeur primordiale.
La richesse des nations
Déjà, dans toute la littérature économique, on définit la richesse d’une nation comme étant la quantité de biens ET services disponibles, produits localement et éventuellement exportables. Le fait que les premiers, les biens , sont matériels, alors que les autres, les services, sont des actes immatériels, ne change rien à cette réalité. Il suffit que, dans un cas comme dans l’autre, il y ait des consommateurs prêts à en payer le prix.
Malgré cela, des esprits étroits continuent de dire que le secteur tertiaire est fragile par essence puisqu’il ne produit pas des biens matériels et durables, et que les services «périssent au moment de leur création». C’est une image d’Épinal: avec un minimum de lucidité, on peut aligner des secteurs immatériels qui produisent une forte valeur ajoutée. Les plus évidents sont les soins de santé, les transports, l’éducation, l’assurance, les services financiers et bien d’autres encore qui font partie de ce secteur dit «non-productif». Une économie à faible teneur de services est devenue désuète.
C’est d’ailleurs la raison pour laquelle Julian Simon, remarquable économiste américain, a pu montrer que les meilleures ressources naturelles sont en fait le produit de l’esprit humain.
Un pilier de l’économie
De nos jours, le secteur des services est bel et bien le plus grand secteur de l'économie mondiale en termes de valeur ajoutée. Les données de la Banque mondiale montrent que 75% de la croissance économique dans les économies avancées est due aux services. Quelques pays à revenu faible ou intermédiaire figurent même parmi les 10 premiers exportateurs mondiaux de services.
Les États-Unis, pays industrialisé par excellence, sont aussi le plus grand pays en termes de services, puisque plus de 70% de la main-d’œuvre travaille dans ce secteur. Les services de la santé ont grandement aidé l’économie américaine à se redresser après la crise financière de 2008 avec un rythme de création d’emplois sept fois plus important que l'économie globale. De son côté, le commerce de détail «traditionnel» fournit près de 10% de l'emploi total aux États-Unis. S’il l’on ajoute les nouveaux métiers de ce même secteur, on peut multiplier son impact sur l’économie. Les Amazon, eBay, Google, Netflix, Facebook… contribuent fortement à la prospérité du pays. Même le nouveau monde virtuel des NRF commence à avoir sa place privilégiée.
Même en Chine, l’usine du monde, le secteur tertiaire représente 54% du PIB. Ses services de transport, d'information, d'investissement… et ces émules d’Ali Baba ont produit plus de richesses que la métallurgie.
On peut multiplier les exemples à l’infini: la Suisse avec le tourisme et ses services financiers et de négoce de matières premières; puis la France, autre pays dit industriel, mais où les services représentent 76% du PIB.
Qu’est-ce qui est transposable au Liban ?
L'économie libanaise repose aussi principalement sur le secteur des services, qui représente 60 % du PIB avec son commerce, son tourisme, ses hôpitaux, ses universités, mais aussi les services informatiques, financiers, audiovisuels, les conseils juridiques, les créations artistiques et culturelles… autant de secteurs qui n’ont pas besoin de matières premières ou d’infrastructure – qu’on n’a pas de toute façon. Les secteurs primaire et secondaire ne doivent pas être négligés, pour des raisons sociales et d’équilibre. Mais il faut bien se rendre à l’évidence que leur potentiel de croissance est limité par la morphologie du pays et ses paramètres propres. En revanche, les indicateurs internationaux ont toujours montré que le plus gros potentiel de valeur ajoutée au Liban se trouve du côté des services, surtout grâce à une main d’œuvre qualifiée et à des connexions internationales sans pareilles. Espérons que tout cela ne sera pas sacrifié au nom d’une supposée transformation de l’économie suite à la crise actuelle.
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