©La ville de Kiev organise une exposition en plein air de matériels militaires russes détruits durant les combats. (AFP)
L'entretien téléphonique entre Scholtz, Poutine et Macron vise aussi à remettre la diplomatie européenne au coeur du conflit ukrainien
Le président français Emmanuel Macron et le chancelier allemand Olaf Scholz ont pris l'initiative samedi de lancer une énième tentative de dialogue avec le Kremlin pour trouver, au pire, un cessez-le-feu, au mieux, un retour à la table des négociations. Les deux dirigeants se sont longuement entretenus au téléphone avec le président russe Vladimir Poutine, à qui ils ont demandé d'entamer des "négociations directes sérieuses" avec le président ukrainien Volodymyr Zelensky. Ils ont également mis l'accent sur un déblocage des exportations ukrainiennes de céréales afin d'agir sur les cours mondiaux du blé et du maïs. La flambée des prix de ces denrées menace plusieurs pays du Sud de sérieuses catastrophes humanitaires. Elle contribue également à alimenter l'inflation qui menace une reprise économique poussive dans les pays développés.
Vladimir Poutine s'est entretenu samedi au téléphone avec son homologue français Emmanuel Macron et le chancelier allemand Olaf Scholz, pour discuter de l'offensive russe en Ukraine et de l'exportation de céréales, alors que couve une crise alimentaire mondiale.
L'entretien de 80 minutes s'est tenu à la demande de MM. Macron et Scholz, selon la chancellerie allemande.
"La Russie est prête à aider à trouver des options pour une exportation sans entraves des céréales, y compris des céréales ukrainiennes en provenance des ports situés sur la mer Noire", a assuré, lors de cette conversation, M. Poutine, selon un communiqué du Kremlin.
Selon M. Poutine, les difficultés liées aux livraisons alimentaires ont été provoquées par "une politique économique et financière erronée des pays occidentaux, ainsi que par les sanctions antirusses" imposées par ces pays, explique le communiqué.
Une augmentation des livraisons d'engrais et produits agricoles russes pourrait faire baisser les tensions sur le marché agricole international "ce qui nécessitera bien évidemment la levée des sanctions appropriées" visant Moscou, a-t-il souligné.
L'Ukraine, gros exportateur de céréales, notamment de maïs et de blé, voit sa production bloquée par les combats.
Pour sa part, la Russie, autre puissance céréalière, ne peut pas vendre sa production et ses engrais en raison des sanctions occidentales touchant les secteurs financiers et logistiques. Les deux pays produisent un tiers du blé mondial.
De fait, le conflit a mis à mal l'équilibre alimentaire mondial, laissant craindre une grave crise qui affectera tout particulièrement les pays les plus pauvres.
Le président russe s'est "engagé à ce que la Russie ne profite pas de l'ouverture de la ceinture de mines mise en place pour protéger les ports ukrainiens, afin de permettre l'exportation de céréales par bateau, pour mener des actions offensives", a assuré de son côté la chancellerie allemande, précisant que les trois dirigeants étaient d'accord sur le "rôle central" que doivent jouer les Nations unies pour garantir les exportations.
La ville de Kiev organise une exposition en plein air de matériels militaires russes détruits durant les combats
Les deux dirigeants occidentaux "ont insisté sur un cessez-le-feu immédiat et un retrait des troupes russes" et ont "appelé le président russe à des négociations directes sérieuses avec le président ukrainien et à une solution diplomatique du conflit", selon la chancellerie.
Le président russe a confirmé lui que la Russie restait "ouverte à une reprise du dialogue" avec Kiev pour régler le conflit armé, alors que les négociations de paix avec l'Ukraine sont au point mort depuis mars, selon le Kremlin.
Les missiles antichars Javelin ont battu en brèche les chars russes
Lors de l'entretien téléphonique, Vladimir Poutine a également "mis l'accent sur le caractère dangereux de continuer d'inonder l'Ukraine avec des armes occidentales, en mettant en garde contre des risques d'une déstabilisation ultérieure de la situation et d'une aggravation de la crise humanitaire", selon la même source.
Enfin, Emmanuel Macron et Olaf Scholz ont demandé à Vladimir Poutine de libérer 2.500 combattants ukrainiens qui s'étaient retranchés dans l'aciérie Azovstal à Marioupol et ont été faits prisonniers par les Russes, selon la présidence française.
Les combats s'intensifient dans la région du Donbass, dans l'est de l'Ukraine, où Moscou a confirmé samedi la prise de contrôle par les séparatistes prorusses de la localité clé de Lyman, qui ouvre la voie aux grandes villes de Sloviansk et Kramatorsk.
Dans un communiqué, le ministère russe de la Défense a indiqué samedi matin "qu'à l'issue des actions communes des unités de la milice de la République populaire de Donetsk et des forces armées russes, la ville de Lyman a été entièrement libérée des nationalistes ukrainiens".
Le président Zelensky avait reconnu que "la situation dans cette région du Donbass (était) très, très difficile", avec des frappes intensives d'artillerie et de missiles. Mais il avait estimé que "si les occupants pensent que Lyman et Severodonetsk seront les leurs, ils se trompent. Le Donbass sera ukrainien".
Après l'offensive infructueuse sur Kiev et Kharkiv au début de la guerre lancée par la Russie le 24 février, les forces russes sont concentrées dans l'est de l'Ukraine, avec l'objectif affiché de prendre le contrôle total du bassin minier du Donbass, partiellement contrôlé depuis 2014 par des séparatistes prorusses soutenus par Moscou.
Un convoi de camions détruits par les bombes au Nord du Donbass
A Severodonetsk, "les bombardements continuent (...) l'armée (russe) détruit tout simplement la ville", a assuré sur son compte Telegram le gouverneur de la région de Lougansk, Serguiï Gaïdaï. Selon lui, l'armée russe est entrée dans les faubourgs de la ville où elle a subi "de lourdes pertes", tandis que les forces ukrainiennes tentaient de déloger les Russes d'un hôtel.
Mais le gouverneur affirme que "Severodonetsk n'est pas coupée" par les forces russes et séparatistes. Un accès à l'aide humanitaire reste possible, selon lui.
Il répondait à un responsable policier de la république séparatiste prorusse de Lougansk, cité par l'agence Ria Novosti, qui affirmait vendredi que "la ville de Severodonetsk est actuellement encerclée", et que les troupes ukrainiennes y sont piégées.
Le ministère de la Défense ukrainien a ajouté samedi sur Telegram que "(l'ennemi) a mené des opérations d'assaut dans les zones des districts de Severodonetsk, Oskolonivka, Toshkivka, en vain, a subi des pertes et s'est replié sur des positions précédemment occupées".
Selon M. Gaïdaï, la prise de Severodonetsk serait "une puissante victoire" pour les forces russes, car "leur armée n'a pas eu de grandes victoires et ils doivent alimenter leur population avec quelque chose".
Au moment où l'Ukraine fait face à une situation humanitaire de plus en plus critique, un travailleur humanitaire australien a été tué cette semaine.
Un militaire ukrainien du corps d'élite "Kraken"
Le journal australien Mercury Newspaper a annoncé samedi la mort de Michael Charles O'Neill, 47 ans, qui aidait les blessés sur la ligne de front. Information confirmée par le ministère australien des Affaires étrangères, qui n'a pas donné d'autres précisions.
Samedi à Marioupol, ville du sud-est que les Russes ont pilonnée pendant trois mois avant de s'en emparer définitivement la semaine dernière, un premier bateau cargo est entré dans le port, selon l'agence de presse officielle russe TASS citant un porte-parole de l'administration portuaire prorusse.
La Marine ukrainienne a réagi sur Facebook en qualifiant cette annonce de "manipulation" car selon elle, "tout en continuant à négliger les normes du droit maritime international, les groupes de navires de la Russie bloquent toujours la navigation civile dans les eaux des mers Noire et d'Azov".
Il tenait ces propos après une nouvelle démonstration de force samedi dans l'Arctique de l'armée russe, avec un tir d'un missile hypersonique Zircon. L'engin, parti de la frégate Amiral Gorchkov, en mer de Barents, a frappé "avec succès" une cible dans les eaux de la mer Blanche, à 1.000 km de là, selon le ministère russe de la Défense.
Des médias américains ont affirmé que Washington préparait la livraison de systèmes de lance-roquettes multiples (MLRS) à longue portée à Kiev, qui les réclame désespérément pour contrer le déluge de feu russe.
Le système américain de lance-roquettes multiples (MLRS)
Le porte-parole du Pentagone John Kirby n'a pas confirmé l'envoi des MLRS M270 - des véhicules modernes très mobiles d'une portée de tir de 300 km - évoqués par la presse. Mais il a assuré que les Etats-Unis continueraient d'aider l'Ukraine à "l'emporter sur le champ de bataille".
Le Premier ministre britannique Boris Johnson a également réaffirmé le soutien de son pays, "y compris en aidant à fournir l'équipement nécessaire", lors d'une conversation téléphonique avec M. Zelensky samedi, selon Londres.
Le système américain de lance-roquettes multiples (MLRS)
Avec AFP
Le président français Emmanuel Macron et le chancelier allemand Olaf Scholz ont pris l'initiative samedi de lancer une énième tentative de dialogue avec le Kremlin pour trouver, au pire, un cessez-le-feu, au mieux, un retour à la table des négociations. Les deux dirigeants se sont longuement entretenus au téléphone avec le président russe Vladimir Poutine, à qui ils ont demandé d'entamer des "négociations directes sérieuses" avec le président ukrainien Volodymyr Zelensky. Ils ont également mis l'accent sur un déblocage des exportations ukrainiennes de céréales afin d'agir sur les cours mondiaux du blé et du maïs. La flambée des prix de ces denrées menace plusieurs pays du Sud de sérieuses catastrophes humanitaires. Elle contribue également à alimenter l'inflation qui menace une reprise économique poussive dans les pays développés.
Priorité pour la sécurité alimentaire
Vladimir Poutine s'est entretenu samedi au téléphone avec son homologue français Emmanuel Macron et le chancelier allemand Olaf Scholz, pour discuter de l'offensive russe en Ukraine et de l'exportation de céréales, alors que couve une crise alimentaire mondiale.
L'entretien de 80 minutes s'est tenu à la demande de MM. Macron et Scholz, selon la chancellerie allemande.
"La Russie est prête à aider à trouver des options pour une exportation sans entraves des céréales, y compris des céréales ukrainiennes en provenance des ports situés sur la mer Noire", a assuré, lors de cette conversation, M. Poutine, selon un communiqué du Kremlin.
Selon M. Poutine, les difficultés liées aux livraisons alimentaires ont été provoquées par "une politique économique et financière erronée des pays occidentaux, ainsi que par les sanctions antirusses" imposées par ces pays, explique le communiqué.
Une augmentation des livraisons d'engrais et produits agricoles russes pourrait faire baisser les tensions sur le marché agricole international "ce qui nécessitera bien évidemment la levée des sanctions appropriées" visant Moscou, a-t-il souligné.
L'Ukraine, gros exportateur de céréales, notamment de maïs et de blé, voit sa production bloquée par les combats.
Pour sa part, la Russie, autre puissance céréalière, ne peut pas vendre sa production et ses engrais en raison des sanctions occidentales touchant les secteurs financiers et logistiques. Les deux pays produisent un tiers du blé mondial.
De fait, le conflit a mis à mal l'équilibre alimentaire mondial, laissant craindre une grave crise qui affectera tout particulièrement les pays les plus pauvres.
Relancer le dialogue entre Kiev et Moscou
Le président russe s'est "engagé à ce que la Russie ne profite pas de l'ouverture de la ceinture de mines mise en place pour protéger les ports ukrainiens, afin de permettre l'exportation de céréales par bateau, pour mener des actions offensives", a assuré de son côté la chancellerie allemande, précisant que les trois dirigeants étaient d'accord sur le "rôle central" que doivent jouer les Nations unies pour garantir les exportations.
La ville de Kiev organise une exposition en plein air de matériels militaires russes détruits durant les combats
Les deux dirigeants occidentaux "ont insisté sur un cessez-le-feu immédiat et un retrait des troupes russes" et ont "appelé le président russe à des négociations directes sérieuses avec le président ukrainien et à une solution diplomatique du conflit", selon la chancellerie.
Le président russe a confirmé lui que la Russie restait "ouverte à une reprise du dialogue" avec Kiev pour régler le conflit armé, alors que les négociations de paix avec l'Ukraine sont au point mort depuis mars, selon le Kremlin.
Les missiles antichars Javelin ont battu en brèche les chars russes
Lors de l'entretien téléphonique, Vladimir Poutine a également "mis l'accent sur le caractère dangereux de continuer d'inonder l'Ukraine avec des armes occidentales, en mettant en garde contre des risques d'une déstabilisation ultérieure de la situation et d'une aggravation de la crise humanitaire", selon la même source.
Enfin, Emmanuel Macron et Olaf Scholz ont demandé à Vladimir Poutine de libérer 2.500 combattants ukrainiens qui s'étaient retranchés dans l'aciérie Azovstal à Marioupol et ont été faits prisonniers par les Russes, selon la présidence française.
Intensification des combats au Donbass
Les combats s'intensifient dans la région du Donbass, dans l'est de l'Ukraine, où Moscou a confirmé samedi la prise de contrôle par les séparatistes prorusses de la localité clé de Lyman, qui ouvre la voie aux grandes villes de Sloviansk et Kramatorsk.
Dans un communiqué, le ministère russe de la Défense a indiqué samedi matin "qu'à l'issue des actions communes des unités de la milice de la République populaire de Donetsk et des forces armées russes, la ville de Lyman a été entièrement libérée des nationalistes ukrainiens".
Le président Zelensky avait reconnu que "la situation dans cette région du Donbass (était) très, très difficile", avec des frappes intensives d'artillerie et de missiles. Mais il avait estimé que "si les occupants pensent que Lyman et Severodonetsk seront les leurs, ils se trompent. Le Donbass sera ukrainien".
Après l'offensive infructueuse sur Kiev et Kharkiv au début de la guerre lancée par la Russie le 24 février, les forces russes sont concentrées dans l'est de l'Ukraine, avec l'objectif affiché de prendre le contrôle total du bassin minier du Donbass, partiellement contrôlé depuis 2014 par des séparatistes prorusses soutenus par Moscou.
Un convoi de camions détruits par les bombes au Nord du Donbass
A Severodonetsk, "les bombardements continuent (...) l'armée (russe) détruit tout simplement la ville", a assuré sur son compte Telegram le gouverneur de la région de Lougansk, Serguiï Gaïdaï. Selon lui, l'armée russe est entrée dans les faubourgs de la ville où elle a subi "de lourdes pertes", tandis que les forces ukrainiennes tentaient de déloger les Russes d'un hôtel.
Mais le gouverneur affirme que "Severodonetsk n'est pas coupée" par les forces russes et séparatistes. Un accès à l'aide humanitaire reste possible, selon lui.
Il répondait à un responsable policier de la république séparatiste prorusse de Lougansk, cité par l'agence Ria Novosti, qui affirmait vendredi que "la ville de Severodonetsk est actuellement encerclée", et que les troupes ukrainiennes y sont piégées.
Le ministère de la Défense ukrainien a ajouté samedi sur Telegram que "(l'ennemi) a mené des opérations d'assaut dans les zones des districts de Severodonetsk, Oskolonivka, Toshkivka, en vain, a subi des pertes et s'est replié sur des positions précédemment occupées".
Selon M. Gaïdaï, la prise de Severodonetsk serait "une puissante victoire" pour les forces russes, car "leur armée n'a pas eu de grandes victoires et ils doivent alimenter leur population avec quelque chose".
Au moment où l'Ukraine fait face à une situation humanitaire de plus en plus critique, un travailleur humanitaire australien a été tué cette semaine.
Un militaire ukrainien du corps d'élite "Kraken"
Le journal australien Mercury Newspaper a annoncé samedi la mort de Michael Charles O'Neill, 47 ans, qui aidait les blessés sur la ligne de front. Information confirmée par le ministère australien des Affaires étrangères, qui n'a pas donné d'autres précisions.
Samedi à Marioupol, ville du sud-est que les Russes ont pilonnée pendant trois mois avant de s'en emparer définitivement la semaine dernière, un premier bateau cargo est entré dans le port, selon l'agence de presse officielle russe TASS citant un porte-parole de l'administration portuaire prorusse.
La Marine ukrainienne a réagi sur Facebook en qualifiant cette annonce de "manipulation" car selon elle, "tout en continuant à négliger les normes du droit maritime international, les groupes de navires de la Russie bloquent toujours la navigation civile dans les eaux des mers Noire et d'Azov".
Missile hypersonique
Il tenait ces propos après une nouvelle démonstration de force samedi dans l'Arctique de l'armée russe, avec un tir d'un missile hypersonique Zircon. L'engin, parti de la frégate Amiral Gorchkov, en mer de Barents, a frappé "avec succès" une cible dans les eaux de la mer Blanche, à 1.000 km de là, selon le ministère russe de la Défense.
Des médias américains ont affirmé que Washington préparait la livraison de systèmes de lance-roquettes multiples (MLRS) à longue portée à Kiev, qui les réclame désespérément pour contrer le déluge de feu russe.
Le système américain de lance-roquettes multiples (MLRS)
Le porte-parole du Pentagone John Kirby n'a pas confirmé l'envoi des MLRS M270 - des véhicules modernes très mobiles d'une portée de tir de 300 km - évoqués par la presse. Mais il a assuré que les Etats-Unis continueraient d'aider l'Ukraine à "l'emporter sur le champ de bataille".
Le Premier ministre britannique Boris Johnson a également réaffirmé le soutien de son pays, "y compris en aidant à fournir l'équipement nécessaire", lors d'une conversation téléphonique avec M. Zelensky samedi, selon Londres.
Le système américain de lance-roquettes multiples (MLRS)
Avec AFP
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