Biden à Uvalde, empathique mais impuissant
©Joe et Jill Biden passent devant la Robb Elementary School, lieu de la tuerie d'Uvalde. Au premier plan, la photo de l'une des 21 victimes de la fusillade. (AFP)
Joe Biden est arrivé dans une Uvalde endeuillée. "Faites quelque chose!" lui a-t-on scandé. "Nous le ferons" a répondu le président américain. Mais bien plus empathique que prometteur, le président américain est bloqué par un débat sans fin sur la régulation des armes. Ce sujet suscite, même après un massacre, des divisions irréconciliables. Sans compter la puissance du lobby pro-armes de la NRA, qui tient sa convention annuelle également en terre texane.

"Faites quelque chose"

À la sortie de l'église où le président démocrate, catholique pratiquant, et sa femme Jill Biden venaient d'assister à une messe, plusieurs voix ont scandé: "Faites quelque chose"! "Nous le ferons", a répondu rapidement le président, avant d'aller à la rencontre de familles des victimes et de secouristes. Il a prévu de passer plusieurs heures en leur compagnie, à l'abri des caméras et des regards.Dix-neuf enfants et deux enseignantes sont tombés mardi sous les balles de Salvador Ramos, 18 ans. Il avait fallu attendre environ une heure pour que la police mette fin au massacre, délai qui a suscité une intense polémique et sur lequel le ministère de la Justice américain va enquêter.

Le couple présidentiel s'est rendu à l'école primaire Robb, dont le nom est désormais synonyme de l'un des pires massacres en milieu scolaire aux États-Unis. Joe et Jill Biden se sont recueillis et ont déposé un bouquet devant des croix portant les noms des victimes, presque submergées de fleurs, avec çà et là une peluche. Puis le couple, visages douloureux derrière leurs lunettes noires,  a passé en revue une rangée de grandes photos montrant les bouilles des enfants fauchés, âgés d'entre 9 et 11 ans.
Biden face au lobby des armes

Le président américain, qui s'était déjà rendu récemment sur le lieu d'un massacre raciste à Buffalo, dans le nord-est du pays, se voit à nouveau plongé dans le deuil. "Perdre un enfant, c'est comme si l'on vous arrachait une partie de votre âme", avait-il dit mardi, lui qui a perdu une fille encore bébé dans un accident de voiture, et un fils d'un cancer à l'âge adulte.

Joe Biden, catholique pratiquant, a assisté à la messe organisée à la mémoire des 21 victimes d'Uvalde, 19 d'entre elles étaient des enfants âgés de 9 à 11 ans.

Joe Biden saura donc épouser la douleur des familles, et peut-être l'apaiser un peu. Mais malgré son empathie et ses appels à se dresser face au "lobby des armes à feu", il ne peut pas faire grand-chose dans un pays où le sujet, même après un massacre, suscite des divisions irréconciliables.

Robert Robles, 73 ans, venu dimanche de la grande ville voisine de San Antonio, trouve que c'est "très bien que le président soit venu." "Il doit passer des lois pour que nous puissions protéger les enfants des AR-15", l'arme semi-automatique désormais synonyme de massacres dans des écoles, a-t-il réclamé.

Plus d'armes que d'habitants

Il y a aux États-Unis plus d'armes en circulation que d'habitants, un fait sans équivalent dans les pays développés. Le démocrate de 79 ans voudrait briser cette sinistre routine de l'Amérique, bouleversée à intervalles réguliers par des fusillades sans que des réformes significatives ne suivent.



"Je sens un état d'esprit différent", y compris dans l'opposition républicaine pourtant généralement hostile à toute restriction, a voulu croire Dick Durbin, l'un des sénateurs démocrates les plus influents, interrogé dimanche par CNN. Le parti de Joe Biden doit convaincre quelques républicains pour obtenir la majorité qualifiée nécessaire au Sénat, et légiférer au moins sur l'accès aux armes semi-automatiques.

La tâche sera ardue. Vendredi, des ténors du camp conservateur, dont l'ancien président Donald Trump, ont défilé à la convention du puissant lobby pro-armes NRA pour clamer leur attachement au deuxième attachement de la Constitution, qui garantit le droit à s'armer.

"La seule chose qui arrête un méchant avec une arme c'est un gentil avec une arme", avait déclaré le chef de file du lobby, Wayne LaPierre. Illustration des divisions du pays, à Uvalde, Luis Luera, 50 ans, pense qu'une législation ne changerait rien: "les criminels trouveront un moyen d'obtenir des armes".

Avec AFP

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