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La première séance de la nouvelle Chambre aura lieu le mardi 31 mai à 11 heures au Parlement, place de l’Étoile, au cours de laquelle seront élus le président du Parlement, le vice-président et le bureau de la Chambre.

Les Libanais assistent depuis jeudi dernier (date de la convocation officielle des députés à la première séance parlementaire par le doyen de l’Assemblée, Nabih Berry) à un spectacle étrange et sans précédent : la course à la vice-présidence de la Chambre, au cours de la séance plénière qui doit se tenir mardi 31 mai, à 11 heures, place de l’Étoile.

Lundi soir, les concertations et tractations entre les différents groupes et formations politiques n’étaient toujours pas achevées. Des efforts intensifs de coordination ont continué d’être déployés par chaque faction dans le but de déterminer le prochain successeur au député sortant et ancien vice-président, Elie Ferzli. D’ailleurs, une réunion était en cours lundi en fin de soirée au domicile du député beyrouthin Nabil Badr, où les députés "indépendants" délibéraient depuis l'après-midi pour faire un choix concernant la présidence et la vice-présidence de la Chambre.

Les candidats à la vice-présidence de la Chambre

À titre de rappel, et jusqu’à 19 heures 30 lundi, trois candidats étaient officiellement en lice pour ce siège tant convoité. Elias Bou Saab (candidat proche du Courant patriotique libre), Ghassan Skaff (candidat proche du Parti socialiste progressiste) et Sajih Attieh (soutenu par Issam Farès et le tandem chiite Amal – Hezbollah). Aux alentours de 20 heures, les cartes ont été rebattues avec le retrait de M. Attieh de la course, au profit de Ghassan Skaff, lequel a publié un communiqué définissant sur quelle base il briguait la vice-présidence de la Chambre (les points qu'il a soulevés rejoignant dans ses grandes lignes la feuille de route définie par les Forces libanaises pour le choix du président et du vice-président de la Chambre).

Parallèlement, trois candidatures officieuses ont été signalées : celles de Melhem Khalaf (candidat indépendant), Elias Jradi (candidat indépendant, proche du camp de la "Résistance" pro-Hezbollah) et Adib Abdel-Massih (candidat soutenu par Michel Moawad et le parti Kataëb), comme nous l’a confié une source informée proche de Saïfi.

Dans ce même contexte figurait la candidature de Ghassan Hasbani, ancien ministre et député des Forces libanaises ; bien que Meerab ait annoncé lundi dans la journée qu’elle ne le nommerait pas, puisqu’elle serait "prête à soutenir la candidature avancée par le bloc de la nouvelle opposition, à condition que le député en question puisse œuvrer dans un esprit souverainiste et innovateur et qu’il s’engage dans une voie de changement radical dans la gestion du Parlement, en adoptant une position claire vis-à-vis de l’armement au Liban".


"Une cuisine législative"

"La vice-présidence du Parlement, en tant que telle, est une position symbolique", explique l’analyste et chercheur politique Ibrahim Jouhari. "C’est pratiquement jouer le jeu parlementaire", précise-t-il. Un point de vue partagé par le député de Baabda, Alain Aoun, qui ajoute que "ce poste est important pour la cuisine législative".

C’est effectivement une "cuisine législative" qui est mise en place, puisque les partis et les regroupements politiques présents au Parlement concoctent des "deals" d’antichambres pour imposer leur poids politique au sein de l’hémicycle.

D’ailleurs, et pour commencer, l’entrée serait servie par le CPL et le mouvement Amal. De là où le parti aouniste clamait haut et fort que ses députés ne voteraient pas pour Nabih Berry (en déposant des bulletins blancs) pour la présidence de l’Assemblée, le mouvement Amal annonçait lundi en fin de soirée qu’il appuierait la candidature d'Elias Bou Saab pour la vice-présidence. Quel intérêt pour le mouvement Amal de soutenir M. Bou Saab si le parti orange ne lui rend pas la pareille en appuyant M. Berry ? Y aurait-il un marché occulte mijoté par les deux parties ? Est-ce la raison pour laquelle Elias Bou Saab s’est rendu à Aïn el-Tiné dimanche ?

Pour ce qui est de la pièce de résistance, elle serait réservée aux FL, qui maintiennent un mutisme absolu, quant à leur choix pour la vice-présidence. Il semblerait que le parti chrétien refuse de se prononcer, pour éviter de désarçonner les députés indépendants qui pencheraient, comme les FL, pour Ghassan Skaff.

Dans ce cardre, lors d’un entretien pour le moins troublant avec une journaliste de la chaîne télévisée al-Jadeed, le député Nabil Badr avait dévoilé la teneur de sa réunion avec les députés indépendants. "Il serait inconcevable pour nous de voter pour le candidat du régime, Elias Bou Saab, avait-il déclaré. Nous explorons la candidature de Ghassan Skaff ". Et de poursuivre : "Cependant, cela n’exclut pas le fait que certains d’entre nous voterons demain pour Nabih Berry pour la présidence de la Chambre. Nous nous concerterons sur ce sujet à nouveau demain, avant le début de la séance parlementaire". Le dessert devra donc céder sa place au digestif, pour pouvoir "digérer" de telles déclarations, venant plus particulièrement d’un rassemblement qui revendique le changement et rejette les acquis du régime.

En conclusion, une chose demeure certaine. La course à la vice-présidence sera une première pour la scène politique libanaise, qui n’avait jamais auparavant accordé une telle importance à cette fonction parlementaire. Une affaire à suivre de très près…
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