©Deux enfants assis sur un fragment d'un missile, devant un obusier russe exposés comme trophées de guerre au centre de Kiev. (AFP)
Jusqu'à la fin de l'année, et même au-delà
Ce n'est pas la première fois qu'on l'entend d'un haut fonctionnaire américain, mais venant du secrétaire d'Etat Antony Blinken, il y a de quoi prendre cette déclaration plus au sérieux. Le chef de la diplomatie US a, en effet, estimé mercredi que la guerre menée par la Russie en Ukraine va durer encore "de nombreux mois".
"Cela pourrait se terminer demain, si la Russie mettait fin à son agression", mais "nous ne voyons aucun signe dans cette direction à ce stade", a-t-il dit lors d'une conférence de presse avec le secrétaire général de l'Otan Jens Stoltenberg à Washington.
Cette appréciation sur la durée de la guerre a été confirmée mercredi par un responsable sécuritaire occidental sous couvert d'anonymat: "le conflit devrait durer jusqu'à la fin de cette année, et probablement au-delà".
Biden livre des missiles puissants
Dans ce contexte, les forces ukrainiennes attendent les livraisons de systèmes de lance-missiles plus puissants promis par le président américain Joe Biden.
Selon un haut responsable de la Maison Blanche, il s'agit de systèmes Himars (High Mobility Artillery Rocket System), des lance-roquettes multiples montés sur des blindés légers, d'une portée de 80 kilomètres environ. Certains spécialistes estiment que les Himars pourraient changer le rapport de force militaire sur le terrain.
(Licence Creative Commons)
Les Etats-Unis vont envoyer aussi 1.000 missiles anti-chars Javelin supplémentaires et quatre hélicoptères Mi-17 dans le cadre d'un nouveau paquet d'aide militaire, a annoncé le Pentagone mercredi. Le sous-secrétaire à la Défense Colin Kahl a dit que les forces ukrainiennes.
Le missile antichar Javelin a mené la vie dure aux tankistes russes et contribué grandement à repousser l'offensive de Moscou dans les villes du nord et de l'ouest de l'Ukraine. (Licence Creative Commons)
L'Ukraine recevra également cinq radars de contre-artillerie, deux radars de surveillance aérienne, 6.000 autres armes anti-blindés, 15.000 obus d'artillerie et 15 véhicules tactiques.
Le nouveau paquet porte à 4,6 milliards de dollars le total de l'aide sécuritaire américaine à l'Ukraine depuis l'invasion par la Russie le 24 février.
Le MiL Mi-17 est un hélicoptère russe lourd dont la conception remonte à l'époque de l'URSS. Il est toujours en service dans plusieurs pays d'Europe de l'Est. (Licence Creative Commons)
"Jeter de l'huile sur le feu"
M. Kahl a confirmé que le président ukrainien Volodymyr Zelensky avait assuré à Washington que les Himars ne seraient pas utilisés pour frapper des cibles à l'intérieur de la Russie, répondant aux inquiétudes des Etats-Unis selon lesquelles cela pourrait inciter Moscou à étendre la guerre au-delà de l'Ukraine.
"Le président Biden a clairement dit que nous n'avions pas l'intention d'entrer en conflit direct avec la Russie", a déclaré M. Kahl.
Le Kremlin a néanmoins accusé Washington de "jeter de l'huile sur le feu" et de décourager les Ukrainiens de s'impliquer dans des pourparlers de paix, au point mort depuis plusieurs semaines.
Le verrou de Severodonetsk
"La Russie engrange des gains modérés mais constants", selon la même source qui souligne que les Ukrainiens sont de "nouveau à l'offensive" dans la région de Kherson aux mains des Russes et "gagnent du terrain". De son côté, Kiev affirme y avoir lancé une contre-offensive et remporté des "succès partiels".
Après 98 jours de guerre, les forces russes "contrôlent désormais 70% de Severodonetsk", a déclaré mercredi Serguiï Gaïdaï, gouverneur de la région de Lougansk, sur sa chaîne Telegram.
"Si dans deux-trois jours, les Russes prennent le contrôle de Severodonetsk, ils vont y installer de l'artillerie et des mortiers et vont bombarder de façon plus intense Lyssytchansk", la ville voisine située de l'autre côté de la rivière Donets, selon M. Gaïdaï, qui estime cette localité plus difficile à prendre car "située sur des hauteurs".
Severodonetsk est devenue la capitale administrative de la région de Lougansk pour les autorités ukrainiennes, depuis la prise de la ville de Lougansk en 2014 par les séparatistes prorusses appuyés par Moscou.
"Nous perdons de 60 à 100 soldats par jour"
La situation à Severodonetsk est "très compliquée", avec des "combats dans les rues", a reconnu le porte-parole du ministère ukrainien de la Défense, Oleksandre Motouzianyk.
Selon lui, les forces russes essaient de "prendre le contrôle total de Severodonetsk, d'encercler Lyssytchansk", et d'atteindre la frontière administrative séparant Lougansk et Donetsk, les deux régions qui composent le Donbass.
"Nous perdons de 60 à 100 soldats par jour, tués au combat, et quelque 500 sont blessés", a assuré le président de l'Ukraine Volodymyr Zelensky au média américain Newsmax dans un entretien publié mercredi. "La situation dans l'Est est vraiment difficile", a ajouté le dirigeant de 44 ans.
Ce cratère donne une idée de la puissance de l'explosion d'un missile
Donetsk connaît le même sort
La région de Donetsk est également sous le feu russe. Des journalistes de l'AFP ont vu des immeubles détruits par des missiles mardi à Sloviansk - à quelque 80 km à l'ouest de Severodonetsk - où trois personnes sont mortes et six autres ont été blessées.
Et mercredi, une frappe de missile à sous-munitions a fait au moins un mort et deux blessés à Soledar, entre Sloviansk et Severodonetsk, a constaté l'AFP.
Dans la banlieue de la ville de Donetsk, les séparatistes prorusses ont affirmé mercredi avoir coupé l'une des deux routes permettant d'approvisionner la ville proche d'Avdiïvka, contrôlée par les forces ukrainiennes. Moscou s'est fixé pour objectif de prendre le contrôle de la totalité du Donbass.
A Sloviansk, dans le Donbass, cet homme est atterré de voir sa demeure détruite par les bombes.
Annexions en série
Dans le sud, les Ukrainiens s'inquiètent d'une possible annexion des régions conquises par les forces russes.
Un des négociateurs russes sur le conflit en Ukraine a indiqué mercredi à l'agence Ria Novosti que les territoires ukrainiens conquis militairement par la Russie pourraient organiser des référendums dès juillet en vue d'une annexion.
Il s'agit de Léonid Sloutski, président du comité des affaires étrangères de la chambre basse du Parlement russe.
La Russie appelle "territoires libérés" les régions ukrainiennes qu'elle occupe avec ses alliés séparatistes.
Il s'agit des républiques autoproclamées de Donetsk et Lougansk, dont Moscou a reconnu l'indépendance et dont les dirigeants ambitionnent de rejoindre la Russie, mais aussi des régions de Kherson et Zaporijjia, dans le sud de l'Ukraine, que l'armée russe a en grande partie conquises depuis fin février.
Des administrations y ont été imposées pour, par exemple, introduire le rouble russe comme monnaie, accorder la nationalité russe aux habitants ou encore installer les réseaux de communication russes.
Le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, a lui insisté sur le fait que les habitants de ces quatre territoires "devaient pouvoir choisir leur avenir". "Nous ne doutons pas qu'ils prendront la meilleure décision", a-t-il dit.
En occupant ces régions, la Russie contrôle l'ensemble de la côte de la mer d'Azov, ce qui constitue un pont terrestre reliant le territoire russe à la péninsule de Crimée que Moscou a annexée en 2014.
La Première ministre danoise Mette Frederiksen lors de sa visite à Kiev en mars dernier.
Le Danemark rejoint la politique de défense de l'UE
Après avoir poussé la Finlande et la Suède à demander leur adhésion à l'Otan, l'invasion russe de l'Ukraine continue d'avoir d'autres effets géostratégiques: les Danois ont massivement voté "oui" au référendum sur une entrée de leur pays dans la politique de défense de l'Union européenne, après s'y être refusés pendant trois décennies.
"Ce soir, le Danemark a envoyé un signal important. A nos alliés en Europe et l'Otan, et au (Président Vladimir) Poutine. Nous montrons que, quand Poutine envahit un pays libre et menace la stabilité en Europe, nous autres nous nous rassemblons", a déclaré la Première ministre Mette Frederiksen à ses partisans.
Jadis marginale, la politique de défense des 27 a pris de l'ampleur ces dernières années, même si des idées d'armée européenne font encore figure de repoussoir pour de nombreuses capitales.
Des soldats ukrainiens devant une affiche de propagande à Kiev.
Nouveaux forages gaziers germano-néerlandais en Mer du Nord
Signe des temps, les Pays-Bas et l'Allemagne vont procéder à des forages en commun sur un nouveau champ gazier en Mer du Nord, a annoncé mercredi le gouvernement néerlandais.
Le projet controversé de forage gazier à 10 milles nautiques (19 kilomètres) des côtes, à la frontière entre l'Allemagne et les Pays-Bas, n'est pas nouveaux, mais il revêt aujourd'hui une urgence particulière, depuis l'annonce par le géant gazier russe Gazprom de la suspension de ses livraisons de gaz aux Pays-Bas.
La décision de Gazprom fait suite au refus du groupe néerlandais GasTerra de payer les livraisons russes en roubles comme l'exige la Russie.
Le Premier ministre hongrois Viktor Orban est souvent la risée des manifestants pro-Ukraine en raison de ses prises de position en faveur de Poutine.
Orban refuse de sanctionner Kirill
La Hongrie a bloqué mercredi l'adoption de l'embargo pétrolier et des nouvelles sanctions européennes décidées contre Moscou pour obtenir le retrait du chef de l'Eglise orthodoxe russe, le patriarche Kirill, de la liste noire de l'UE, ont indiqué plusieurs sources diplomatiques.
Le patriarche est considéré comme "un allié de longue date du président Vladimir Poutine", il est "devenu l'un des principaux soutiens de l'agression militaire russe contre l'Ukraine", souligne la proposition de sanctions soumise aux Etats membres.
Les murs et autres panneaux publicitaires de Kiev sont envahis par des affiches de propagande. "Les héros ne meurent jamais", dit l'affiche en noir et blanc, tandis que l'autre loue la solidarité de l'Occident envers le pays.
Victoire ukrainienne au football
L'équipe d'Ukraine de football a par ailleurs battu l'Ecosse (3-1) mercredi soir en match de barrages pour le Mondial 2022, permettant aux habitants d'oublier brièvement le quotidien de la guerre. L'Ukraine obtiendra son billet pour le Qatar si elle bat le Pays de Galles dimanche.
Le Brésilien Pelé, légende vivante du football, a demandé mercredi au président russe Vladimir Poutine d'"arrêter l'invasion" de l'Ukraine, dans une lettre publiée sur Instagram avant le match de barrage pour le Mondial-2022 entre l'Ukraine et l'Ecosse.
"Je veux utiliser le match d'aujourd'hui comme une opportunité pour faire une requête: arrêtez l'invasion. Il n'y a absolument rien qui justifie une telle violence", a écrit le "Roi" Pelé dans cette lettre adressée à M. Poutine.
Avec AFP
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