Difficile coup d'envoi pour le gouvernement du second quinquennat d'Emmanuel Macron: le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin a esquissé mercredi un mea culpa pour l'organisation désastreuse de la finale de la Ligue des Champions. Sa déclaration ouvre la voie à des réparations pour les supporters et des sanctions contre les policiers, tout en maintenant sa version controversée sur le nombre de faux billets. Une affaire qui prend une tournure politique à l'approche des législatives.
Le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin devant la commission des lois du Sénat.
"Police des polices" saisie
La ministre des Sports Amélie Oudéa-Castéra devant la commission des lois du Sénat.
Controverse des faux billets
Mais, le ministre qui incrimine depuis le début de la controverse les supporters britanniques, estimant qu'ils sont en grande partie responsables des incidents, a réaffirmé que "110.000 personnes" se sont présentées "dans et autour" du Stade de France. Soit "35.000" supporters de plus que la jauge prévue et munis, selon lui, de billets falsifiés ou sans billet.
Des membres des forces de l'ordre françaises à cheval aux abords du Stade de France le jour de la finale.
Colère anglo-espagnole
En France et en Angleterre, la polémique reste vive autour du dispositif de maintien de l'ordre en marge du match le plus important de la saisons en Europe, remporté par le Real Madrid (1-0) face à Liverpool.
Le directeur exécutif du club anglais Billy Hogan a annoncé que la plateforme de collecte des témoignages des supporters des Reds mise en place lundi avait déjà reçu 5.000 réponses en 24h. Et ce qu'il a lu l'a "horrifié": "Des hommes, femmes et enfants, des gens valides et d'autres moins, ont été traités sans discernement au cours de la journée de samedi", a-t-il regretté.
À partir de lundi, les Britanniques et Espagnols, dont plusieurs ont aussi subi des agressions et des vols après le match, "pourront déposer plainte dans leur pays", a également déclaré M. Darmanin, expliquant que des policiers Français seront dépêchés sur place.
Tournure politique
En France, à l'approche des élections législatives (12 et 19 juin), l'affaire a pris un tour hautement politique, notamment sur la capacité du pays à organiser des événements sportifs majeurs à un an du Mondial-2023 de rugby et à deux ans des Jeux olympiques à Paris.
Les chiffres de supporters sans billets avancés par Gérald Darmanin sont un "mensonge gravissime", a dénoncé mercredi Marine Le Pen (RN), estimant qu'il "devrait de lui-même considérer qu'il doit partir". Après l'audition au Sénat, elle a jugé qu'il "aurait pu un peu les élargir (ses excuses, NDLR). "C’est du chaos inimaginable dont il aurait dû s’excuser, des razzias dont les gens ont été victimes, des agressions sexuelles (…) des coups et blessures, des lynchages, (…) de l’anarchie", a-t-elle dit lors d'une conférence de presse dans l'Oise.
"Un ministre qui ment, c'est une mauvaise nouvelle et pas de bon augure pour le quinquennat qui s'annonce", a estimé de son côté l'eurodéputé LFI Manuel Bompard, bras droit de Jean-Luc Mélenchon, sur Franceinfo. Sur le gril, M. Darmanin conserve toutefois "toute la confiance du président de la République", a rétorqué mercredi la porte-parole du gouvernement Olivia Grégoire.
Avec AFP
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