©Le président israélien Reuven Rivlin rencontre une délégation d'imams du Sénégal à Jérusalem le 27 novembre 2014. Israël mobilise la carte du soft-power pour améliorer son image dans les pays africains. (AFP)
Avec la vague de normalisation diplomatique avec plusieurs pays arabes, Israël se tourne vers l'Afrique, où elle espère engendrer des percées significatives afin d'obtenir un soutien accru de ces États sur la scène internationale. En effet, le continent a massivement appuyé la cause palestinienne à partir de la guerre des Six Jours de 1967, suspendant les relations diplomatiques avec l'État juif. Un phénomène qui se renverse peu à peu ces dernières années, le pays jouant la carte du soft-power en nouant des relations de coopération militaire et économique fortes avec le Kenya, l'Ouganda, l'Éthiopie ou encore le Rwanda. Cependant, difficile de parler d'un véritable succès israélien, ces relations restant timides et ne se traduisant pas par un soutien africain à Israël dans les instances internationales.
L'ancien premier ministre israélien Benyamin Netanyahu s'était donné pour objectif de restaurer les relations diplomatiques avec les États africains ayant rompu avec Israël suite à la guerre de 1967, un objectif largement atteint. (AFP)
Porté par la normalisation de ses relations avec plusieurs pays arabes, Israël relance son opération séduction en Afrique dans l'espoir notamment d'obtenir, in fine, un soutien accru des États du continent dans les enceintes internationales.
Signe de cette ambition, un colloque se tenait mardi à Paris sur les "défis et les opportunités" d'un "retour d'Israël en Afrique", où l'État hébreu a enregistré quelques succès en matière de "soft power" mais voudrait encore intensifier son action et en tirer des dividendes diplomatiques.
C'est une "priorité", a déclaré le ministre israélien des Affaires étrangères Yaïr Lapid, rappelant dans une vidéo diffusée aux ambassadeurs et entrepreneurs réunis à Paris les liens "historiques" entre Israël et le continent.
Après l'âge d'or des années 50 et 60, les relations entre Israël et l'Afrique ont connu un trou d'air avec la rupture des liens diplomatiques entre l'État hébreu et plusieurs pays africains dans le sillage des guerres des Six Jours de 1967 et du Kippour de 1973. Il faudra attendre les années 1990 pour que certains liens soient restaurés - Israël entretient aujourd'hui des relations diplomatiques avec une quarantaine d'États africains.
Entre 2009 et 2021, l'ancien Premier ministre Benjamin Netanyahu "s'est donné l'objectif de reprendre les relations diplomatiques avec les pays africains ayant rompu" et "cet objectif a été largement rempli", relève Benjamin Augé, chercheur à l'Institut français des relations internationales (Ifri) à Paris et auteur d'un rapport en 2020 portant sur les relations Israël-Afrique.
Des relations qui restent peu consistantes malgré les percées enregistrées
En Afrique du Sud, le sentiment anti-israélien reste important, le pays étant l'un de ceux s'étant insurgé face à l'octroi à Israël du statut d'État observateur à l'Union africaine. (AFP)
"Il ne s'est cependant pas accompagné de moyens pour donner de la consistance à la reprise de ces relations", ajoute-t-il, pointant également des échanges économiques qui restent "faibles". Parmi les avancées enregistrées ces dernières années, Israël peut mettre en avant les accords conclus avec le Maroc et le Soudan - après ceux signés avec les Émirats - et dénoncés par les Palestiniens comme une "trahison".
L'État hébreu a également obtenu, en 2021, le statut d'observateur au sein de l'Union africaine. Mais face à la levée de boucliers notamment de l'Afrique du Sud et de l'Algérie, un comité a été chargé de se pencher sur la question.
"Dans l'ensemble, Israël a définitivement fait des percées en Afrique", estime Steven Gruzd, de l'Institut de relations internationales d'Afrique du Sud, évoquant des liens forts "avec des États d'Afrique de l'Est comme le Kenya, l'Ouganda, l'Éthiopie et le Rwanda".
Pour y parvenir, Israël a joué la carte du "soft power", en nouant des coopérations dans les domaines de l'agriculture, de l'énergie, de la cybersécurité ou encore de lutte contre le terrorisme. Avec, au-delà des enjeux économiques et sécuritaires, un objectif bien précis en tête.
"Le périple de Benjamin Netanyahu de 2017 dans certains pays africains avait pour objectif le raffermissement de la présence d'Israël en Afrique, notamment pour qu'Israël au sein des enceintes internationales et surtout de l'Assemblée générale de l'ONU puisse disposer d'un meilleur vecteur de soutien des pays africains", a rappelé mardi l'ancien ambassadeur d'Israël en France et aux Nations unies, Yehuda Lancry. "Israël essaie de briser le phénomène des États africains qui votent en masse contre lui dans des forums internationaux comme l'Assemblée générale des Nations unies et le Conseil des droits de l'homme des Nations unies", confirme Steven Gruzd.
Avec un succès mitigé. En 2016, le Sénégal, qui a rétabli ses relations diplomatiques avec Israël dans les années 90, avait voté à l'ONU une résolution contre les colonies israéliennes. Le sommet Afrique-Israël de Lomé, qui devait concrétiser en octobre 2017 la stratégie de M. Netanyahu, n'a lui finalement jamais vu le jour.
Un changement de paradigme, dominé par le pragmatisme au détriment de l'idéologie
Certains pays comme le Sénégal ont amorcé un rapprochement avec Israël dans une posture se voulant plus pragmatique qu'autrefois, ce qui provoque des tensions avec l'opinion publique. (AFP)
Mais les lignes pourraient toutefois bouger, relève M. Gruzd, selon qui les pays africains seraient devenus "plus pragmatiques qu'idéologiques". "Dans certains pays - comme l'Afrique du Sud et l'Algérie - le sentiment anti-Israël est fort, mais ceux-ci sont fortement minoritaires", observe-t-il.
Un changement de paradigme auquel veut croire l'ambassadeur d'Israël au Sénégal. "Il ne s'agit plus d'être pour ou contre Israël, mais de permettre à chaque État de décider de manière souveraine des relations qu'il aura avec son partenaire", affirme Ben Burgel, se réjouissant du "pragmatisme" de récents échanges avec N'Djamena.
Côté Africains, le ton se veut plus mesuré. "Aux Nations unies, le Sénégal préside depuis sa création le comité pour les droits inaliénables des Palestiniens" et entretient dans le même temps "une excellente coopération avec Israël", a souligné mardi l'ambassadeur du Sénégal en France, El Hadji Magatte Seye, reconnaissant des "divergences" sur certains sujets.
L'ancien ministre malien des Affaires étrangères Tieman Coulibaly a de son côté jugé "légitime" qu'Israël "travaille avec les États africains". Sans entrer dans le débat diplomatique sur la question palestinienne.
Avec AFP
L'ancien premier ministre israélien Benyamin Netanyahu s'était donné pour objectif de restaurer les relations diplomatiques avec les États africains ayant rompu avec Israël suite à la guerre de 1967, un objectif largement atteint. (AFP)
Porté par la normalisation de ses relations avec plusieurs pays arabes, Israël relance son opération séduction en Afrique dans l'espoir notamment d'obtenir, in fine, un soutien accru des États du continent dans les enceintes internationales.
Signe de cette ambition, un colloque se tenait mardi à Paris sur les "défis et les opportunités" d'un "retour d'Israël en Afrique", où l'État hébreu a enregistré quelques succès en matière de "soft power" mais voudrait encore intensifier son action et en tirer des dividendes diplomatiques.
C'est une "priorité", a déclaré le ministre israélien des Affaires étrangères Yaïr Lapid, rappelant dans une vidéo diffusée aux ambassadeurs et entrepreneurs réunis à Paris les liens "historiques" entre Israël et le continent.
Après l'âge d'or des années 50 et 60, les relations entre Israël et l'Afrique ont connu un trou d'air avec la rupture des liens diplomatiques entre l'État hébreu et plusieurs pays africains dans le sillage des guerres des Six Jours de 1967 et du Kippour de 1973. Il faudra attendre les années 1990 pour que certains liens soient restaurés - Israël entretient aujourd'hui des relations diplomatiques avec une quarantaine d'États africains.
Entre 2009 et 2021, l'ancien Premier ministre Benjamin Netanyahu "s'est donné l'objectif de reprendre les relations diplomatiques avec les pays africains ayant rompu" et "cet objectif a été largement rempli", relève Benjamin Augé, chercheur à l'Institut français des relations internationales (Ifri) à Paris et auteur d'un rapport en 2020 portant sur les relations Israël-Afrique.
Des relations qui restent peu consistantes malgré les percées enregistrées
En Afrique du Sud, le sentiment anti-israélien reste important, le pays étant l'un de ceux s'étant insurgé face à l'octroi à Israël du statut d'État observateur à l'Union africaine. (AFP)
"Il ne s'est cependant pas accompagné de moyens pour donner de la consistance à la reprise de ces relations", ajoute-t-il, pointant également des échanges économiques qui restent "faibles". Parmi les avancées enregistrées ces dernières années, Israël peut mettre en avant les accords conclus avec le Maroc et le Soudan - après ceux signés avec les Émirats - et dénoncés par les Palestiniens comme une "trahison".
L'État hébreu a également obtenu, en 2021, le statut d'observateur au sein de l'Union africaine. Mais face à la levée de boucliers notamment de l'Afrique du Sud et de l'Algérie, un comité a été chargé de se pencher sur la question.
"Dans l'ensemble, Israël a définitivement fait des percées en Afrique", estime Steven Gruzd, de l'Institut de relations internationales d'Afrique du Sud, évoquant des liens forts "avec des États d'Afrique de l'Est comme le Kenya, l'Ouganda, l'Éthiopie et le Rwanda".
Pour y parvenir, Israël a joué la carte du "soft power", en nouant des coopérations dans les domaines de l'agriculture, de l'énergie, de la cybersécurité ou encore de lutte contre le terrorisme. Avec, au-delà des enjeux économiques et sécuritaires, un objectif bien précis en tête.
"Le périple de Benjamin Netanyahu de 2017 dans certains pays africains avait pour objectif le raffermissement de la présence d'Israël en Afrique, notamment pour qu'Israël au sein des enceintes internationales et surtout de l'Assemblée générale de l'ONU puisse disposer d'un meilleur vecteur de soutien des pays africains", a rappelé mardi l'ancien ambassadeur d'Israël en France et aux Nations unies, Yehuda Lancry. "Israël essaie de briser le phénomène des États africains qui votent en masse contre lui dans des forums internationaux comme l'Assemblée générale des Nations unies et le Conseil des droits de l'homme des Nations unies", confirme Steven Gruzd.
Avec un succès mitigé. En 2016, le Sénégal, qui a rétabli ses relations diplomatiques avec Israël dans les années 90, avait voté à l'ONU une résolution contre les colonies israéliennes. Le sommet Afrique-Israël de Lomé, qui devait concrétiser en octobre 2017 la stratégie de M. Netanyahu, n'a lui finalement jamais vu le jour.
Un changement de paradigme, dominé par le pragmatisme au détriment de l'idéologie
Certains pays comme le Sénégal ont amorcé un rapprochement avec Israël dans une posture se voulant plus pragmatique qu'autrefois, ce qui provoque des tensions avec l'opinion publique. (AFP)
Mais les lignes pourraient toutefois bouger, relève M. Gruzd, selon qui les pays africains seraient devenus "plus pragmatiques qu'idéologiques". "Dans certains pays - comme l'Afrique du Sud et l'Algérie - le sentiment anti-Israël est fort, mais ceux-ci sont fortement minoritaires", observe-t-il.
Un changement de paradigme auquel veut croire l'ambassadeur d'Israël au Sénégal. "Il ne s'agit plus d'être pour ou contre Israël, mais de permettre à chaque État de décider de manière souveraine des relations qu'il aura avec son partenaire", affirme Ben Burgel, se réjouissant du "pragmatisme" de récents échanges avec N'Djamena.
Côté Africains, le ton se veut plus mesuré. "Aux Nations unies, le Sénégal préside depuis sa création le comité pour les droits inaliénables des Palestiniens" et entretient dans le même temps "une excellente coopération avec Israël", a souligné mardi l'ambassadeur du Sénégal en France, El Hadji Magatte Seye, reconnaissant des "divergences" sur certains sujets.
L'ancien ministre malien des Affaires étrangères Tieman Coulibaly a de son côté jugé "légitime" qu'Israël "travaille avec les États africains". Sans entrer dans le débat diplomatique sur la question palestinienne.
Avec AFP
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