©En Israël et à Jérusalem, il n'est en théorie pas illégal d'agiter le drapeau palestinien, mais la police mène des arrestations invoquant des gestes de provocation. (AFP)
Une véritable guerre des drapeaux se déchaîne en Palestine occupée, alors que des colons israéliens ont mené à plusieurs reprises des campagnes d'arrachages de drapeaux palestiniens, le remplaçant par le leur. Plusieurs heurts ont eu lieu, entre colons et palestiniens qui voient en leur drapeau le symbole de leur lutte nationale. À Jérusalem-Est, même scénario : suite à l'assassinat de Shirine Abou Aqleh par un soldat israélien, une vague de drapeaux palestiniens a envahi la Vieille Ville, tandis que deux semaines plus tard, les Israéliens faisaient de même avec leur traditionnelle "marche du drapeau". S'il n'est pour l'heure pas interdit de brandir le drapeau palestinien en Israël, la police n'hésite pas à arrêter les individus en portant un pour "geste de provocation", et un projet de loi porté par le Likoud vise à criminaliser cette pratique.
Des colons israéliens se sont lancés à l'assaut du rond-point de Huwara, en Cisjordanie, pour en retirer des pavillons palestiniens, dans le cadre d'une "guerre des drapeaux". (AFP)
Quelque chose se passe à Huwara. Ces dernières semaines, des colons israéliens se sont lancés à l'assaut du rond-point de cette ville de Cisjordanie pour en retirer des pavillons palestiniens dans le cadre d'une "guerre des drapeaux" en pleine expansion entre les deux camps.
Lundi 30 mai 2022, au rond-point de Huwara près de Naplouse (nord), où les colons des collines alentours descendent pour emprunter la grande route qui serpente la Cisjordanie, territoire occupé par Israël depuis 1967, des dizaines de soldats israéliens montent la garde.
Un drapeau palestinien -noir, rouge, vert et blanc- accroché à un poteau électrique flotte au vent. Un colon israélien s'approche, sort de son véhicule, grimpe sur le poteau et s'en empare sous le regard de soldats impassibles.
Zafer Al Sayegh, un commerçant palestinien regarde la scène, dépité. "Plusieurs martyrs ont payé le prix de leur vie pour ce drapeau", dit-il à l'AFP. "Nous sommes ici chez nous (...) mais un colon arrive ici avec un bâton, un couteau et une hache pour descendre le drapeau (palestinien)".
Zafer n'est pas le seul à s'offusquer. Au cours des dernières semaines, des heurts violents ont opposé des Palestiniens aux colons ou forces de l'ordre israéliennes au rond-point de Huwara.
"Pour nous, (le drapeau palestinien) est un symbole. Cela représente tout, notre dignité, notre droit à nous défendre contre les Israéliens (...) Nous, Palestiniens, nous nous unissons sous ce drapeau", tonne Wajeh Odeh, ancien maire de Huwara.
Le drapeau palestinien, un symbole ennemi
Une véritable guerre des drapeaux a lieu à Jérusalem-Est, les forces de l'ordre protégeant les foules israéliennes arborant leur drapeau, tandis qu'elles arrêtent les nombreux militants palestiniens faisant de même avec le leur. (AFP)
En Israël et encore plus à Jérusalem-Est --secteur palestinien de la Ville sainte occupé puis annexé par l'État hébreu--, les forces de l'ordre n'hésitent pas à arrêter les personnes arborant un drapeau palestinien, donnant parfois lieu à des violences. Comme lors des funérailles mi-mai de la journaliste palestino-américaine Shireen Abu Akleh, lorsque la police a chargé une foule brandissant des bannières palestiniennes à la sortie du cercueil de l'hôpital.
Des milliers de personnes ont ensuite suivi la dépouille, donnant lieu à une scène rarissime dans la Vieille Ville d'une foule de Palestiniens brandissant leur drapeau.
Deux semaines plus tard, des dizaines de milliers d'Israéliens nationalistes ont mené leur annuelle "marche des drapeaux" à Jérusalem, inondée de bannières bleues et blanches, pour marquer la conquête en 1967 de la partie orientale de la ville par l'État hébreu.
En réponse, des Palestiniens ont tenu des rassemblements à travers la Cisjordanie, notamment à Huwara, arborant aussi leur drapeau.
Ce dernier pourrait être formellement interdit dans le service public dans le cadre d'un projet de loi sur les drapeaux "ennemis", porté par le député israélien Eli Cohen, membre du Likoud (droite, opposition) de Benjamin Netanyahu.
Une escalade manifestée par la présence massive du drapeau
Des dizaines de milliers d'Israéliens nationalistes ont mené leur annuelle "marche des drapeaux" à Jérusalem, inondée de bannières bleues et blanches, pour marquer la conquête en 1967 de la partie orientale de la ville par l'État hébreu. (AFP)
"Voici une ligne rouge à ne pas franchir et qui diffère des manifestations légitimes: agiter le drapeau de ceux qui ne reconnaissent pas l'État d'Israël ou qui représentent une menace existentielle", est-il écrit dans le projet de loi déposé cette semaine. Il pourrait toutefois ne pas recevoir le feu vert final du Parlement, notamment des élus issus de la minorité arabe, descendants des Palestiniens restés en Israël après la création du pays en 1948.
"Il est temps de mettre fin à l'hypocrisie et aux incitations à la haine contre nous en renforçant notre souveraineté", a tweeté Eli Cohen. "Quiconque se sent Palestinien recevra tout l'aide nécessaire pour un aller simple à Gaza".
L'enclave palestinienne de Gaza, contrôlée par les islamistes du Hamas qui ne font pas partie de l'Autorité palestinienne, est sous blocus israélien depuis 2007. Le Hamas et l'État hébreu se sont affrontés lors de quatre guerres depuis 2008.
En Israël et à Jérusalem, il n'est en théorie pas illégal d'agiter le drapeau palestinien, mais la police mène des arrestations invoquant des gestes de provocation, explique la libérale Laura Wharton, membre du conseil municipal de Jérusalem.
"Nous ne sommes pas en guerre avec l'Autorité palestinienne. Au contraire, nous avons signé les accords de paix d'Oslo avec elle. Plus la droite radicale jouera cette carte, plus les Palestiniens, en particulier les jeunes, utiliseront le drapeau pour les narguer. Nous assistons actuellement à une sorte d'engrenage de l'usage du drapeau", dit-elle.
Dans cette escalade, des Palestiniens ont réussi un bref coup de force dimanche lors de la marche israélienne "des drapeaux" en faisant voler au-dessus de la Vieille Ville de Jérusalem un mini-drone coiffé de leur drapeau... avant d'être ramené au sol par la police.
Avec AFP
Des colons israéliens se sont lancés à l'assaut du rond-point de Huwara, en Cisjordanie, pour en retirer des pavillons palestiniens, dans le cadre d'une "guerre des drapeaux". (AFP)
Quelque chose se passe à Huwara. Ces dernières semaines, des colons israéliens se sont lancés à l'assaut du rond-point de cette ville de Cisjordanie pour en retirer des pavillons palestiniens dans le cadre d'une "guerre des drapeaux" en pleine expansion entre les deux camps.
Lundi 30 mai 2022, au rond-point de Huwara près de Naplouse (nord), où les colons des collines alentours descendent pour emprunter la grande route qui serpente la Cisjordanie, territoire occupé par Israël depuis 1967, des dizaines de soldats israéliens montent la garde.
Un drapeau palestinien -noir, rouge, vert et blanc- accroché à un poteau électrique flotte au vent. Un colon israélien s'approche, sort de son véhicule, grimpe sur le poteau et s'en empare sous le regard de soldats impassibles.
Zafer Al Sayegh, un commerçant palestinien regarde la scène, dépité. "Plusieurs martyrs ont payé le prix de leur vie pour ce drapeau", dit-il à l'AFP. "Nous sommes ici chez nous (...) mais un colon arrive ici avec un bâton, un couteau et une hache pour descendre le drapeau (palestinien)".
Zafer n'est pas le seul à s'offusquer. Au cours des dernières semaines, des heurts violents ont opposé des Palestiniens aux colons ou forces de l'ordre israéliennes au rond-point de Huwara.
"Pour nous, (le drapeau palestinien) est un symbole. Cela représente tout, notre dignité, notre droit à nous défendre contre les Israéliens (...) Nous, Palestiniens, nous nous unissons sous ce drapeau", tonne Wajeh Odeh, ancien maire de Huwara.
Le drapeau palestinien, un symbole ennemi
Une véritable guerre des drapeaux a lieu à Jérusalem-Est, les forces de l'ordre protégeant les foules israéliennes arborant leur drapeau, tandis qu'elles arrêtent les nombreux militants palestiniens faisant de même avec le leur. (AFP)
En Israël et encore plus à Jérusalem-Est --secteur palestinien de la Ville sainte occupé puis annexé par l'État hébreu--, les forces de l'ordre n'hésitent pas à arrêter les personnes arborant un drapeau palestinien, donnant parfois lieu à des violences. Comme lors des funérailles mi-mai de la journaliste palestino-américaine Shireen Abu Akleh, lorsque la police a chargé une foule brandissant des bannières palestiniennes à la sortie du cercueil de l'hôpital.
Des milliers de personnes ont ensuite suivi la dépouille, donnant lieu à une scène rarissime dans la Vieille Ville d'une foule de Palestiniens brandissant leur drapeau.
Deux semaines plus tard, des dizaines de milliers d'Israéliens nationalistes ont mené leur annuelle "marche des drapeaux" à Jérusalem, inondée de bannières bleues et blanches, pour marquer la conquête en 1967 de la partie orientale de la ville par l'État hébreu.
En réponse, des Palestiniens ont tenu des rassemblements à travers la Cisjordanie, notamment à Huwara, arborant aussi leur drapeau.
Ce dernier pourrait être formellement interdit dans le service public dans le cadre d'un projet de loi sur les drapeaux "ennemis", porté par le député israélien Eli Cohen, membre du Likoud (droite, opposition) de Benjamin Netanyahu.
Une escalade manifestée par la présence massive du drapeau
Des dizaines de milliers d'Israéliens nationalistes ont mené leur annuelle "marche des drapeaux" à Jérusalem, inondée de bannières bleues et blanches, pour marquer la conquête en 1967 de la partie orientale de la ville par l'État hébreu. (AFP)
"Voici une ligne rouge à ne pas franchir et qui diffère des manifestations légitimes: agiter le drapeau de ceux qui ne reconnaissent pas l'État d'Israël ou qui représentent une menace existentielle", est-il écrit dans le projet de loi déposé cette semaine. Il pourrait toutefois ne pas recevoir le feu vert final du Parlement, notamment des élus issus de la minorité arabe, descendants des Palestiniens restés en Israël après la création du pays en 1948.
"Il est temps de mettre fin à l'hypocrisie et aux incitations à la haine contre nous en renforçant notre souveraineté", a tweeté Eli Cohen. "Quiconque se sent Palestinien recevra tout l'aide nécessaire pour un aller simple à Gaza".
L'enclave palestinienne de Gaza, contrôlée par les islamistes du Hamas qui ne font pas partie de l'Autorité palestinienne, est sous blocus israélien depuis 2007. Le Hamas et l'État hébreu se sont affrontés lors de quatre guerres depuis 2008.
En Israël et à Jérusalem, il n'est en théorie pas illégal d'agiter le drapeau palestinien, mais la police mène des arrestations invoquant des gestes de provocation, explique la libérale Laura Wharton, membre du conseil municipal de Jérusalem.
"Nous ne sommes pas en guerre avec l'Autorité palestinienne. Au contraire, nous avons signé les accords de paix d'Oslo avec elle. Plus la droite radicale jouera cette carte, plus les Palestiniens, en particulier les jeunes, utiliseront le drapeau pour les narguer. Nous assistons actuellement à une sorte d'engrenage de l'usage du drapeau", dit-elle.
Dans cette escalade, des Palestiniens ont réussi un bref coup de force dimanche lors de la marche israélienne "des drapeaux" en faisant voler au-dessus de la Vieille Ville de Jérusalem un mini-drone coiffé de leur drapeau... avant d'être ramené au sol par la police.
Avec AFP
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