Devant l'AIEA, l'Iran et Israël font monter les enchères
©Les Gardiens de la révolution islamiques paradent aux côtés d'un missile lors de la "Journée de Jérusalem", à Téhéran, en avril 2022. (AFP)

Nucléaire iranien: Israël dit à l'AIEA être prêt à utiliser son "droit à l'autodéfense"


Les tensions sont montées d'un cran entre les deux ennemis jurés, Israël et l'Iran. Le Premier ministre israélien Naftali Bennett a averti vendredi le chef de l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) que son pays était prêt à utiliser son "droit à l'autodéfense" pour stopper le programme nucléaire iranien.


Des soldats israéliens de la Brigade Nahal participent à un exercice près de la colonie de Kidmat Tsvi sur les hauteurs du Golan annexées par Israël
"Droit à l'autodéfense"

Arrivé jeudi soir en Israël, le directeur général de l'AIEA Rafael Grossi s'est entretenu vendredi matin avec M. Bennett, avant de repartir pour Vienne.  M. Bennett "a clairement indiqué que si Israël préfère la diplomatie afin de priver l'Iran de la possibilité de développer des armes nucléaires, il se réserve le droit à l'autodéfense et à l'action contre l'Iran afin de bloquer son programme nucléaire", ont indiqué ses services dans un communiqué à l'issue de la rencontre.
"Les sionistes sont peut-être seulement en capacité de rêver de frapper l'Iran, et si cela se produit, ce sera un rêve dont ils ne se réveilleront jamais!", a prévenu de son côté sur Twitter le négociateur en chef iranien sur le nucléaire, Ali Bagheri.Le ministre iranien des Affaires étrangères, Hossein Amir-Abdollahian, a lui jugé le déplacement en Israël du directeur général de l'AIEA comme "contraire au principe de neutralité" de l'organisation onusienne.L'armée israélienne a mené cette semaine un vaste exercice militaire impliquant des avions de combat au dessus de la Méditerranée et des navires de guerre en mer Rouge. Selon la presse israélienne, l'exercice a simulé une attaque de grande ampleur contre l'Iran, ennemi numéro un de l'Etat hébreu.

Des soldats israéliens de la Brigade Nahal participent à un exercice près de la colonie de Kidmat Tsvi sur les hauteurs du Golan annexées par Israël.
"Plusieurs scénarios" contre l'Iran

Interrogée jeudi par l'AFP, l'armée n'a pas commenté ces informations, mais elle a confirmé "s'entraîner continuellement pour plusieurs scénarios incluant des menaces de l'Iran". Lors de sa rencontre avec M. Grossi, le Premier ministre israélien a également appelé à une action plus ferme de la communauté internationale face à l'Iran lui enjoignant "d'utiliser tous les moyens" pour empêcher Téhéran de se doter d'armes nucléaires.

Israël, considéré par les experts comme la seule puissance nucléaire du Moyen-Orient, perçoit comme une menace à sa sécurité le programme nucléaire de l'Iran, qu'il accuse de vouloir se doter de la bombe atomique, ce que Téhéran a toujours nié. L'Etat hébreu s'oppose ainsi à une relance de l'accord international de 2015 sur le nucléaire iranien  -censé empêcher la République islamique de se doter de la bombe atomique en échange de la levée de sanctions asphyxiant son économie - dont les États-Unis s'étaient désengagés en 2018.

Israël craint notamment que cet accord permette de regarnir les coffres de l'Iran qui pourrait ainsi accroître, selon des responsables israéliens, son aide à des alliés régionaux comme le Hezbollah libanais ou le Hamas palestinien, des ennemis de l'Etat hébreu.

Nucléaire: l'Iran promet une riposte "immédiate" à toute action "politique" de l'AIEA


Le ministre iranien des Affaires étrangères, Hossein Amir-Abdollahian, a promis vendredi une riposte "immédiate" à toute action "politique" des Occidentaux lors de la réunion de l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) prévue en début de semaine prochaine.


Une photo mise à disposition par le site Web officiel de l'armée iranienne en janvier dernier montre des navires de guerre iraniens, russes et chinois lors d'un exercice militaire conjoint dans l'océan Indien.
"Réponse proportionnée" iranienne

Les États-Unis ont confirmé jeudi préparer une résolution avec trois pays européens (la France, l'Allemagne et le Royaume-Uni) pour exhorter l'Iran à "coopérer pleinement" avec l'AIEA.
"Toute action politique des États-Unis et des trois pays européens au sein de l'AIEA provoquerait sans aucun doute une réponse proportionnée, efficace et immédiate de la part de la République islamique d'Iran", a déclaré M. Amir-Abdollahian lors d'une conversation téléphonique avec son homologue européen, Josep Borrell, selon un communiqué officiel.Ce projet de résolution a été qualifié d'"acte contraire à la pratique diplomatique, hâtif et non constructif", qui "rendra le processus de négociation plus difficile et compliqué". Lors d'une discussion avec son homologue russe, Sergueï Lavrov, le ministre iranien a indiqué que "les parties obstruant la voie diplomatique seraient responsables des conséquences de l'adoption de toute résolution anti-iranienne", selon un communiqué.

Un hélicoptère militaire iranien survole les canots rapides des Gardiens de la révolution lors d'exercices navals dans le Golfe, en 2010.
Absence de "réponses satisfaisantes"

Le gendarme onusien du nucléaire a dénoncé dans un récent rapport l'absence de "réponses satisfaisantes" de Téhéran concernant la présence de matière nucléaire sur trois sites non déclarés dans le pays.

Ce dossier, cause d'inquiétude depuis plusieurs mois pour la communauté internationale, vient se greffer à l'impasse des négociations lancées il y a plus d'un an pour tenter de sauver l'accord censé empêcher la République islamique de fabriquer la bombe atomique, un objectif qu'elle nie.


M. Amir-Abdolahian a en outre jugé le déplacement en Israël du directeur général de l'AIEA, Rafael Grossi, comme "contraire au principe de neutralité" de l'organisation onusienne. Arrivé jeudi soir en Israël pour une visite éclair, M. Grossi s'est entretenu vendredi matin avec le Premier ministre israélien, Naftali Bennett, avant de repartir immédiatement pour Vienne, la capitale autrichienne.

Le dirigeant israélien a averti que son pays "se réservait le droit à l'autodéfense et à l'action contre l'Iran, afin de bloquer son programme nucléaire", selon un communiqué de ses services publié à l'issue de la rencontre.

L'Iran enquête sur la mort d'un membre des Gardiens, dément son "assassinat"


L'Iran a affirmé vendredi qu'une enquête était en cours pour déterminer la cause du décès, survenu "il y a quelques jours", d'un membre des Gardiens de la Révolution, l'armée idéologique de la République islamique, selon l'agence de presse officielle, écartant la thèse d'un "assassinat".


Le cercueil du colonel des pasdaran iraniens Sayyad Khodaï.

"Un membre des Gardiens de la Révolution est mort il y a quelques jours dans un accident dans sa maison", a indiqué l'agence Irna, citant "une source informée", sans plus de précisions. Une enquête a été ouverte pour déterminer la cause du décès, a ajouté l'agence, affirmant qu'il ne s'agit pas d'un "assassinat".

Des médias de l'opposition iranienne basés à l'étranger ont affirmé jeudi soir qu'un commandant de la Force Qods, l'unité chargée des opérations extérieures au sein des Gardiens de la Révolution, le colonel Ali Esmaïlzadeh, a été assassiné à Karaj, près de Téhéran. De son côté, l'agence de presse Tasnim a précisé que la victime, "Ali Esmaïlzadeh, était décédé après être tombé de la terrasse de sa maison, qui n'avait pas de protection adéquate", sans donner plus de détails sur son identité.


"Connu" en Syrie

Le 22 mai, le colonel des Gardiens Sayyad Khodaï, 50 ans, a été tué par balle par deux motards alors qu'il rentrait chez lui dans l'est de la capitale Téhéran. Membre de la Force Qods, il était "connu" en Syrie, pays en guerre où l'Iran aide militairement le régime de Bachar al-Assad, selon la télévision d'Etat iranienne.

Lundi, l'Iran a accusé les "sionistes" de l'avoir tué, quelques jours après qu'Israël a selon le New York Times affirmé aux Etats-Unis être responsable du meurtre de cet important officier des Gardiens.



Dans le discours officiel iranien, le terme "sionistes" désignent les Israéliens, mais parfois aussi les pays et les individus qui soutiennent l'Etat d'Israël. Les Iraniens emploient le terme "régime sioniste" pour désigner spécifiquement l'Etat israélien. Les Gardiens figurent sur la liste noire américaine des "organisations terroristes étrangères".

Avec AFP

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