Kiev redevient la cible des missiles russes
Un avertissement meurtrier. L'armée russe a de nouveau ciblé Kiev, qui reprenait un semblant de vie normale, en frappant la capitale ukrainienne à l'aube par plusieurs missiles, les premières depuis fin avril. Le président russe Vladimir Poutine a également menacé de frapper de nouvelles cibles si les Occidentaux fournissaient des missiles de longue portée à l'Ukraine.

Le système américain Himars dispose de missiles ayant une portée de 80 km, et donc supérieure à celle des systèmes russes équivalents, ce qui permettrait aux forces de Kiev de frapper l'artillerie adverse en restant hors d'atteinte. C'est cette caractéristique qui a sans doute provoqué l'ire de Poutine.

Cette mise en garde intervient alors que les Etats-Unis avaient promis la semaine dernière de fournir à l'armée ukrainienne des lance-missiles multiples Himars pour leur permettre de faire face à la puissance de feu russe au Donbass. Les missiles russes ont détruit une station de maintenance ferroviaire, dans laquelle sont stockés des chars fournis par les pays voisins de l'Ukraine, selon Moscou.

Lundi à l’aube, le ministère britannique de la Défense a annoncé que le Royaume-Uni va fournir à l'Ukraine des lance-roquettes d'une portée de 80 kilomètres pour faire face à l'offensive russe, prenant la suite de Washington.

Ces systèmes de lance-roquettes multiples (M270 MLRS) permettront d'"augmenter significativement les capacités des forces ukrainiennes", a indiqué le ministère dans un communiqué.

Un M270 MLRS de la Bundeswehr, l'armée allemande. Ce système, également américain, est une version antérieure au Himars.

Cette décision a été prise en "étroite coordination" avec les Etats-Unis, qui ont annoncé la semaine dernière la fourniture de systèmes Himars. "Si la communauté internationale maintient son soutien, l'Ukraine peut gagner", a commenté le ministre britannique de la Défense, Ben Wallace.

"La stratégie de la Russie change, et notre soutien doit changer aussi", a-t-il ajouté, soulignant que ces nouvelles armes permettraient aux Ukrainiens "de mieux se protéger contre le recours brutal d'une artillerie à longue portée, que les forces de Poutine ont utilisée de manière indiscriminée pour raser des villes".

Le soutien militaire du Royaume-Uni à l'Ukraine s'élève jusqu'ici à plus de 750 millions de livres sterling (874 millions d'euros).




Les Ukrainiens reprennent Severodonetsk?

Au cours des dernières heures, chacun des camps a affirmé progresser à Severodonetsk. Sa prise serait un atout de taille pour les Russes qui veulent contrôler l'intégralité du Donbass, dont des séparatistes prorusses appuyés par Moscou tenaient une partie depuis 2014.

Mais dimanche, le gouverneur de la région de Lougansk, Serguiï Gaïdaï, a annoncé que les forces ukrainiennes avaient "nettoyé la moitié" de Severodonetsk des troupes russes qui s'y trouvaient.



Dans les villages du Donbass, les jeunes ont souvent migré vers les villes pour trouver de meilleures conditions de vie, laissant derrière des personnes âgées livrées à elles-mêmes.

"La moitié de la ville est sous le contrôle de nos défenseurs", a-t-il assuré dans une interview diffusée sur les réseaux sociaux.

Mais il a dit s'attendre à une contre-attaque russe: "Dans les cinq prochains jours, il y aura une forte augmentation du nombre des bombardements à l'artillerie lourde", a avancé M. Gaïdaï.Pour l'Institut américain pour l'étude de la guerre (ISW), la dynamique a changé et désormais les forces ukrainiennes "ralentissent avec succès (...) les assauts russes à Severodonetsk à travers des contre-attaques locales prudentes et efficaces".




Frappes sur Kiev

A Kiev, plusieurs explosions ont eu lieu à l'aube dans les quartiers de Darnytsky et Dniprovsky, au sud-est de la capitale ukrainienne. Une personne blessée a été hospitalisée, a annoncé sur Telegram le maire de Kiev, Vitali Klitschko. Elle a rapidement quitté l'hôpital dans la journée.

Un immeuble de 10 étages a eu toutes ses vitres brisées. Non loin, une femme a nettoyé des bris de verre dans la rue devant un centre culturel dont les vitres ont également été soufflées par les explosions.

La fumée couvre lentement Kiev après la frappe des missiles russes

Ces frappes aériennes ont visé un atelier de réparation de wagons de marchandise, dans le sud-est de Kiev à 10 km du centre-ville, selon la Russie, qui affirme y avoir détruit des blindés fournis à l'Ukraine par des pays d'Europe de l'Est.

"Des missiles de haute précision et de longue portée tirés (...) sur la banlieue de Kiev ont détruit des chars T-72 fournis par des pays d'Europe de l'Est et d'autres blindés qui se trouvaient dans des hangars", a déclaré le porte-parole du ministère russe de la Défense, Igor Konachenkov.



Un char T-72 ukrainien fourni par la Pologne. (AFP)

Des responsables et des témoins ukrainiens sur place ont démenti.  "C'est un autre exemple de falsification fabriquée par la Russie pour justifier cette guerre brutale contre l'Ukraine", a réagi auprès de l'AFP Serhii Leshchenko, le directeur adjoint du conseil de surveillance de la compagnie de chemins de fer ukrainienne.

Dans la soirée, l'AFP a pu constater la destruction de plusieurs hangars et un large cratère causé par un obus, tandis que les pompiers tentaient toujours de maîtriser un petit incendie."L'agresseur continue de lancer des missiles et de mener des frappes aériennes sur les infrastructures militaires et civiles de notre pays, en particulier à Kiev", a écrit l'état-major de l'armée ukrainienne sur sa page Facebook.


Le Tupolev Tu-95 a lancé ses missiles à partir de la mer Noire, l'aviation militaire russe ne se hasarde plus dans l'espace aérien ukrainien pour éviter les pertes. (Licence Commons)

Selon l'aviation ukrainienne, plusieurs missiles de croisière ont été tirés en direction de Kiev par des avions russes TU-95 basés dans la mer Caspienne, dont un a été détruit.

La capitale, autour de laquelle l'étau russe s'était desserré fin mars/début avril, n'avait plus été frappée depuis le 28 avril, jour de la visite du secrétaire général de l'ONU Antonio Guterres.La société ukrainienne Energoatom, qui gère les centrales nucléaires du pays, a pour sa part déclaré qu'un missile avait volé à un "niveau extrêmement bas au-dessus de la centrale Pivdenno-Ukraïnska", dans la région de Mykolaïv, dénonçant "un acte de terrorisme nucléaire".
"Un soutien constant, pas une aide ponctuelle"

L'Ukraine a besoin d'un soutien militaire "constant" de la part des pays occidentaux, et non d'une aide "ponctuelle", jusqu'à sa victoire contre les forces de Moscou, a déclaré dimanche sa vice-ministre de la Défense, Ganna Malyar.



La vice-ministre ukrainienne de la Défense, Ganna Malyar. (Compte Facebook)

 

Peu après les frappes sur Kiev, le président russe a prévenu que Moscou frapperait de nouvelles cibles si les Occidentaux fournissaient des missiles de longue portée à l'Ukraine, ce qui selon lui vise à "prolonger le conflit".Ces déclarations interviennent quelques jours après que les Etats-Unis ont annoncé leur décision de livrer à l'Ukraine des lance-roquettes multiples Himars, d'une portée d'environ 80 km.Les experts militaires soulignent que cette portée est légèrement supérieure à celle des systèmes analogues russes, ce qui permettrait aux forces de Kiev de frapper l'artillerie adverse en restant hors d'atteinte.AFP
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