L’amarrage dimanche de la plateforme d'Energean Power dans le champ gazier de Karish est la dernière étape d’un processus d'exploitation entamé par Israël en 2013, sans que les autorités libanaises n’y réagissent efficacement, explique l’invité d’Ici Beyrouth, Charbel Skaff, expert en énergie et chargé de cours à l’université.

Il n’y aurait pas de volonté réelle des autorités libanaises de prendre des mesures concrètes au niveau des négociations indirectes entre le Liban et Israël autour du tracé des frontières maritimes, relancées par intermittence depuis fin 2020. Sachant que ces négociations butent sur la ligne devant leur servir de point de départ, il rappelle que le Liban retient officiellement la ligne 23 sur base du décret 6433 de 2011. Le pays gagnerait pourtant à défendre la ligne 29, qui étend de 1430 km2 la surface maritime libanaise par rapport à la ligne 23. L’expert revient sur l’historique de cette ligne 29, défendue aussi bien par l’armée libanaise que par l’Institut hydrographique du Royaume-Uni (UKHO) relevant du ministère britannique des Affaires étrangères. «Une ligne que la majorité des responsables libanais rejettent, sans oser dire pourquoi», souligne Charbel Skaff.

Il appelle les autorités à lever «l’ambigüité» de leur position, en modifiant le décret 6433 en faveur d’une adoption officielle de la ligne 29. Toute autre mesure serait stérile, «de pure forme», y compris l’invitation officielle lancée lundi à l’émissaire américain Amos Hochstein à se rendre au Liban, explique-t-il.


L’offre écrite de Hochstein basée sur un tracé dévié de la ligne 23 attend elle aussi la réponse des autorités libanaises depuis mars 2021. Comment expliquer au final le silence libanais aussi bien sur l’offre Hochstein que sur la ligne 29?

L’expert n’écarte pas la possibilité d’un marché conclu entre Beyrouth et Washington d’une part, et Washington et Tel Aviv de l’autre. «Les prochains jours» nous le diront, conclut l’expert.
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