En ouvrant le restaurant arménien Mayrig en 2003, à la rue Pasteur à Gemmayzé, Aline Kamakian réalisait le rêve de son père mais rendait aussi hommage aux mères arméniennes qui ont réussi à préserver leur héritage culturel en sauvegardant leurs traditions et en transmettant leur savoir-faire.
L’enseigne Mayrig sera présente à Saint-Jean-Cap-Ferrat lors du week-end caritatif du 1er au 3 juillet prochain organisé par Mon Liban d’azur où le Liban et l’Arménie seront à l’honneur et où sera signé un partenariat entre Byblos et Saint-Jean-Cap-Ferrat. Pour la cheffe libano-arménienne Aline Kamakian, il s’agit de sauvegarder et de promouvoir la culture arménienne par-delà les frontières. Entretien avec une battante.
Son voyage en Cilicie ou autrement en Petite Arménie méditerranéenne était autant une quête initiatique qu’une tentative de retrouver les recettes ancestrales arméniennes disparues dans les méandres de l’oubli. Aline Kamakian est partie en compagnie de l’anthropologue Barbara Drieskens vers les lieux de mémoire puiser ce qu’elle pouvait trouver, et le voyage s’avéra éprouvant. «Je suis allée à la rencontre des Arméniens tout en sachant que ce serait très difficile de les retrouver car ils furent chassés de leur territoire. J’étais accablée quand j’ai vu qu’un autre peuple les a remplacés et a adopté leurs traditions. Mais je continuais malgré tout à chercher les lieux que mes grands-parents ont connus. Dans les églises géorgiennes, je mettais le doigt sur les inscriptions arméniennes comme pour témoigner de la présence de mes ancêtres.» Et c’est à partir de là que le travail de mémoire commence: briser le silence sur le génocide des Arméniens et faire parler les femmes.
«Je cherchais l’histoire et la culture des Arméniens à travers la nourriture. Je voulais prouver scientifiquement que les recettes étaient arméniennes.»
De cette quête têtue, elle revint transfigurée. Et dans la foulée, un livre illustré paraissait, intitulé Armenian cuisine, détaillant les modes de préparation, racontant les anecdotes, les festins, les fêtes et le voyage des recettes de la Cilicie d’origine à la diaspora arménienne.
Celle qui avait à cœur de réaliser le rêve de son père en ouvrant Mayrig en 2003, rue Pasteur à Gemmayzé, rendait aussi hommage aux mères arméniennes qui ont réussi à préserver leur héritage culturel en sauvegardant leurs traditions et en transmettant leur savoir-faire. Depuis, des franchises sont ouvertes à Riyad, Dubaï, Abou Dhabi, Erevan et aux Maldives, à l’hôtel Four Seasons.
«C’était très dur pour moi de donner une franchise à des investisseurs qui ne savaient rien de l’histoire de l’Arménie. Je leur ai dit que Mayrig n’est pas seulement un restaurant, c’est aussi l’histoire et les traditions du peuple arménien. Nos cuisines sont tenues par des mères arméniennes qui cuisinent les plats traditionnels comme le mante et le su beureg.» Confortée par le succès de Mayrig, elle ouvre un second restaurant, Batchig «une cuisine arménienne moderne destinée à la nouvelle génération et ce, pour préserver les traditions», et remporte, à juste titre, en 2015, le prix «Woman Entrepreneur of the Year».
Au plus fort de la crise économique, la cheffe réunit autour d’elle son équipe dont elle ne pouvait plus payer les salaires. «Je leur ai proposé d’être partenaires, ils ont tous accepté.» Le 4 août 2020, l’explosion monstrueuse du port de Beyrouth pulvérise Mayrig et inflige à tous d’imparables blessures, mais, ayant appris toute jeune à rester debout, la cheffe relève le défi et remet rapidement sa cuisine sur pied, distribuant aux employés et aux gens du quartier dévasté 2500 repas par jour. Elle aurait pu, face à l’inflation galopante et au manque d’électricité, prendre la tangente et, comme tant d’autres, fermer boutique, mais elle choisit de maintenir ouvert son restaurant. Il s'agit d’incessantes luttes qu’elle doit mener contre le mauvais sort. «D’une part, Mayrig a une clientèle fidèle. Et d’autre part, on ne cherche pas à faire de l’argent, mais à survivre. On s’entraide pour tenir le coup et les ressources de l’étranger compensent les pertes.»
Des projets en vue? « Début juillet, Mayrig participera aux festivités à Saint-Jean-Cap-Ferrat où la diaspora arménienne vivant sur la Côte d’Azur viendra au rendez-vous. Je présenterai sur le théâtre de la mer un show-cooking en présence du public et du maire Jean-François Dieterich. Notre stand propose toute une gamme de produits Kamakian ainsi qu’une dégustation de spécialités arméniennes.»
Transmettre la culture arménienne à travers la cuisine est une mission qu’Aline Kamakian s’est donnée, convaincue que «plus on partage, plus on est riche». C'est ainsi que liens se tissent et qu’une passerelle entre la communauté arménienne sur la Côte d’Azur et le Liban se met en place.
L’enseigne Mayrig sera présente à Saint-Jean-Cap-Ferrat lors du week-end caritatif du 1er au 3 juillet prochain organisé par Mon Liban d’azur où le Liban et l’Arménie seront à l’honneur et où sera signé un partenariat entre Byblos et Saint-Jean-Cap-Ferrat. Pour la cheffe libano-arménienne Aline Kamakian, il s’agit de sauvegarder et de promouvoir la culture arménienne par-delà les frontières. Entretien avec une battante.
Son voyage en Cilicie ou autrement en Petite Arménie méditerranéenne était autant une quête initiatique qu’une tentative de retrouver les recettes ancestrales arméniennes disparues dans les méandres de l’oubli. Aline Kamakian est partie en compagnie de l’anthropologue Barbara Drieskens vers les lieux de mémoire puiser ce qu’elle pouvait trouver, et le voyage s’avéra éprouvant. «Je suis allée à la rencontre des Arméniens tout en sachant que ce serait très difficile de les retrouver car ils furent chassés de leur territoire. J’étais accablée quand j’ai vu qu’un autre peuple les a remplacés et a adopté leurs traditions. Mais je continuais malgré tout à chercher les lieux que mes grands-parents ont connus. Dans les églises géorgiennes, je mettais le doigt sur les inscriptions arméniennes comme pour témoigner de la présence de mes ancêtres.» Et c’est à partir de là que le travail de mémoire commence: briser le silence sur le génocide des Arméniens et faire parler les femmes.
«Je cherchais l’histoire et la culture des Arméniens à travers la nourriture. Je voulais prouver scientifiquement que les recettes étaient arméniennes.»
De cette quête têtue, elle revint transfigurée. Et dans la foulée, un livre illustré paraissait, intitulé Armenian cuisine, détaillant les modes de préparation, racontant les anecdotes, les festins, les fêtes et le voyage des recettes de la Cilicie d’origine à la diaspora arménienne.
Celle qui avait à cœur de réaliser le rêve de son père en ouvrant Mayrig en 2003, rue Pasteur à Gemmayzé, rendait aussi hommage aux mères arméniennes qui ont réussi à préserver leur héritage culturel en sauvegardant leurs traditions et en transmettant leur savoir-faire. Depuis, des franchises sont ouvertes à Riyad, Dubaï, Abou Dhabi, Erevan et aux Maldives, à l’hôtel Four Seasons.
«C’était très dur pour moi de donner une franchise à des investisseurs qui ne savaient rien de l’histoire de l’Arménie. Je leur ai dit que Mayrig n’est pas seulement un restaurant, c’est aussi l’histoire et les traditions du peuple arménien. Nos cuisines sont tenues par des mères arméniennes qui cuisinent les plats traditionnels comme le mante et le su beureg.» Confortée par le succès de Mayrig, elle ouvre un second restaurant, Batchig «une cuisine arménienne moderne destinée à la nouvelle génération et ce, pour préserver les traditions», et remporte, à juste titre, en 2015, le prix «Woman Entrepreneur of the Year».
Au plus fort de la crise économique, la cheffe réunit autour d’elle son équipe dont elle ne pouvait plus payer les salaires. «Je leur ai proposé d’être partenaires, ils ont tous accepté.» Le 4 août 2020, l’explosion monstrueuse du port de Beyrouth pulvérise Mayrig et inflige à tous d’imparables blessures, mais, ayant appris toute jeune à rester debout, la cheffe relève le défi et remet rapidement sa cuisine sur pied, distribuant aux employés et aux gens du quartier dévasté 2500 repas par jour. Elle aurait pu, face à l’inflation galopante et au manque d’électricité, prendre la tangente et, comme tant d’autres, fermer boutique, mais elle choisit de maintenir ouvert son restaurant. Il s'agit d’incessantes luttes qu’elle doit mener contre le mauvais sort. «D’une part, Mayrig a une clientèle fidèle. Et d’autre part, on ne cherche pas à faire de l’argent, mais à survivre. On s’entraide pour tenir le coup et les ressources de l’étranger compensent les pertes.»
Des projets en vue? « Début juillet, Mayrig participera aux festivités à Saint-Jean-Cap-Ferrat où la diaspora arménienne vivant sur la Côte d’Azur viendra au rendez-vous. Je présenterai sur le théâtre de la mer un show-cooking en présence du public et du maire Jean-François Dieterich. Notre stand propose toute une gamme de produits Kamakian ainsi qu’une dégustation de spécialités arméniennes.»
Transmettre la culture arménienne à travers la cuisine est une mission qu’Aline Kamakian s’est donnée, convaincue que «plus on partage, plus on est riche». C'est ainsi que liens se tissent et qu’une passerelle entre la communauté arménienne sur la Côte d’Azur et le Liban se met en place.
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