©La Russe Kamila Valieva le 13 février 2022 à l'entraînement aux Jeux olympiques de Pékin. Anne-Christine Poujoulat/AFP/Archives
Un changement majeur: quatre mois après la retentissante affaire Valieva qui avait éclaboussé les JO de Pékin, la Fédération internationale de patinage (ISU) a relevé mardi l'âge minimum des patineurs et patineuses artistiques à 17 ans pour participer aux compétitions seniors.
Le débat sur le très jeune âge des patineurs --et surtout des patineuses-- avait resurgi lors des Jeux olympiques dans le sillage de la Russe Kamila Valieva. Grande favorite pour le titre olympique à 15 ans seulement, la jeune patineuse avait craqué sous la pression après s'être retrouvée au centre d'un scandale de dopage.
La réforme, approuvée par les délégués de 100 pays lors du Congrès de l'ISU à Phuket, en Thaïlande, s'appliquera en deux phases. L'âge minimum passera d'abord à 16 ans lors de la saison 2023-2024, puis à 17 ans dès 2024-2025.
Objectif: éviter la casse physique et mentale des patineuses dont la carrière sportive au haut niveau est souvent très courte.
"C'est une décision historique", a salué le président de l'ISU Jan Dijkema, alors que le directeur général de l'instance Fredi Schmid avait qualifié le vote de "moment de vérité" avant l'ouverture du Congrès.
"La crédibilité de l'ISU sera testée", avait-il ajouté. "Les médias et le public nous surveilleront de très près."
"Obligation morale"
L'ISU a souligné que le relèvement de la limite d'âge était à son ordre du jour bien avant l'affaire Valieva et a reconnu qu'il était de son devoir de préserver la santé des jeunes sportives.
La réforme avait auparavant reçu l'aval de la commission médicale de la Fédération internationale.
"Il est de votre obligation morale et de votre devoir de fournir aux jeunes patineurs l'opportunité et le temps de développer les compétences dont ils ont besoin pour réussir au niveau senior", a expliqué le docteur Jane Moran, qui dirige la commission médicale. "Ils ont le droit de se développer en tant que personnes pendant leur adolescence. Ils n'ont pas besoin que nous les forcions à concourir."
Selon une enquête menée par la commission des athlètes de l'ISU auprès de 1.000 patineurs et entraîneurs, 86% d'entre eux s'étaient prononcés en faveur du relèvement de l'âge minimum.
Le patinage artistique est en effet un sport éprouvant, où des jeunes filles enchaînent des heures d'entraînements répétitifs, de sauts et de pirouettes, à un âge où leurs corps sont encore en développement.
Pour réussir des triples, voire des quadruples sauts, une silhouette filiforme est en outre un avantage certain et passée la puberté, lorsque le gabarit s'épaissit, les sauts deviennent plus difficiles à maîtriser. Les patineuses se retrouvent alors sur la touche, remplacées par d'autres encore plus jeunes.
"Tout le monde est contre nous"
Lors de l'affaire Valieva, la Russie, nation phare de la discipline qui produit sans cesse de nouvelles championnes, avait particulièrement été pointée du doigt.
Dans le pays, les réactions au vote de l'ISU ont été immédiates. "Si l'âge est levé, il est levé. Nous gagnerons de toute façon", a ainsi estimé l'ancienne coach devenue consultante Tatiana Tarassova à l'agence russe TASS.
"La décision est surtout dirigée contre nous", a fustigé pour sa part l'ex-star de la discipline Alexander Zhulin, médaillé olympique en danse sur glace en 1994 et devenu coach. "Il est évident pour tout le monde qu'à 15-16 ans, nos filles ne peuvent pas être battues. Tout le monde est contre nous maintenant, donc cette décision n'était pas surprenante".
Pour le champion olympique 2014 Maxim Trankov, "dans l'ensemble, la mesure n'est ni la plus correcte, ni la plus efficace": "Seules les filles russes peuvent faire des quadruples sauts de toute façon, à n'importe quel âge", a-t-il déclaré à l'agence Ria Novosti.
De son côté, l'Allemand Norbert Schramm, ancien champion d'Europe, a estimé insuffisante cette décision et l'a qualifié de "poudre aux yeux".
"C'est un premier pas, mais je ne pense pas que cela puisse faire quoi que ce soit de positif pour le sport. Ce n'est tout simplement pas suffisant. Les jeunes de 17 ans n'ont pas leur place dans le sport professionnel", a-t-il déclaré à l'agence sportive SID.
Il souhaiterait que l'âge minimum soit relevé à "au moins 18 ans, mieux encore 21 ans": "au niveau physique, mental, et aussi du dopage. Les jeunes sportifs sont beaucoup trop dépendants de leur environnement", a-t-il estimé.
Lors des débats, certains représentants de petits pays ont également fait valoir que ces changements auraient un impact négatif sur leur réservoir de talents.
Mais d'autres petites nations du patinage, comme l'Islande et l'Irlande, ont souligné que la priorité devait être la protection des sportifs. "Nous devons nous rappeler que ce sont d'abord des enfants, et ensuite des athlètes", a déclaré le représentant de l'Irlande à Phuket.
Le débat sur le très jeune âge des patineurs --et surtout des patineuses-- avait resurgi lors des Jeux olympiques dans le sillage de la Russe Kamila Valieva. Grande favorite pour le titre olympique à 15 ans seulement, la jeune patineuse avait craqué sous la pression après s'être retrouvée au centre d'un scandale de dopage.
La réforme, approuvée par les délégués de 100 pays lors du Congrès de l'ISU à Phuket, en Thaïlande, s'appliquera en deux phases. L'âge minimum passera d'abord à 16 ans lors de la saison 2023-2024, puis à 17 ans dès 2024-2025.
Objectif: éviter la casse physique et mentale des patineuses dont la carrière sportive au haut niveau est souvent très courte.
"C'est une décision historique", a salué le président de l'ISU Jan Dijkema, alors que le directeur général de l'instance Fredi Schmid avait qualifié le vote de "moment de vérité" avant l'ouverture du Congrès.
"La crédibilité de l'ISU sera testée", avait-il ajouté. "Les médias et le public nous surveilleront de très près."
"Obligation morale"
L'ISU a souligné que le relèvement de la limite d'âge était à son ordre du jour bien avant l'affaire Valieva et a reconnu qu'il était de son devoir de préserver la santé des jeunes sportives.
La réforme avait auparavant reçu l'aval de la commission médicale de la Fédération internationale.
"Il est de votre obligation morale et de votre devoir de fournir aux jeunes patineurs l'opportunité et le temps de développer les compétences dont ils ont besoin pour réussir au niveau senior", a expliqué le docteur Jane Moran, qui dirige la commission médicale. "Ils ont le droit de se développer en tant que personnes pendant leur adolescence. Ils n'ont pas besoin que nous les forcions à concourir."
Selon une enquête menée par la commission des athlètes de l'ISU auprès de 1.000 patineurs et entraîneurs, 86% d'entre eux s'étaient prononcés en faveur du relèvement de l'âge minimum.
Le patinage artistique est en effet un sport éprouvant, où des jeunes filles enchaînent des heures d'entraînements répétitifs, de sauts et de pirouettes, à un âge où leurs corps sont encore en développement.
Pour réussir des triples, voire des quadruples sauts, une silhouette filiforme est en outre un avantage certain et passée la puberté, lorsque le gabarit s'épaissit, les sauts deviennent plus difficiles à maîtriser. Les patineuses se retrouvent alors sur la touche, remplacées par d'autres encore plus jeunes.
"Tout le monde est contre nous"
Lors de l'affaire Valieva, la Russie, nation phare de la discipline qui produit sans cesse de nouvelles championnes, avait particulièrement été pointée du doigt.
Dans le pays, les réactions au vote de l'ISU ont été immédiates. "Si l'âge est levé, il est levé. Nous gagnerons de toute façon", a ainsi estimé l'ancienne coach devenue consultante Tatiana Tarassova à l'agence russe TASS.
"La décision est surtout dirigée contre nous", a fustigé pour sa part l'ex-star de la discipline Alexander Zhulin, médaillé olympique en danse sur glace en 1994 et devenu coach. "Il est évident pour tout le monde qu'à 15-16 ans, nos filles ne peuvent pas être battues. Tout le monde est contre nous maintenant, donc cette décision n'était pas surprenante".
Pour le champion olympique 2014 Maxim Trankov, "dans l'ensemble, la mesure n'est ni la plus correcte, ni la plus efficace": "Seules les filles russes peuvent faire des quadruples sauts de toute façon, à n'importe quel âge", a-t-il déclaré à l'agence Ria Novosti.
De son côté, l'Allemand Norbert Schramm, ancien champion d'Europe, a estimé insuffisante cette décision et l'a qualifié de "poudre aux yeux".
"C'est un premier pas, mais je ne pense pas que cela puisse faire quoi que ce soit de positif pour le sport. Ce n'est tout simplement pas suffisant. Les jeunes de 17 ans n'ont pas leur place dans le sport professionnel", a-t-il déclaré à l'agence sportive SID.
Il souhaiterait que l'âge minimum soit relevé à "au moins 18 ans, mieux encore 21 ans": "au niveau physique, mental, et aussi du dopage. Les jeunes sportifs sont beaucoup trop dépendants de leur environnement", a-t-il estimé.
Lors des débats, certains représentants de petits pays ont également fait valoir que ces changements auraient un impact négatif sur leur réservoir de talents.
Mais d'autres petites nations du patinage, comme l'Islande et l'Irlande, ont souligné que la priorité devait être la protection des sportifs. "Nous devons nous rappeler que ce sont d'abord des enfants, et ensuite des athlètes", a déclaré le représentant de l'Irlande à Phuket.
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