Boris Johnson déterminé à reconquérir le parti conservateur
©Lors d'un vote de défiance mardi, plus de 4 députés sur 10 du parti conservateur se sont prononcés pour l'éviction de Boris Johnson, suite à une série de scandales connus sous le nom de "partygate". (AFP)
À peine rescapé d'un vote de défiance, durant lequel quatre députés conservateurs sur dix se sont prononcés pour son éviction, le Premier ministre britannique Boris Johnson s'est montré combatif durant la session de questions hebdomadaires au Parlement, promettant de continuer à faire "croître" le Royaume-Uni.  Fragilisé par une série de scandales dont le "Partygate", le dirigeant devra, d'une part, remédier à sa chute de popularité, d'autre part, rassembler le Parti conservateur en adoptant un agenda économique davantage en adéquation avec celui-ci. 

Le premier ministre Boris Johnson a affronté l'opposition travailliste lors de la séance de questions hebdomadaires au Parlement et a semblé réussir à unifier le camp conservateur autour de lui. (AFP)

À peine rescapé d'un vote de défiance de son propre camp conservateur, Boris Johnson s'est montré combatif mercredi devant les députés, déterminé à rester en place pour faire "croître" le Royaume-Uni malgré les scandales.

Pour la première fois depuis qu'il a survécu lundi à un vote de défiance qui l'a fortement fragilisé, le dirigeant a affronté les députés lors d'une séance de questions hebdomadaires chahutée, mais où il a semblé - au moins temporairement - avoir rallié ses troupes face aux attaques de l'opposition travailliste.

Revigoré et pugnace, il a défendu bec et ongles le bilan de son gouvernement face au leader du Labour, Keir Starmer, qui a de manière répétée accusé le gouvernement, "incompétent", d'avoir amplifié la crise du service public de santé (NHS), confronté à un manque chronique de personnel et à de très longues listes d'attente.

"Nous avons le taux de chômage le plus faible depuis 1974 et nous allons continuer à faire croître notre économie à long terme", a-t-il lancé, avant un discours attendu cette semaine où il pourrait annoncer de nouvelles mesures face à la flambée du coût de la vie qui étrangle les Britanniques.

Il s'est engagé à créer "des emplois bien rémunérés et hautement qualifiés" à travers le pays. "Et en ce qui concerne les emplois, je vais poursuivre le mien", a-t-il insisté.

Reconquérir l'électorat et les députés conservateurs 

Boris Johnson est sous forte pression de la part des élus conservateurs pour déployer une politique économique plus conforme aux valeurs conservatrices. (AFP)

Même s'il ne peut pas être visé par une autre motion de défiance pendant un an, Boris Johnson voit son autorité mise à mal par l'ampleur de la fronde, et il a désormais pour délicate mission de séduire de nouveau ses troupes et son électorat.

Plus de quatre députés de son camp sur dix (148 sur les 359 votants) ont voté pour l'évincer en raison du "partygate", ces fêtes à Downing Street pendant les confinements anti-Covid qui lui ont valu une amende - une première pour un Premier ministre en exercice au Royaume-Uni.

"Aucun Premier ministre que j'ai connu dans le passé n'a eu la confiance de 100% de ses députés", a commenté le ministre de la Santé Sajid Javid, un fidèle, sur Sky News.


Mais rassembler un parti très divisé s'annonce difficile et le risque est fort de voir les députés mécontents faire de l'obstruction à l'action future du gouvernement.

"J'espère que ce que Johnson évitera maintenant, c'est de décider une série de mesures populistes qui sont conçues dans l'espoir de soutenir notre popularité immédiate", a écrit dans le journal The Times le député David Davis, qui exprime depuis plusieurs mois son insatisfaction quant au chef de gouvernement.

Boris Johnson est sous forte pression de la part des élus conservateurs pour déployer une politique économique plus conforme aux valeurs conservatrices, à savoir une baisse des impôts à contre-courant de la hausse controversée des cotisations sociales décidée par le gouvernement ou la taxe annoncée sur les bénéfices des géants pétroliers.

Une concession que le gouvernement est disposé à envisager, selon Sajid Javid, rappelant toutefois le poids de la pandémie sur les finances publiques.

Le partygate, un véritable boulet aux pieds de Boris Johnson

Même s'il ne peut pas être visé par une autre motion de défiance pendant un an, Boris Johnson voit son autorité mise à mal par l'ampleur de la fronde, et il a désormais pour délicate mission de séduire de nouveau ses troupes et son électorat. (AFP)

S'il a réussi mercredi à échapper mercredi à des attaques intestines de la part des bancs conservateurs, Boris Johnson n'en a pas terminé avec les répercussions du "partygate".

Après celles de la police et de la haute-fonctionnaire Sue Gray, une autre enquête, cette fois parlementaire, est prévue. Si cette dernière conclut, a priori à l'automne, qu'il a trompé la Chambre des Communes en affirmant ne pas avoir enfreint les règles, il est censé démissionner.

Deux élections partielles le 23 juin auront aussi valeur de test pour le dirigeant conservateur qui écarte l'hypothèse de législatives anticipées, les élections devant avoir lieu en 2024.

Certains députés tories comme Tobias Ellwood ne lui donnent que "quelques mois". Plusieurs noms circulent de possibles candidats à sa succession , mais aucun ne se dégage vraiment, de quoi faire hésiter certains élus tentés d'évincer le chef du gouvernement.

Avec AFP
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