Quiconque suit les dernières prises de positions du Premier ministre sortant Nagib Mikati s’aperçoit que ce dernier doute de la pertinence de poursuivre une collaboration avec le président de la République Michel Aoun, qui n’aboutira à aucune réalisation concrète avant la fin du mandat du chef de l'État en octobre prochain, c'est-à-dire dans moins de cinq mois. Selon la lecture faite de ces positions auprès de milieux politiques proches de M. Mikati, il semblerait que ce dernier a trouvé le moment opportun pour envoyer ce signal négatif au palais de Baabda.
Notons que le Liban s’attèlera dans les jours à venir à la prochaine échéance qui consiste à former un nouveau gouvernement pour succéder au cabinet sortant, comme le prévoit la Constitution après des élections législatives. En effet, l’article 69 de la Loi fondamentale stipule «que le gouvernement est considéré comme démissionnaire au début du mandat de la Chambre des députés».
Ce faisant, la bourse des candidats bat son plein au regard de l'importance de cette échéance. Pourtant, les événements risquent de ne pas se passer selon les articles prévus par la Constitution, mais plutôt selon les desiderata du président de la République qui, soit dit en passant, détient le record des délais qui précèdent la formation des gouvernements. Encore faut-il qu’un cabinet soit formé avant le terme de son mandat. À titre d’exemple, Saad Hariri a été nommé Premier ministre le 22 novembre 2020. Il a tenté de composer en vain son équipe avant de jeter l’éponge le 14 juillet 2021, soit 265 jours après sa nomination.
Michel Aoun, qui n’est pas à son premier coup d’essai, rééditera-t-il le même scénario en retardant une fois de plus la formation du nouveau gouvernement, le dernier de son mandat? Toutes les données avancées par les milieux susmentionnés laissent à penser que le président bloquera la formation d’un nouveau gouvernement dans lequel son courant politique, le Courant patriotique libre, n'a pas un poids prépondérant, comme c'est le cas dans le cabinet actuel. Sachant que le chef de l'État cherche à tout prix à garder la haute main sur le portefeuille de l'Énergie qu'il détient depuis plus de 10 ans, soit avant son accès à la présidence de la République.
Ces données s’avèrent encore plus plausibles compte tenu du changement de la donne avec le nouveau Parlement, qui ne ressemble en rien à celui d’avant les élections législatives. Par le passé, les rapports de force au sein de la Chambre avaient favorisé la formation de gouvernements dits «d'union nationale» tout au long de la période post-accord de Taëf, sous la tutelle syrienne qui s'est terminée en 2005, suivie par la tutelle iranienne exercée par le truchement du Hezbollah. C'est pour cette raison d’ailleurs que les gouvernements précédents étaient formés selon une répartition des parts imposée par le rapport de force qui servait les intérêts du parti chiite et de ses alliés.
Partant, revenir à la formule de gouvernements «d'union nationale» n'est absolument pas de mise. Les Forces libanaises ont d’ores et déjà affiché leur opposition à cet égard, sachant qu'elles iront aux prochaines consultations fortes de 19 députés, soit un député de plus que le groupe parlementaire du Courant patriotique libre. Aussi, les 13 élus issus du mouvement de contestation du 17 Octobre, appelés «députés du changement», ont annoncé via leur représentant, le député Marc Daou, préférer «un gouvernement de technocrates puisque les décisions qui doivent être prises seront difficiles», et que «tout homme politique prendra les décisions qui protègeront les intérêts de son parti.»
Ainsi, le processus de formation d'un nouveau gouvernement sera malaisé pour plusieurs considérations qui poindront successivement dans les prochains jours. Mais quid de Nagib Mikati, qui restera pratiquement à la tête du gouvernement intérimaire tout le temps qu'il faudra, soit jusqu'à la formation d'un nouveau cabinet, dirigé par lui, à en croire les informations qui circulent actuellement, ou par quelqu'un d'autre?
Or, force est de constater que les relations entre MM. Mikati et Aoun ne sont pas au beau fixe. On peut même assurer que les ponts entre les deux hommes ont été quasiment coupés sur fond du revers que le Premier ministre a subi lors de la dernière session gouvernementale avant de passer à l’expédition des affaires courantes. Pour rappel, Nagib Mikati avait alors accusé le CPL dirigé par Gebran Bassil de bloquer le projet de l’électricité, et le ministre de l'Énergie Walid Fayad d’exécuter les ordres de la formation aouniste. Le Premier ministre a essayé de ne pas rompre le dialogue avec le palais de Baabda, en faisant la part des choses entre la position de la présidence et celle du courant aouniste. Dans sa dernière interview télévisée, M. Mikati avait déclaré: «La solution est très facile pour avoir de l'électricité 24/24 heures au Liban. J’ai expressément demandé au président Aoun de ne pas dire "qu’on ne l’a pas laissé faire". La vérité est que les siens ne l’ont pas laissé faire.»
Néanmoins, il serait réducteur d'affirmer que le président de la République se distancie du chef de son courant politique Gebran Bassil. En réalité, toutes les années que ce dernier a passées à la tête du Courant patriotique libre prouvent qu'il était le meilleur pour mettre en œuvre la politique de Michel Aoun. D’où la conviction de M. Mikati qu'une véritable coopération avec ce mandat, dont les jours sont comptés, n’en vaut plus la peine. Et si la Constitution exige du président de la République de quitter le palais de Baabda le 31 octobre prochain, M. Mikati dispose, en vertu de la même Constitution, d’une période d’expédition des affaires courantes qui ne prendra fin qu’avec la formation d’un nouveau gouvernement, qui lui non plus ne semble pas être pour demain la veille.
Notons que le Liban s’attèlera dans les jours à venir à la prochaine échéance qui consiste à former un nouveau gouvernement pour succéder au cabinet sortant, comme le prévoit la Constitution après des élections législatives. En effet, l’article 69 de la Loi fondamentale stipule «que le gouvernement est considéré comme démissionnaire au début du mandat de la Chambre des députés».
Ce faisant, la bourse des candidats bat son plein au regard de l'importance de cette échéance. Pourtant, les événements risquent de ne pas se passer selon les articles prévus par la Constitution, mais plutôt selon les desiderata du président de la République qui, soit dit en passant, détient le record des délais qui précèdent la formation des gouvernements. Encore faut-il qu’un cabinet soit formé avant le terme de son mandat. À titre d’exemple, Saad Hariri a été nommé Premier ministre le 22 novembre 2020. Il a tenté de composer en vain son équipe avant de jeter l’éponge le 14 juillet 2021, soit 265 jours après sa nomination.
Michel Aoun, qui n’est pas à son premier coup d’essai, rééditera-t-il le même scénario en retardant une fois de plus la formation du nouveau gouvernement, le dernier de son mandat? Toutes les données avancées par les milieux susmentionnés laissent à penser que le président bloquera la formation d’un nouveau gouvernement dans lequel son courant politique, le Courant patriotique libre, n'a pas un poids prépondérant, comme c'est le cas dans le cabinet actuel. Sachant que le chef de l'État cherche à tout prix à garder la haute main sur le portefeuille de l'Énergie qu'il détient depuis plus de 10 ans, soit avant son accès à la présidence de la République.
Ces données s’avèrent encore plus plausibles compte tenu du changement de la donne avec le nouveau Parlement, qui ne ressemble en rien à celui d’avant les élections législatives. Par le passé, les rapports de force au sein de la Chambre avaient favorisé la formation de gouvernements dits «d'union nationale» tout au long de la période post-accord de Taëf, sous la tutelle syrienne qui s'est terminée en 2005, suivie par la tutelle iranienne exercée par le truchement du Hezbollah. C'est pour cette raison d’ailleurs que les gouvernements précédents étaient formés selon une répartition des parts imposée par le rapport de force qui servait les intérêts du parti chiite et de ses alliés.
Partant, revenir à la formule de gouvernements «d'union nationale» n'est absolument pas de mise. Les Forces libanaises ont d’ores et déjà affiché leur opposition à cet égard, sachant qu'elles iront aux prochaines consultations fortes de 19 députés, soit un député de plus que le groupe parlementaire du Courant patriotique libre. Aussi, les 13 élus issus du mouvement de contestation du 17 Octobre, appelés «députés du changement», ont annoncé via leur représentant, le député Marc Daou, préférer «un gouvernement de technocrates puisque les décisions qui doivent être prises seront difficiles», et que «tout homme politique prendra les décisions qui protègeront les intérêts de son parti.»
Ainsi, le processus de formation d'un nouveau gouvernement sera malaisé pour plusieurs considérations qui poindront successivement dans les prochains jours. Mais quid de Nagib Mikati, qui restera pratiquement à la tête du gouvernement intérimaire tout le temps qu'il faudra, soit jusqu'à la formation d'un nouveau cabinet, dirigé par lui, à en croire les informations qui circulent actuellement, ou par quelqu'un d'autre?
Or, force est de constater que les relations entre MM. Mikati et Aoun ne sont pas au beau fixe. On peut même assurer que les ponts entre les deux hommes ont été quasiment coupés sur fond du revers que le Premier ministre a subi lors de la dernière session gouvernementale avant de passer à l’expédition des affaires courantes. Pour rappel, Nagib Mikati avait alors accusé le CPL dirigé par Gebran Bassil de bloquer le projet de l’électricité, et le ministre de l'Énergie Walid Fayad d’exécuter les ordres de la formation aouniste. Le Premier ministre a essayé de ne pas rompre le dialogue avec le palais de Baabda, en faisant la part des choses entre la position de la présidence et celle du courant aouniste. Dans sa dernière interview télévisée, M. Mikati avait déclaré: «La solution est très facile pour avoir de l'électricité 24/24 heures au Liban. J’ai expressément demandé au président Aoun de ne pas dire "qu’on ne l’a pas laissé faire". La vérité est que les siens ne l’ont pas laissé faire.»
Néanmoins, il serait réducteur d'affirmer que le président de la République se distancie du chef de son courant politique Gebran Bassil. En réalité, toutes les années que ce dernier a passées à la tête du Courant patriotique libre prouvent qu'il était le meilleur pour mettre en œuvre la politique de Michel Aoun. D’où la conviction de M. Mikati qu'une véritable coopération avec ce mandat, dont les jours sont comptés, n’en vaut plus la peine. Et si la Constitution exige du président de la République de quitter le palais de Baabda le 31 octobre prochain, M. Mikati dispose, en vertu de la même Constitution, d’une période d’expédition des affaires courantes qui ne prendra fin qu’avec la formation d’un nouveau gouvernement, qui lui non plus ne semble pas être pour demain la veille.
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