Après la fusillade, le Congrès débat sur les armes
Insécurité, armes à feu en libre circulation et cadre légal, le Congrès américain s'est penché sur la récente tuerie d'Uvalde, qui a coûté la vie à 19 enfants. Plusieurs témoins se sont succédés lors d'une audition organisée par le Congrès. Carolyn Maloney a organisé cette journée qui pourrait changer certaines mentalités.

Une fillette qui s'est recouverte du sang de son ami pour échapper au tireur du Texas a appelé mercredi à ce que ce type de fusillades ne se "reproduise" jamais lors d'une audition devant le Congrès américain, plus que jamais sous pression pour adopter des mesures d'encadrement des armes à feu.

Le tireur a "tiré sur mon institutrice, il a dit +bonne nuit+ à mon institutrice et il lui a tiré dans la tête. Ensuite, il a tiré sur certains de mes camarades et sur le tableau", a témoigné Miah Cerrillo, 11 ans, lors d'une audition sur la régulation de ces armes aux Etats-Unis.

"Quand je me suis rapprochée des sacs à dos, il a tiré sur mon ami qui était juste à côté de moi et j'ai pensé qu'il allait revenir dans la pièce", a-t-elle raconté dans des propos retransmis par vidéo.

"Donc j'ai pris un peu de sang et je me le suis étalé partout... Je suis restée silencieuse, puis j'ai attrapé le téléphone de mon institutrice et j'ai appelé (le numéro d'urgence) 911."

Miah Cerrillo a assuré qu'elle ne se sentait plus en sécurité à l'école.

"Je ne veux pas que ça se reproduise", a-t-elle imploré.

Présent lors de l'audition, son père Miguel Cerrillo a assuré que Miah n'était "plus la même petite fille avec qui il avait l'habitude de jouer".

"Les écoles ne sont plus sûres, quelque chose doit vraiment changer", a-t-il déploré, en larmes.

"Entêtement" ou "passivité"


Le Congrès américain, qui débat d'un encadrement limité des armes à feu, a aussi entendu le témoignage de Roy Guerrero, pédiatre d'Uvalde, qui a décrit des corps d'enfants "pulvérisés, décapités, déchiquetés par les balles".

"Ce que je n'arrive pas à comprendre, c'est si nos politiciens nous laissent tomber par entêtement, par passivité ou les deux", a-t-il lancé.


"En tant que société, nous avons laissé tomber nos enfants", a dénoncé Carolyn Maloney, l'élue démocrate qui a organisé l'audition, appelant à des lois ambitieuses sur la régulation des armes à feu.

Le président américain Joe Biden avait promis pendant sa campagne d'agir contre ce fléau que les gouvernements successifs ont jusqu'à présent échoué à endiguer. Mais l'étroite majorité de son parti au Congrès ne lui permet pas d'adopter seul une telle législation.

Tout le défi est donc de trouver des mesures qui pourraient obtenir l'aval de dix sénateurs républicains, indispensable en raison de la règle de majorité qualifiée au Sénat.

"Citoyens respectueux de la loi"


Mais dans un pays où près d'un adulte sur trois possède au moins une arme à feu, les conservateurs s'opposent vivement à toute mesure qui pourrait aller à l'encontre des droits "des citoyens respectueux de la loi".

"Nous devrions applaudir tous les propriétaires d'armes à feu respectueux de la loi qui utilisent, stockent et portent ces armes en toute sécurité et non les diaboliser à des fins politiques grossières", a souligné l'élu républicain James Comer lors de l'audition.

Les discussions au Sénat tournent donc pour le moment autour de propositions limitées, comme la vérification des antécédents judiciaires ou psychologiques des acheteurs d'armes individuelles, ce que des associations réclament depuis des années.

Elles sont pilotées par le sénateur Chris Murphy, représentant l'Etat du Connecticut, à jamais marqué par la fusillade de Sandy Hook, le 14 décembre 2012, quand un déséquilibré de 20 ans avait tué 26 personnes, dont 20 enfants.

Ce parlementaire s'est rendu mercredi à la Maison Blanche pour tenir Joe Biden informé de l'état des négociations.

En parallèle, des élus de la Chambre des représentants débattent d'un autre grand projet de loi qui interdirait lui la vente de fusils semi-automatiques aux moins de 21 ans et celle des chargeurs à grande capacité.

Certaines de ces mesures seront soumises à un vote à la Chambre mercredi soir mais sont vivement critiquées par l'opposition républicaine. Il paraît donc impossible qu'elles puissent être adoptées au Sénat.

AFP
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