©Le président du festival international de théâtre « Printemps des Comédiens » (PCM) Jean Varela- Crédit photo: Pascal Guyot
Qu’ont encore à nous dire les figures tragiques d’Œdipe, de Phèdre, de Prométhée ? Tout, répondent en chœur trois metteurs en scène contemporains dont les créations, revisitant des classiques de l’Antiquité, illuminent le « Printemps des Comédiens » de Montpellier.
« Œdipe Roi », d’après le grand dramaturge grec Sophocle (-495 ; -406 av. J.-C.), mis en scène par le Français Éric Lacascade, a fait l’ouverture le 25 mai d’un des festivals français de théâtre les plus réputés qui se tient jusqu’au 25 juin.
Sept représentations ont eu lieu sous les étoiles, dans la cour de l’Agora, l’ancien couvent des Ursulines, aux portes de la vieille ville.
Vêtu d’un manteau bleu azur, Œdipe, légendaire roi de Thèbes dans la Grèce antique - incarné par un Christophe Grégoire habité par son personnage -, ne parviendra pas à échapper à son terrible destin : l’oracle de Delphes a prédit à ses parents que s’ils avaient un fils, celui-ci tuerait son père et épouserait sa mère. Le décor, quelques blocs de marbre posés çà et là, situe l’intrigue dans le passé. Mais la langue, qui a traversé 25 siècles, est étonnamment fluide, compréhensible au premier abord, dans cette version en français concoctée par Éric Lacascade en piochant dans pas moins de « 25 traductions ».
Absence de décor et accessoires réduits
Certains des termes choisis auront résonné avec acuité aux oreilles de spectateurs retrouvant petit à petit le chemin des théâtres, après deux années de crise sanitaire. Ainsi, le mot « épidémie » surgit, comme sorti d’un bulletin d’information, lorsque Œdipe est chargé, pour sauver Thèbes d’une terrible peste, de découvrir et de punir le meurtrier de son prédécesseur, le roi Laïos, dont il ignore qu’il s’agit de son véritable père et dont il a épousé la veuve, Jocaste, sans savoir que c’était sa propre mère.
Mais Œdipe refuse de croire qu’il pourrait être parricide, « il n’écoute pas », « il fuit les présages, les oracles », explique Éric Lacascade. « Il agit comme un homme providentiel, qui gouverne la cité en toute solitude. C’est un homme qui dort, jusqu’à ce qu’il se crève les yeux pour qu’une autre vision, plus intérieure, advienne alors ». « Les pièces de l’Antiquité travaillent des racines profondes : elles interrogent l’homme sur ses rapports au destin, à la communauté qu’il habite, à nos coutumes, à la terre. Que veut-on dire à ceux qui ont le pouvoir et nous gouvernent, à ce public qui a besoin de se retrouver dans un acte ancien et rituel ? », ajoute l’homme de théâtre de 63 ans, connu notamment pour ses mises en scène de Tchekhov au festival d’Avignon.
Absence de décor et accessoires réduits au strict minimum pour « Phèdre », d’après Sénèque (Ier siècle de notre ère), créé quelques jours plus tard par Georges Lavaudant et joué dans une petite salle du Domaine d’O, vaste jardin des abords de la ville où bat le cœur du festival. Pas besoin d’artifices : « Chez Sénèque, on est dans la puissance des mots, on voit comment le verbe peut porter la fureur des protagonistes », explique le patron du festival, Jean Varela.
Les interrogations de Phèdre, de son fils Hippolyte ou de son époux, le roi Thésée, peuvent sembler à mille lieues des préoccupations modernes.
Mais lorsque le jeune homme exprime sa soif de liberté et son amour pour la nature, ou quand Thésée se maudit d’avoir cédé un peu vite aux folles rumeurs et condamné son fils, ils nous renvoient à l’époque présente.
« Prométhée », d’après Eschyle, le plus ancien des tragédiens grecs (VIe-Ve siècle av. J.-C.), viendra clore vendredi et samedi le « parcours antique » du festival. Ce Prométhée « sans rocher et sans chaîne », dont l’intrigue se situe dans « une maison déglinguée, entre un frigo douteux et un évier encombré », est une mise en scène du Grec Nikos Karathanos. « Il y a une telle puissance dans l’affrontement entre Prométhée et les Dieux qu’on a l’impression que cette maison va exploser, prise dans un chaos de l’espace-temps », promet Jean Varela.
Pour ses deux premières représentations en France, la pièce sera jouée en grec moderne et surtitré en français.
AFP
« Œdipe Roi », d’après le grand dramaturge grec Sophocle (-495 ; -406 av. J.-C.), mis en scène par le Français Éric Lacascade, a fait l’ouverture le 25 mai d’un des festivals français de théâtre les plus réputés qui se tient jusqu’au 25 juin.
Sept représentations ont eu lieu sous les étoiles, dans la cour de l’Agora, l’ancien couvent des Ursulines, aux portes de la vieille ville.
Vêtu d’un manteau bleu azur, Œdipe, légendaire roi de Thèbes dans la Grèce antique - incarné par un Christophe Grégoire habité par son personnage -, ne parviendra pas à échapper à son terrible destin : l’oracle de Delphes a prédit à ses parents que s’ils avaient un fils, celui-ci tuerait son père et épouserait sa mère. Le décor, quelques blocs de marbre posés çà et là, situe l’intrigue dans le passé. Mais la langue, qui a traversé 25 siècles, est étonnamment fluide, compréhensible au premier abord, dans cette version en français concoctée par Éric Lacascade en piochant dans pas moins de « 25 traductions ».
Absence de décor et accessoires réduits
Certains des termes choisis auront résonné avec acuité aux oreilles de spectateurs retrouvant petit à petit le chemin des théâtres, après deux années de crise sanitaire. Ainsi, le mot « épidémie » surgit, comme sorti d’un bulletin d’information, lorsque Œdipe est chargé, pour sauver Thèbes d’une terrible peste, de découvrir et de punir le meurtrier de son prédécesseur, le roi Laïos, dont il ignore qu’il s’agit de son véritable père et dont il a épousé la veuve, Jocaste, sans savoir que c’était sa propre mère.
Mais Œdipe refuse de croire qu’il pourrait être parricide, « il n’écoute pas », « il fuit les présages, les oracles », explique Éric Lacascade. « Il agit comme un homme providentiel, qui gouverne la cité en toute solitude. C’est un homme qui dort, jusqu’à ce qu’il se crève les yeux pour qu’une autre vision, plus intérieure, advienne alors ». « Les pièces de l’Antiquité travaillent des racines profondes : elles interrogent l’homme sur ses rapports au destin, à la communauté qu’il habite, à nos coutumes, à la terre. Que veut-on dire à ceux qui ont le pouvoir et nous gouvernent, à ce public qui a besoin de se retrouver dans un acte ancien et rituel ? », ajoute l’homme de théâtre de 63 ans, connu notamment pour ses mises en scène de Tchekhov au festival d’Avignon.
Absence de décor et accessoires réduits au strict minimum pour « Phèdre », d’après Sénèque (Ier siècle de notre ère), créé quelques jours plus tard par Georges Lavaudant et joué dans une petite salle du Domaine d’O, vaste jardin des abords de la ville où bat le cœur du festival. Pas besoin d’artifices : « Chez Sénèque, on est dans la puissance des mots, on voit comment le verbe peut porter la fureur des protagonistes », explique le patron du festival, Jean Varela.
Les interrogations de Phèdre, de son fils Hippolyte ou de son époux, le roi Thésée, peuvent sembler à mille lieues des préoccupations modernes.
Mais lorsque le jeune homme exprime sa soif de liberté et son amour pour la nature, ou quand Thésée se maudit d’avoir cédé un peu vite aux folles rumeurs et condamné son fils, ils nous renvoient à l’époque présente.
« Prométhée », d’après Eschyle, le plus ancien des tragédiens grecs (VIe-Ve siècle av. J.-C.), viendra clore vendredi et samedi le « parcours antique » du festival. Ce Prométhée « sans rocher et sans chaîne », dont l’intrigue se situe dans « une maison déglinguée, entre un frigo douteux et un évier encombré », est une mise en scène du Grec Nikos Karathanos. « Il y a une telle puissance dans l’affrontement entre Prométhée et les Dieux qu’on a l’impression que cette maison va exploser, prise dans un chaos de l’espace-temps », promet Jean Varela.
Pour ses deux premières représentations en France, la pièce sera jouée en grec moderne et surtitré en français.
AFP
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