Des biens de l'Église grecque-orthodoxe pour des colons israéliens
©Daniel Luria, le chef de l'organisation de colons juifs Ateret Cohanim, dans le quartier à majorité arabe de Silwan à Jérusalem-Est, en 2020. En 1970, Israël a adopté une loi permettant aux Juifs de récupérer les biens qu'ils avaient perdus dans ou avant 1948, l'année de la création d'Israël.

La Cour suprême israélienne a validé l'acquisition par une organisation ultra-nationaliste juive de biens fonciers de l'Eglise grecque-orthodoxe dans la Vieille Ville de Jérusalem, après environ deux décennies de bataille judiciaire.



Dans un jugement rendu public mercredi soir, la plus haute instance juridique israélienne a rejeté l'appel de l'Eglise grecque-orthodoxe, qui avait soumis de nouveaux documents à la Cour afin de contester la vente de bâtiments à l'association de colons israéliens Ateret Cohanim.

Cette association a pour vocation de "judaïser" la partie orientale et palestinienne de Jérusalem, occupée et annexée par l'Etat hébreu, et y rachète des logements depuis des années, en se servant de sociétés écran qui ne lui sont pas officiellement liées.

L'affaire remonte à 2004 quand Ateret Cohanim avait acquis les droits à des baux emphytéotiques sur trois bâtiments de l'Eglise, dont l'hôtel Petra et l'Imperial Hotel dans le quartier chrétien de la Vieille Ville ainsi qu'un immeuble résidentiel situé dans le quartier musulman, tous occupés par des Palestiniens.

Cette vente avait provoqué la colère des Palestiniens et entraîné la destitution en 2005 du patriarche Irénéos Ier, prédécesseur de Théophile III. L'Église avait par la suite engagé des poursuites contre Ateret Cohanim, affirmant que ces acquisitions avaient été conclues illégalement et sans son autorisation.

Une vue du hall de l'hôtel New Imperial, près de la porte de Jaffa dans la vieille ville de Jérusalem. Le plus haut tribunal d'Israël a donné son approbation finale le 10 juin pour la vente en 2004 de propriétés par l'Église orthodoxe grecque à une organisation juive pro-colonisation dans des zones principalement palestiniennes de Jérusalem-Est annexée. Trois sociétés liées à un groupe nommé Ateret Cohanim ont obtenu en 2004 la location à long terme de trois bâtiments appartenant à l'Église orthodoxe grecque.


Pour le patriarcat, la décision de la cour est "injuste et ne repose sur aucune base légale ou logique, puisqu'une organisation radicale et ses partisans ont poursuivi des méthodes malhonnêtes et illégales pour acquérir des biens chrétiens dans l'un des endroits les plus importants pour la présence arabe musulmane et chrétienne à Jérusalem", a-t-il indiqué dans un communiqué jeudi.

L'avocat du patriarcat grec-orthodoxe, Assaad Mazzawi, a estimé jeudi qu'il s'agissait d'un "jour très triste". "Nous parlons d'un groupe d'extrémistes qui veulent prendre les propriétés des Églises, qui veulent changer le caractère de la Vieille Ville, envahir les zones chrétiennes", a-t-il déclaré à l'AFP.

"Ils essaient d'utiliser leur pouvoir et leur influence sur les décideurs et l'Etat d'Israël et, malheureusement, ils y parviennent", a-t-il ajouté. Fin mars, des colons avaient pris la possession d'une partie de l'hôtel Petra, sans qu'un ordre d'éviction n'ait été émis et alors que l'affaire n'était pas encore tranchée, provoquant la colère de l'Eglise.

La justice israélienne doit encore trancher sur un autre volet de cette bataille judiciaire, concernant le sort des résidents palestiniens qui ont le statut de "locataires protégés", d'après Assaad Mazzawi.

Avec AFP

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