©La manifestation anti-restrictions sanitaires a viré à l'émeute à Rotterdam la semaine dernière, ouvrant la voie à quatre nuits de heurts dans différentes villes du pays. Le Premier ministre Mark Rutte a réagi en fustigeant une "violence pure" perpétrée par des "idiots", pour décrire la situation. (AFP)
Pourquoi tant de violence? Aux Pays-Bas, théâtre de deux séries d'émeutes contre la politique sanitaire en moins d'un an, les experts s'inquiètent de l'influence exercée par une galaxie complotiste foisonnante sur les réseaux sociaux, dont la voix porte jusqu'au Parlement.
Lorsque la manifestation anti-restrictions sanitaires a viré à l'émeute à Rotterdam la semaine dernière, ouvrant la voie à quatre nuits de heurts dans différentes villes du pays, Ricardo Pronk était là pour diffuser les violences en direct.
Cet activiste anti-vaccin administrait un groupe Facebook avec 10000 abonnés. Récemment supprimée par le réseau social, la page avait relayé l'appel pour cette manifestation non déclarée où la police a fini par tirer à balles réelles, faisant cinq blessés.
Le quinquagénaire, qui promeut aussi bien les théories complotistes anti-vaccins, selon lesquelles les sérums anti-Covid sont "des armes conçues pour tuer", que celles de la mouvance QAnon, qui voudraient que des "élites mondialisées" commettent des "crimes pédo-satanistes", rejette toute responsabilité dans ces événements qualifiés d'"orgie de violence" par le maire de Rotterdam.
"La violence n'est pas la voie à suivre, le mieux est de faire les choses pacifiquement", assure à l'AFP cet ancien technicien informatique actuellement au chômage, qui avait choisi pour son groupe Facebook une bannière appelant les Néerlandais à "se réveiller avant qu'il ne soit trop tard", avec un lion rugissant au milieu des flammes.
Les violences provoquées par l'annonce mi-novembre d'un confinement partiel pour lutter contre une reprise de l'épidémie de Covid-19 rappellent celles du début de l'année. Déjà en janvier, l'instauration d'un couvre-feu nocturne, une première depuis la Deuxième Guerre mondiale, avait été suivie par les pires émeutes que le pays ait connu depuis 40 ans.
"Les Pays-Bas sont un cas unique, c'est le seul pays où les manifestations anti-Covid ont tourné de manière répétée à l'émeute cette année", remarque Ciáran O'Connor, analyste de l'Institut pour le dialogue stratégique (ISD), un groupe de réflexion spécialisé dans le contre-discours extrémiste.
Là où le Premier ministre Mark Rutte, qui dénonçait en janvier la "racaille", fustige désormais une "violence pure" perpétrée par des "idiots", M. O'Connor pointe l'impact de l'épidémie complotiste en plein essor aux Pays-Bas.
Sur Facebook, les 125 principaux groupes néerlandais diffusant de fausses informations à propos du Covid-19 ont enregistré une croissance de 63% de leurs abonnés en six mois, rassemblant ainsi 789.000 membres dans ce pays de 17 millions d'habitants, selon une étude publiée en mai par l'ISD.
Cette galaxie hétéroclite "n'appelle en général pas directement à la violence, mais l'accepte comme faisant partie de la solution", résume l'expert. "Le mouvement anti-vaccin et anti-Covid organise des manifestations et crée un espace qui permet à d'autres acteurs d'exprimer leur frustration de manière violente."
Jeunes frustrés, mouvance hooligan, contestataires embarqués par l'effet de foule: la diversité des participants à l'émeute du 19 novembre à Rotterdam a été largement soulignée par la police et le parquet. De même que l'importance des réseaux sociaux dans son organisation initiale.
En juin, les services de renseignement néerlandais avaient déjà expliqué redouter que "les manifestations anti-gouvernement servent de terreau à l'extrémisme".
Dans un pays où 85% des adultes sont vaccinés, la mouvance antivax "est clairement minoritaire", tempère Claes de Vreese, professeur de communication politique à l'Université d'Amsterdam.
Mais contrairement aux pays voisins, son écho dans le débat public est "amplifié par le fait qu'elle a trouvé un allié politique au Parlement", le parti d'extrême droite Forum pour la démocratie, observe-t-il.
Son dirigeant populiste, Thierry Baudet, soutient depuis des mois un discours coronasceptique et manie la polémique avec un art qui lui vaut d'être comparé à l'ex-président américain Donald Trump.
En mars, un de ses tweets anti-vaccins lui a valu un avertissement de Twitter, qui a labellisé son message comme "trompeur". Une première pour un homme politique néerlandais.
Selon M. O'Connor de l'ISD, de nombreuses fausses informations ne sont toutefois pas modérées en langue néerlandaise. Par rapport au monde anglo-saxon, "Twitter et Facebook n'ont pas la même attention pour protéger leurs plateformes des gens qui les utilisent de manière irresponsable", regrette-t-il.
AFP
Lorsque la manifestation anti-restrictions sanitaires a viré à l'émeute à Rotterdam la semaine dernière, ouvrant la voie à quatre nuits de heurts dans différentes villes du pays, Ricardo Pronk était là pour diffuser les violences en direct.
Cet activiste anti-vaccin administrait un groupe Facebook avec 10000 abonnés. Récemment supprimée par le réseau social, la page avait relayé l'appel pour cette manifestation non déclarée où la police a fini par tirer à balles réelles, faisant cinq blessés.
Le quinquagénaire, qui promeut aussi bien les théories complotistes anti-vaccins, selon lesquelles les sérums anti-Covid sont "des armes conçues pour tuer", que celles de la mouvance QAnon, qui voudraient que des "élites mondialisées" commettent des "crimes pédo-satanistes", rejette toute responsabilité dans ces événements qualifiés d'"orgie de violence" par le maire de Rotterdam.
"La violence n'est pas la voie à suivre, le mieux est de faire les choses pacifiquement", assure à l'AFP cet ancien technicien informatique actuellement au chômage, qui avait choisi pour son groupe Facebook une bannière appelant les Néerlandais à "se réveiller avant qu'il ne soit trop tard", avec un lion rugissant au milieu des flammes.
Les violences provoquées par l'annonce mi-novembre d'un confinement partiel pour lutter contre une reprise de l'épidémie de Covid-19 rappellent celles du début de l'année. Déjà en janvier, l'instauration d'un couvre-feu nocturne, une première depuis la Deuxième Guerre mondiale, avait été suivie par les pires émeutes que le pays ait connu depuis 40 ans.
"Les Pays-Bas sont un cas unique, c'est le seul pays où les manifestations anti-Covid ont tourné de manière répétée à l'émeute cette année", remarque Ciáran O'Connor, analyste de l'Institut pour le dialogue stratégique (ISD), un groupe de réflexion spécialisé dans le contre-discours extrémiste.
Là où le Premier ministre Mark Rutte, qui dénonçait en janvier la "racaille", fustige désormais une "violence pure" perpétrée par des "idiots", M. O'Connor pointe l'impact de l'épidémie complotiste en plein essor aux Pays-Bas.
Sur Facebook, les 125 principaux groupes néerlandais diffusant de fausses informations à propos du Covid-19 ont enregistré une croissance de 63% de leurs abonnés en six mois, rassemblant ainsi 789.000 membres dans ce pays de 17 millions d'habitants, selon une étude publiée en mai par l'ISD.
Cette galaxie hétéroclite "n'appelle en général pas directement à la violence, mais l'accepte comme faisant partie de la solution", résume l'expert. "Le mouvement anti-vaccin et anti-Covid organise des manifestations et crée un espace qui permet à d'autres acteurs d'exprimer leur frustration de manière violente."
Jeunes frustrés, mouvance hooligan, contestataires embarqués par l'effet de foule: la diversité des participants à l'émeute du 19 novembre à Rotterdam a été largement soulignée par la police et le parquet. De même que l'importance des réseaux sociaux dans son organisation initiale.
En juin, les services de renseignement néerlandais avaient déjà expliqué redouter que "les manifestations anti-gouvernement servent de terreau à l'extrémisme".
Dans un pays où 85% des adultes sont vaccinés, la mouvance antivax "est clairement minoritaire", tempère Claes de Vreese, professeur de communication politique à l'Université d'Amsterdam.
Mais contrairement aux pays voisins, son écho dans le débat public est "amplifié par le fait qu'elle a trouvé un allié politique au Parlement", le parti d'extrême droite Forum pour la démocratie, observe-t-il.
Son dirigeant populiste, Thierry Baudet, soutient depuis des mois un discours coronasceptique et manie la polémique avec un art qui lui vaut d'être comparé à l'ex-président américain Donald Trump.
En mars, un de ses tweets anti-vaccins lui a valu un avertissement de Twitter, qui a labellisé son message comme "trompeur". Une première pour un homme politique néerlandais.
Selon M. O'Connor de l'ISD, de nombreuses fausses informations ne sont toutefois pas modérées en langue néerlandaise. Par rapport au monde anglo-saxon, "Twitter et Facebook n'ont pas la même attention pour protéger leurs plateformes des gens qui les utilisent de manière irresponsable", regrette-t-il.
AFP
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