©M. Bennett mène une politique dite de "consensus" : il maintient une ligne dure contre les Palestiniens, avec un soutien ferme à la colonisation, mais a augmenté le nombre de permis de travail en Israël pour les Palestiniens. (AFP)
Un an après la prestation de serment du gouvernement Bennett, qui avait mis fin à douze ans interrompus de règne de Benjamin Netanyahou, la coalition hétéroclite au gouvernement se maintient tant bien que mal, malgré les divisions idéologiques. Elle contient en effet huit partis différents représentant l'entièreté du spectre politique israélien, de la gauche à la droite, en passant par un parti arabe. Cependant, elle a subi récemment un camouflet, avec l'échec du vote d'un texte prorogeant l'application de la loi israélienne aux 475 000 colons israéliens vivant en Cisjordanie occupée.
Naftali Bennett a réuni dans une même coalition huit partis (droite, centre, gauche), incluant une formation arabe, une première dans l'histoire de l'État hébreu. (AFP)
Un an après son arrivée au pouvoir, le Premier ministre israélien Naftali Bennett veut croire en la capacité de "compromis" de sa coalition idéologiquement divisée, en dépit des crises qui la menacent.
Le 13 juin 2021, Israël tournait une page de son histoire avec la prestation de serment du gouvernement Bennett, qui mettait fin à 12 ans de règne ininterrompu de Benjamin Netanyahu, épilogue d'une crise politique ayant mené à quatre élections en moins de deux ans.
"Il y a un an, je n'étais pas sûr que cela puisse se faire. Israël se dirigeait vers ses cinquièmes élections (législatives) en deux ans et était paralysé par la polarisation. Ce gouvernement est l'antidote à la polarisation", a affirmé à l'AFP Naftali Bennett, à la tête d'une coalition hétéroclite.
Pour chasser du pouvoir M. Netanyahu, le plus pérenne des Premiers ministres de l'histoire du pays, Naftali Bennett et l'actuel chef de la diplomatie Yaïr Lapid ont réuni dans une même coalition huit partis (droite, centre, gauche), incluant une formation arabe, une première dans l'histoire de l'État hébreu.
Et après une courte lune de miel, le gouvernement tente de surmonter de profondes différences idéologiques qui menacent aujourd'hui son avenir.
En avril, une première défection d'un membre du parti Yamina de M. Bennett a privé la coalition de sa majorité au Parlement. Puis le mois dernier, une députée arabe du parti Meretz (gauche) a quitté les rangs pour dénoncer la politique du gouvernement à l'égard des Arabes israéliens. Il y est cependant revenu, rétablissant le rapport de forces à 60 sièges pour la coalition et 60 pour l'opposition menée par M. Netanyahu.
La menace du blocage gouvernemental
Et cette semaine, l'opposition a imposé un camouflet à la coalition en réunissant une majorité de voix contre un texte visant à proroger l'application de la loi israélienne aux plus de 475.000 colons israéliens vivant en Cisjordanie occupée.
En vigueur depuis 1967, année du début de la colonisation israélienne de ce territoire palestinien, cette loi est automatiquement ratifiée tous les cinq ans par le Parlement.
Mais deux députés de la coalition ont voté contre en première lecture. Et aussitôt, la presse locale a multiplié les scénarios de chute d'un gouvernement divisé, qui a non seulement perdu sa majorité, mais qui voit ses propres soutiens voter contre lui. Face à cette crise, M. Bennett fait valoir la capacité à trouver des compromis.
"Après un an à mener ce gouvernement, ma plus grande prise de conscience est qu'Israël donne sa pleine mesure lorsque nous travaillons ensemble, dépassons nos différences et nous concentrons sur le bien de ce pays", a-t-il déclaré dans une réponse écrite à des questions posées par l'AFP. "Cela fonctionne", a-t-il ajouté, mettant en avant l'adoption d'un budget en novembre, le premier depuis plus de trois ans.
La difficile recherche d'un équilibre
La principale raison d'être du gouvernement Bennett est l'opposition à l'ancien premier ministre Benjamin Netanyahu, qui a dirigé le pays durant douze ans. (AFP°
Et pourtant, cet ancien responsable de la principale organisation de colons de Cisjordanie qui avait lancé sa carrière politique il y a dix ans en affirmant "qu'il n'y aura jamais de plan de paix avec les Palestiniens" ne s'est pas toujours démarqué par sa volonté de trouver de compromis.
Sur le fond, M. Bennett n'a pas changé : il maintient son opposition à la création d'un État palestinien, affirme que sous son mandat, il n'y aurait pas de reprise des négociations, approuve la création de nouveaux logements dans les colonies, mais a augmenté le nombre de permis de travail en Israël pour les Palestiniens.
"Je pense qu'au plus profond de lui, (...) il place les intérêts de l'État avant les intérêts du camp idéologique qu'il représente", estime Yedidia Stern, président du centre de recherche Jewish People Policy Institute.
Plusieurs ténors de l'actuelle coalition sont proches idéologiquement du Likoud (droite) de M. Netanyahu, mais estiment que ce dernier, accusé de corruption dans une série d'affaires, fait passer ses intérêts personnels avant ceux de l'État.
En comparaison, le gouvernement Bennett est composé d'"institutionnalistes", estime Ami Pedahzur, auteur du livre "Le triomphe de la droite radicale israélienne".
Les discordes idéologiques ont été en grande partie surmontées, du moins jusqu'à présent, par un désir partagé de "défendre les institutions", explique ce professeur à l'université du Texas.
Naftali Bennett semble partager ce point de vue, disant vouloir "préserver l'intégrité de la démocratie israélienne" avant de satisfaire un camp idéologique.
"La question n'est pas de rendre la gauche heureuse un jour, puis la droite le lendemain", écrit-il à l'AFP. "La question est de s'écouter, d'entendre des perspectives différentes et parfois de trouver des compromis".
Avec AFP
Naftali Bennett a réuni dans une même coalition huit partis (droite, centre, gauche), incluant une formation arabe, une première dans l'histoire de l'État hébreu. (AFP)
Un an après son arrivée au pouvoir, le Premier ministre israélien Naftali Bennett veut croire en la capacité de "compromis" de sa coalition idéologiquement divisée, en dépit des crises qui la menacent.
Le 13 juin 2021, Israël tournait une page de son histoire avec la prestation de serment du gouvernement Bennett, qui mettait fin à 12 ans de règne ininterrompu de Benjamin Netanyahu, épilogue d'une crise politique ayant mené à quatre élections en moins de deux ans.
"Il y a un an, je n'étais pas sûr que cela puisse se faire. Israël se dirigeait vers ses cinquièmes élections (législatives) en deux ans et était paralysé par la polarisation. Ce gouvernement est l'antidote à la polarisation", a affirmé à l'AFP Naftali Bennett, à la tête d'une coalition hétéroclite.
Pour chasser du pouvoir M. Netanyahu, le plus pérenne des Premiers ministres de l'histoire du pays, Naftali Bennett et l'actuel chef de la diplomatie Yaïr Lapid ont réuni dans une même coalition huit partis (droite, centre, gauche), incluant une formation arabe, une première dans l'histoire de l'État hébreu.
Et après une courte lune de miel, le gouvernement tente de surmonter de profondes différences idéologiques qui menacent aujourd'hui son avenir.
En avril, une première défection d'un membre du parti Yamina de M. Bennett a privé la coalition de sa majorité au Parlement. Puis le mois dernier, une députée arabe du parti Meretz (gauche) a quitté les rangs pour dénoncer la politique du gouvernement à l'égard des Arabes israéliens. Il y est cependant revenu, rétablissant le rapport de forces à 60 sièges pour la coalition et 60 pour l'opposition menée par M. Netanyahu.
La menace du blocage gouvernemental
Et cette semaine, l'opposition a imposé un camouflet à la coalition en réunissant une majorité de voix contre un texte visant à proroger l'application de la loi israélienne aux plus de 475.000 colons israéliens vivant en Cisjordanie occupée.
En vigueur depuis 1967, année du début de la colonisation israélienne de ce territoire palestinien, cette loi est automatiquement ratifiée tous les cinq ans par le Parlement.
Mais deux députés de la coalition ont voté contre en première lecture. Et aussitôt, la presse locale a multiplié les scénarios de chute d'un gouvernement divisé, qui a non seulement perdu sa majorité, mais qui voit ses propres soutiens voter contre lui. Face à cette crise, M. Bennett fait valoir la capacité à trouver des compromis.
"Après un an à mener ce gouvernement, ma plus grande prise de conscience est qu'Israël donne sa pleine mesure lorsque nous travaillons ensemble, dépassons nos différences et nous concentrons sur le bien de ce pays", a-t-il déclaré dans une réponse écrite à des questions posées par l'AFP. "Cela fonctionne", a-t-il ajouté, mettant en avant l'adoption d'un budget en novembre, le premier depuis plus de trois ans.
La difficile recherche d'un équilibre
La principale raison d'être du gouvernement Bennett est l'opposition à l'ancien premier ministre Benjamin Netanyahu, qui a dirigé le pays durant douze ans. (AFP°
Et pourtant, cet ancien responsable de la principale organisation de colons de Cisjordanie qui avait lancé sa carrière politique il y a dix ans en affirmant "qu'il n'y aura jamais de plan de paix avec les Palestiniens" ne s'est pas toujours démarqué par sa volonté de trouver de compromis.
Sur le fond, M. Bennett n'a pas changé : il maintient son opposition à la création d'un État palestinien, affirme que sous son mandat, il n'y aurait pas de reprise des négociations, approuve la création de nouveaux logements dans les colonies, mais a augmenté le nombre de permis de travail en Israël pour les Palestiniens.
"Je pense qu'au plus profond de lui, (...) il place les intérêts de l'État avant les intérêts du camp idéologique qu'il représente", estime Yedidia Stern, président du centre de recherche Jewish People Policy Institute.
Plusieurs ténors de l'actuelle coalition sont proches idéologiquement du Likoud (droite) de M. Netanyahu, mais estiment que ce dernier, accusé de corruption dans une série d'affaires, fait passer ses intérêts personnels avant ceux de l'État.
En comparaison, le gouvernement Bennett est composé d'"institutionnalistes", estime Ami Pedahzur, auteur du livre "Le triomphe de la droite radicale israélienne".
Les discordes idéologiques ont été en grande partie surmontées, du moins jusqu'à présent, par un désir partagé de "défendre les institutions", explique ce professeur à l'université du Texas.
Naftali Bennett semble partager ce point de vue, disant vouloir "préserver l'intégrité de la démocratie israélienne" avant de satisfaire un camp idéologique.
"La question n'est pas de rendre la gauche heureuse un jour, puis la droite le lendemain", écrit-il à l'AFP. "La question est de s'écouter, d'entendre des perspectives différentes et parfois de trouver des compromis".
Avec AFP
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