Électricité: même l’accord avec l’Irak est menacé
Le ministre de l'Énergie du gouvernement sortant Walid Fayad tente de sécuriser tant bien que mal un minimum de carburant pour approvisionner certaines centrales électriques afin de ne pas priver les Libanais de courant électrique, surtout que fin septembre, le contrat avec l'Irak qui fournit du fuel au Liban arrivera à expiration. Grâce à ce contrat, environ 40.000 tonnes de gaz sont assurées par mois aux centrales de Deir Ammar et de Zahrani, qui fournissent ainsi deux heures d'électricité par jour.

M. Fayad œuvre actuellement pour le renouveler, mais Baghdad ne serait pas disposé à le faire, comme le Liban ne s'est toujours acquitté de ses dus pour les livraisons précédentes, lesquelles pourraient dépasser les 520 millions de dollars en août prochain. Sans compter qu’en cas de renouvellement du contrat, le ministre souhaiterait augmenter les quantités importées afin d’accélérer la cadence de la production. Or, au regard de ce qui précède, l'Irak sera-t-il prêt à accéder à cette demande?

Parallèlement, l'importation de gaz et d'électricité d'Égypte et de Jordanie reste bloquée. Le contrat avec l'Égypte visant à obtenir jusqu'à 750 millions de mètres cubes de gaz prévus pour faire fonctionner l'usine de Deir Ammar à sa pleine capacité de 400 mégawatts, n'a pas encore été signé. Les Égyptiens exigent une lettre de garantie claire de la part des Américains selon laquelle ils ne seront pas exposés aux sanctions en vertu de la loi César, qui impose des sanctions au régime syrien. Les Américains, qui étudient une copie du contrat avec l'Égypte, attendent par ailleurs sa signature avant d'émettre de telles garanties et de donner le feu vert à la Banque mondiale pour lancer le processus de financement. Le dossier a été abordé lundi durant l’entretien que le ministre de l’Énergie a eu avec le médiateur américain Amos Hochstein, arrivé lundi dans l’après-midi pour une série d’entretiens avec les dirigeants libanais au sujet des négociations indirectes avec Israël relatives aux frontières maritimes.

La Banque mondiale a aussi ses propres conditions auxquelles elle ne déroge pas, dont la première est la création de l'autorité de régulation du secteur de l'électricité conformément aux normes internationales, et dans une transparence absolue.


Partant, le ministre Fayad s’est vu contraint de se rendre chez le gouverneur de la Banque du Liban Riad Salamé, et de lui demander de cesser de compenser la différence entre le taux de change du dollar appliqué par Sayrafa et celui du marché noir, soit 200 millions de dollars injectés par mois. En échange, Électricité du Liban profiterait de ces sommes afin d’acheter du fuel destiné aux usines de Deir Ammar, Zahrani, Jiyeh et Zouk pour que les moteurs asynchrones tournent au maximum de leur capacité ainsi que certains groupes dans la centrale de Zouk, ce qui permettra de fournir de 8 à 10 heures d’alimentation en électricité, sous réserve que le tarif du kilowatt soit porté à 27 centimes, tout en sachant que le tarif appliqué par les groupes électrogènes plafonne à 50 centimes.

Cependant, la mise en œuvre de cette proposition nécessite qu'Électricité du Liban dispose de liquidités en livres libanaises afin d'acheter les 130 millions de dollars requis par mois au taux de Sayrafa. Or, cet argent n’est pas disponible et EDL peine à couvrir le chargement d’un navire. Par conséquent, le ministre Fayad va tenter de demander une avance au ministère des Finances pour acheter la quantité de fuel nécessaire à EDL. Là encore, des questions se posent: le ministère dispose-t-il de cet argent? Une telle avance financière peut-elle être approuvée par un gouvernement qui expédie les affaires courantes? Enfin, le Parlement l'approuvera-t-il au regard de la grande tension et des conflits qui touchent le secteur de l'électricité et le ministère de l'Énergie?

Les solutions immédiates voire stratégiques à apporter au secteur de l'électricité piétinent, pour la simple raison que les parties prenantes ne changeront pas leurs politiques et leurs orientations qui ont plongé, soit-dit en passant, le pays dans le noir.
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