Pour rester président, Trump a même trompé ses proches
"Je veux rester président!!!". On imagine les cris de rage de l'ex-chef d'Etat le plus absurde de la première puissance mondiale, refusant de quitter son siège à la Maison-Blanche. L'obscène homme d'affaires ira même jusqu'à exciter une foule de partisans déchainés, tout ce que l'Amérique compte d'asociaux, qui a assailli le Capitole, provoquant au passage quelques morts, dont des membres des forces de l'ordre. La semaine dernière, Trump a même déclaré que l'assaut du 6 janvier 2021 était "un des grands mouvements de l'Amérique"!

Son ministre de la Justice, une ribambelle de conseillers, et même sa propre fille... une commission parlementaire a fourni lundi une chronologie troublante sur la façon dont Donald Trump a tenté de se maintenir au pouvoir après sa défaite à la présidentielle de 2020, en affirmant que l'élection lui avait été "volée", malgré les dénégations répétées de ses plus proches fidèles.

Liz Cheney, sénatrice républicaine, une des rares voix du "GOP" à dénoncer les agissements de Trump. Elle fait partie de la Commission d'enquête parlementaire, au grand dam de ses collègues du parti. Elle n'hésitera pas à leur lancer: "Le jour viendra où Donald Trump partira, mais votre déshonneur restera".

"Avant même l'élection, M. Trump avait décidé que, qu'importent les faits et la vérité, s'il perdait l'élection, il affirmerait qu'elle était truquée", a affirmé Zoe Lofgren, élue démocrate membre de ce groupe cherchant à faire la lumière sur la responsabilité du milliardaire républicain dans l'attaque du Congrès américain par ses partisans, le 6 janvier 2021.

Après près d'un an d'enquête, cette commission a livré lundi un récit minutieux sur les manœuvres de l'ancien président entre le soir de l'élection présidentielle et l'assaut du Capitole.

Giuliani en "état d'ébriété" 

Quelques heures à la suite de la fermeture des bureaux de vote le 3 novembre 2020, Joe Biden et Donald Trump sont au coude-à-coude. "Il devenait évident que l'élection ne serait pas décidée ce soir-là", a confié Ivanka Trump, la fille de l'ancien président et à l'époque une de ses plus proches conseillères, dans un témoignage diffusé lundi par la commission.

Si les doutes planaient sur l'intégrité de Rudy Giuliani durant sa carrière politique, son comportement lors des élections de 2020 a bien prouvé que c'est un véreux accompli.

Pourtant, peu avant 02H30 du matin, Donald Trump se présente devant les télévisions américaines depuis les salons de la Maison Blanche. "Honnêtement, nous avons gagné l'élection", lance-t-il, malgré le décompte en cours. "Il était bien trop tôt pour prendre ce genre de décision", a jugé Bill Stepien, le directeur de campagne de Donald Trump, devant ce groupe d'élus.

Un des seuls à encourager le président dans sa démarche ce soir-là? Son avocat personnel, Rudy Giuliani, qui, selon un des conseillers du président témoignant devant la commission, était "clairement en état d'ébriété".
Un complot "ourdi par le Venezuela, Cuba et les démocrates"

Le 7 novembre 2020, juste avant 11H30, Joe Biden est déclaré vainqueur. Ce même jour, le directeur de campagne de Donald Trump assiste à une réunion avec le président sortant. "Nous lui avons dit ce que nous pensions être ses chances de victoire à ce stade (....) qu'il y avait peut-être 5 ou 10% de chances", détaille Bill Stepien.

Le gendre, Jared Kushner, un autre personnage obscur faisant partie de la ribambelle de "conseillers" qui ont contribué à un mandat comparable à un film d'horreur.

Le président "était de plus en plus en colère", raconte M. Stepien. Le dirigeant décide de changer ses équipes pour s'entourer de personnes qui le soutiennent dans sa croisade.


Le 19 novembre, cette nouvelle équipe juridique tient une conférence de presse des plus déroutantes. Sidney Powell, une des avocates de Donald Trump, accuse pêle-mêle le Venezuela, Cuba et les démocrates d'avoir ourdi un complot électoral.

À ses côtés, Rudy Giuliani, dénonce "un scandaleux rideau de fer de censure". Sous la chaleur des projecteurs, un liquide marron, de la teinture capillaire, commence à dégouliner sur ses tempes.

"Des âneries", selon le ministre de la Justice

Quatre jours plus tard, le ministre de la Justice Bill Barr se rend à la Maison Blanche. "C'était un peu gênant", confie le ministre dans une vidéo retransmise lundi par la commission.

À plusieurs reprises, dit-il, les deux hommes ont examiné ensemble les supposées fraudes à l'élection avancées par Donald Trump. "Des âneries", selon le ministre de la Justice.

"Ça m'a démoralisé, parce que je me suis dit +c'est dingue, s'il croit vraiment tout ça, c'est qu'il est vraiment détaché de la réalité+", a assuré Bill Barr, qui démissionnera le 14 décembre.

Le comble, c'est que les assaillants du Capitole se croyaient les dignes héritiers des miliciens de la Guerre d'indépendance, voire des émules des Pères fondateurs de l'Amérique.

Dans le mois qui suivra, Donald Trump et son entourage continueront à véhiculer "ces mensonges" sur la fraude électorale pour récolter des dons, a argué la commission. Inondant ses partisans de dizaines de courriels par jours, son équipe de campagne amasse 250 millions de dollars entre le jour de l'élection et le 6 janvier 2021, a-t-elle révélé.

"Le grand mensonge était aussi une grande arnaque", a fustigé l'élue Zoe Lofgren, connue pour avoir travaillé sur les mises en accusation devant le Congrès de trois présidents : Richard Nixon, Bill Clinton... et Donald Trump.

Lors de quatre auditions ces prochains jours, la commission dite "du 6 janvier" continuera à présenter ses conclusions sur son année d'enquête, plaçant l'ancien locataire de la Maison-Blanche au cœur "d'une tentative de coup d'État".

Le principal intéressé Donald Trump a une nouvelle fois dénoncé lundi les travaux de cette commission, la qualifiant de "chasse aux sorcières", qui fait selon lui "honte à l'Amérique".

Avec AFP
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