©Le président iranien Ebrahim Raissi et le chef de l'Organisation iranienne de l'énergie atomique Mohammad Eslami, lors d'un point de presse devant la centrale nucléaire iranienne de Boushehr. (AFP)
Le chef de la diplomatie israélienne Yaïr Lapid a quitté dimanche Israël pour l'Europe dans l'espoir d'y infléchir les positions de la Grande-Bretagne et de la France à l'heure de la reprise des négociations sur le nucléaire iranien.
Une photo prise lors de la réunion du 17 avril dernier au Grand hôtel de Vienne entre les parties impliquées dans l'accord de 2015 sur le nucléaire iranien. (AFP)
Les options américaines à la reprise des négociations
Les Etats-Unis de Joe Biden sont bien moins optimistes qu'ils ne l'étaient au printemps sur la possibilité de sauver l'accord sur le nucléaire iranien.
Mais leurs options pour éviter que Téhéran accède à la bombe atomique sont limitées en cas d'échec.
L'ex-président américain Donald Trump avait claqué la porte en 2018 de cet accord international, et rétabli les sanctions américaines qu'il avait permis de lever. En riposte, la République islamique s'est affranchie de nombreuses restrictions à son programme nucléaire.
Joe Biden dit vouloir revenir dans l'accord de 2015 si l'Iran renoue aussi avec ses engagements. Les négociations indirectes qui ont démarré en avril à Vienne reprennent lundi, après une suspension de cinq mois imposée par Téhéran.
"Il est possible de parvenir rapidement à une entente", a encore assuré mercredi la diplomatie américaine, qui privilégie clairement cette option.
Mais l'émissaire américain Rob Malley juge que l'attitude des Iraniens n'est "pas de bon augure pour les négociations".
Les Etats-Unis leur reprochent d'avoir traîné des pieds et de multiplier les exigences "radicales", tout en continuant de faire des progrès nucléaires susceptibles de les rapprocher drastiquement de la bombe.
Un accord provisoire
Si, à la reprise des pourparlers, il apparaît rapidement aux Américains que l'Iran veut seulement gagner du temps pour accélérer ses avancées atomiques, ils ne resteront pas "les bras croisés", a prévenu Rob Malley.
"Nous allons devoir envisager d'autres moyens -- diplomatiques et autres -- pour tenter de faire face aux ambitions nucléaires de l'Iran", a-t-il dit.
Parmi les options diplomatiques, la piste d'un "accord provisoire" est évoquée.
"L'administration Biden pourrait envisager un accord réduit, de court terme, qui permette le gel des activités les plus sensibles de l'Iran en matière de prolifération, en échange d'une levée limitée des sanctions", disait récemment à l'AFP Kelsey Davenport, de l'Arms Control Association.
L'objectif serait de gagner du temps, car Téhéran est aujourd'hui beaucoup plus proche qu'avant de la bombe.
Mais une telle option risque de provoquer une levée de boucliers à Washington, parmi les républicains mais aussi plusieurs démocrates qui y verraient une concession trop généreuse à l'égard des Iraniens.
Un accord plus global
"Si l'Iran revient à la table des négociations avec une longue liste de demandes en dehors de l'accord sur le nucléaire, alors les Etats-Unis pourraient présenter leur propre liste" au sujet du rôle iranien dans les conflits régionaux et de ses missiles balistiques, estime Kelsey Davenport.
Mais s'ouvriraient alors de longues et complexes tractations à l'issue incertaine.
Surtout, rien ne dit que la République islamique ne continuerait pas, pendant ce temps, ses progrès nucléaires.
Plus de pression
Pour Suzanne DiMaggio, chercheuse au Carnegie Endowment for International Peace, les "plans B" à la disposition de Joe Biden "ne sont pas géniaux". "S'il y avait un meilleur plan, ça se saurait", a-t-elle ironisé vendredi lors d'un échange avec des journalistes.
L'une des possibilités serait de renforcer les sanctions économiques, alors même que le gouvernement démocrate martèle que la "pression maximale" de l'ère Trump est un "échec".
Les mesures punitives pourraient viser la Chine, qui continue d'acheter du pétrole iranien malgré l'embargo américain. Mais il est peu probable que Pékin modifie sa posture.
Les faucons opposés à l'accord de 2015 -- et ils sont nombreux aux Etats-Unis, surtout parmi les conservateurs -- plaident pour que Washington redouble de pressions économiques, diplomatiques et même militaires sans attendre l'issue des négociations de Vienne.
L'option militaire
Accusée de faiblesse par ces partisans de la manière forte, l'administration Biden a commencé à hausser le ton en octobre, en prévenant que "toutes les options" sont sur la table pour éviter que l'Iran devienne une puissance nucléaire. Une manière de laisser planer la menace militaire.
Dans une tribune remarquée, l'ex-diplomate Dennis Ross a affirmé toutefois que cette référence "routinière" aux "autres options" était devenue insuffisante car "Téhéran ne prend plus Washington au sérieux". "Pour relancer l'accord nucléaire, la menace d'une escalade militaire doit être sur la table", a-t-il insisté.
Israël brandit de son côté clairement cette possibilité.
Mais pour Suzanne DiMaggio, la force "ne résoudrait pas le problème" car "l'expérience montre que l'Iran répond à la pression par plus de pression".
"De nouveaux actes de sabotage du programme nucléaire iranien risquent de provoquer des erreurs d'appréciation ou une escalade ingérable qui pourrait dégénérer en conflit violent", a-t-elle mis en garde.
AFP
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