Figure incontournable du cinéma et du théâtre français, célèbre pour son rôle dans Un homme et une femme, l’acteur Jean-Louis Trintignant est décédé vendredi à l'âge de 91 ans, a annoncé son épouse Mariane Hoepfner Trintignant dans un communiqué.
L’acteur de Et Dieu... créa la femme et Amour est «mort paisiblement, de vieillesse, ce matin, chez lui, dans le Gard (dans le sud de la France), entouré de ses proches», a précisé son épouse. Ses obsèques se dérouleront dans l’intimité.
Dans cette photo d'archive prise le 21 mai 1966, le réalisateur français Claude Lelouch (gauche) célèbre le Grand Prix qu'il a reçu pour son film "Un Homme et une Femme" avec le compositeur Pierre Barouh, l'actrice Anouk Aimee (2e droite) et Jean-Louis Trintignant (droite) lors du Festival International du Film de Cannes.
L'acteur français Jean-Louis Trintignant, l'un des plus grands ténors du cinéma français, est décédé vendredi à l'âge de 91 ans dans sa résidence du Gard, dans le sud de la France. Entré dans l’histoire du cinéma avec Un homme et une femme de Claude Lelouch, où il incarne un pilote automobile amoureux d’Anouk Aimée, il a remporté un prix d’interprétation à Cannes pour Z de Costa Gavras en 1969 et un César du meilleur acteur pour Amour (2012) de Michael Haneke, film récompensé d’une Palme d’or.
Sa dernière apparition sur grand écran date de 2019 avec Les plus belles années d’une vie, où il retrouvait sa partenaire Anouk Aimée et le réalisateur Claude Lelouch. Il avait également fait une apparition, face caméra, lors de la cérémonie des César 2021, où il était apparu très diminué.
Sa vie a été marquée par plusieurs drames, dont la mort de sa fille Marie, également actrice, tuée en 2003 par son compagnon, le chanteur Bertrand Cantat. Drame qui avait suscité l’émoi en France et mis en lumière les violences exercées contre les femmes.
Né le 11 décembre 1930 à Piolenc, dans le sud de la France, ce fils d’industriel a suivi à Paris les cours de comédie de Charles Dullin, avant de débuter sur les planches en 1951.
Jean-Louis Trintignant, l’homme et l’acteur
Voix reconnaissable entre toutes, présence magnétique teintée de mélancolie, il a mené pendant un demi-siècle une immense carrière au théâtre et au cinéma, de Et Dieu... créa la femme à Amour.
Ce perfectionniste était aussi un homme inquiet et réservé qui confiait avoir eu des tentations suicidaires : « Je reconnais n’avoir jamais été très gai ». Ce pessimisme l’accompagne bien avant la mort de sa fille Marie avec qui il entretenait une grande complicité. Quelques mois auparavant, père et fille avaient interprété en duo sur scène les Poèmes à Lou d’Apollinaire. Ce décès tragique n’allait plus cesser de le hanter : « J’aurais pu arrêter ma vie à ce moment-là ». Poussé par ses proches, il était remonté sur scène, trouvant une « thérapie » dans la poésie et le théâtre. Les planches, son « vrai métier », racontait-il. « On fait du ciné un peu par vanité », « pour ne plus être timide ».
Avec Anouk Aimée- Crédit : Loïc Venance/AFP
Sa liaison avec « BB »...
Élevé à la dure, jeune homme timide, il débute sur scène en 1951 dans « Marie Stuart », de Schiller, et à l’écran dans « Si tous les gars du monde », de Christian-Jaque (1956). Il tourne la même année au côté de Brigitte Bardot (Et Dieu... créa la femme, Vadim). Sa liaison avec « BB » fait beaucoup parler.
Au retour d’un service militaire traumatisant en Algérie, le comédien repart avec Les Liaisons dangereuses (Vadim). Son jeu nerveux et sensible séduit. Avec sa composition d’amoureux romantique dans Un homme et une femme, aux côtés d’Anouk Aimée, il devient l’acteur qui tourne le plus, à l’instar de Belmondo et Delon. Au total, il jouera dans quelque 120 films...
Il a une prédilection pour les personnages ambigus, impénétrables, inquiétants. Il est aussi bien à l’aise dans les films grand public (Paris brûle-t-il ? René Clément) que dans l’avant-garde (L’homme qui ment, d’Alain Robbe-Grillet, lui vaut l’Ours d’argent du meilleur acteur à Berlin) ou politiques, comme Z.
Il tourne également en Italie, notamment dans Le Fanfaron de Dino Risi et Le Conformiste de Bernardo Bertolucci.
Jean-Louis Trintignant réalise lui-même deux films, Une journée bien remplie et Le Maître-nageur, sans grand succès.
Dans les années 80, cet anticonformiste recentre sa carrière sur le théâtre. Ce qui ne l’empêche pas de tourner quelques grands rôles au cinéma, dans Regarde les hommes tomber ou Trois couleurs : Rouge, où il incarne un ancien juge taciturne.
Marié trois fois, il avait épousé l’actrice Stéphane Audran puis la réalisatrice Nadine Marquand (Trintignant) avec qui il a eu trois enfants, Marie, Pauline (morte quand elle était bébé) et Vincent. Depuis leur divorce, ce passionné de courses automobiles partageait la vie de la pilote de course Marianne Hoepfner.
Jean-Louis Trintignant vivait depuis une trentaine d’années près d’Uzès (Gard), pas loin de ses chères vignes.
Jean-Louis Trintignant, un monument du cinéma en cinq films
Voici cinq films parmi les plus marquants de l’acteur Jean-Louis Trintignant qui joua dans quelque 120 longs métrages.
Et Dieu... créa la femme, Roger Vadim (1956) -
Le film propulse deux débutants, Brigitte Bardot et Jean-Louis Trintignant, au rang de stars. C’est le réalisateur, Roger Vadim, marié avec « BB » depuis trois ans, qui organise la rencontre entre les deux acteurs. « Il est tarte ! », dit-elle de Trintignant qui, dans le film, doit jouer le rôle d’un prétendant qui finit par épouser l’actrice. « C’était une petite conne », dit-il d’elle. Mais sa timidité touche Bardot. Ils deviennent amants. L’acteur devient possessif, ne supportant plus de la quitter en fin de journée. Leur histoire ne durera pas. « BB » dira : « J’ai aimé Jean Lou à la folie (...). Mes instants d’amour avec Trintignant ont été les plus heureux de ma vie ».
Un homme et une femme, Claude Lelouch (1966) -
Le film de Claude Lelouch, alors âgé de 28 ans, a obtenu en 1966 une Palme d’or et deux Oscars. Un coureur automobile dont la femme s’est suicidée rencontre à Deauville une script-girl inconsolable depuis la mort de son mari. Cinquante ans plus tard, en revoyant ce film culte, Jean-Louis Trintignant dit à Paris Match : « On ne sent pas les efforts qu’il nous a demandés, le manque de moyens. Je trouve que c’est un film sublime. Il a la grâce, quoi... Quand je l’ai tourné, j’avais déjà une trentaine de longs-métrages derrière moi. Et là, pour la première fois, je me sentais bien sur un tournage. Quelque chose de magique s’est déclenché ».
Ce film marque la première collaboration entre Lelouch et Trintignant. En 2019, le réalisateur scelle leurs retrouvailles dans Les plus belles années d’une vie, le film testament d’Un homme et une femme où il réunit Trintignant et Anouk Aimée.
Z, Costa Gavras (1969) -
Dans ce polar politique, un élu « gênant » meurt, victime d’un accident de la route dans un pays non identifié. Mais un jeune juge d’instruction va démontrer que l'élu en question a été victime d’un attentat politique, orchestré par la police elle-même. Doué d’une autorité naturelle, Jean-Louis Trintignant interprète, sans élever la voix, ce magistrat aux prises avec les débuts du fascisme que le réalisateur grec Costa Gavras cherche à dénoncer. « On dit toujours que les comédiens ne doivent pas faire de la politique. Mais il faut en faire, on en fait trop peu », explique l’acteur à la sortie du film réquisitoire. « Je suis ravi de m’engager dans un film politique ».
Le conformiste, de Bernardo Bertolucci (1970) -
Pour échapper à de sombres pulsions et à un drame survenu dans son enfance, Marcello Clerici se réfugie dans le conformisme et adhère au régime fasciste italien des années 30. Sa quête de normalité va le conduire à accepter d’assassiner un opposant politique réfugié à Paris. « Certainement le plus beau film auquel j’ai participé », affirme à l’époque Jean-Louis Trintignant.
Amour, Michael Haneke (2012) -
Avec Amour de Michael Haneke, Jean-Louis Trintignant fait son grand retour au cinéma après dix ans d’absence. Après la mort tragique de sa fille en 2003, il accepte de revenir une « dernière fois » sur les écrans car il admire le réalisateur autrichien.
Dans Amour, Palme d’or en 2012, il forme avec Emmanuelle Riva un couple d’octogénaires mélomanes confrontés au dépérissement de l’un des deux. À 81 ans, il incarne un mari fébrile et veilleur. « C’est l’un des films qui a le plus compté dans ma carrière de comédien », confiera-t-il.
Jean-Louis Trintignant
AFP
L’acteur de Et Dieu... créa la femme et Amour est «mort paisiblement, de vieillesse, ce matin, chez lui, dans le Gard (dans le sud de la France), entouré de ses proches», a précisé son épouse. Ses obsèques se dérouleront dans l’intimité.
Dans cette photo d'archive prise le 21 mai 1966, le réalisateur français Claude Lelouch (gauche) célèbre le Grand Prix qu'il a reçu pour son film "Un Homme et une Femme" avec le compositeur Pierre Barouh, l'actrice Anouk Aimee (2e droite) et Jean-Louis Trintignant (droite) lors du Festival International du Film de Cannes.
L'acteur français Jean-Louis Trintignant, l'un des plus grands ténors du cinéma français, est décédé vendredi à l'âge de 91 ans dans sa résidence du Gard, dans le sud de la France. Entré dans l’histoire du cinéma avec Un homme et une femme de Claude Lelouch, où il incarne un pilote automobile amoureux d’Anouk Aimée, il a remporté un prix d’interprétation à Cannes pour Z de Costa Gavras en 1969 et un César du meilleur acteur pour Amour (2012) de Michael Haneke, film récompensé d’une Palme d’or.
Sa dernière apparition sur grand écran date de 2019 avec Les plus belles années d’une vie, où il retrouvait sa partenaire Anouk Aimée et le réalisateur Claude Lelouch. Il avait également fait une apparition, face caméra, lors de la cérémonie des César 2021, où il était apparu très diminué.
Sa vie a été marquée par plusieurs drames, dont la mort de sa fille Marie, également actrice, tuée en 2003 par son compagnon, le chanteur Bertrand Cantat. Drame qui avait suscité l’émoi en France et mis en lumière les violences exercées contre les femmes.
Né le 11 décembre 1930 à Piolenc, dans le sud de la France, ce fils d’industriel a suivi à Paris les cours de comédie de Charles Dullin, avant de débuter sur les planches en 1951.
Jean-Louis Trintignant, l’homme et l’acteur
Voix reconnaissable entre toutes, présence magnétique teintée de mélancolie, il a mené pendant un demi-siècle une immense carrière au théâtre et au cinéma, de Et Dieu... créa la femme à Amour.
Ce perfectionniste était aussi un homme inquiet et réservé qui confiait avoir eu des tentations suicidaires : « Je reconnais n’avoir jamais été très gai ». Ce pessimisme l’accompagne bien avant la mort de sa fille Marie avec qui il entretenait une grande complicité. Quelques mois auparavant, père et fille avaient interprété en duo sur scène les Poèmes à Lou d’Apollinaire. Ce décès tragique n’allait plus cesser de le hanter : « J’aurais pu arrêter ma vie à ce moment-là ». Poussé par ses proches, il était remonté sur scène, trouvant une « thérapie » dans la poésie et le théâtre. Les planches, son « vrai métier », racontait-il. « On fait du ciné un peu par vanité », « pour ne plus être timide ».
Avec Anouk Aimée- Crédit : Loïc Venance/AFP
Sa liaison avec « BB »...
Élevé à la dure, jeune homme timide, il débute sur scène en 1951 dans « Marie Stuart », de Schiller, et à l’écran dans « Si tous les gars du monde », de Christian-Jaque (1956). Il tourne la même année au côté de Brigitte Bardot (Et Dieu... créa la femme, Vadim). Sa liaison avec « BB » fait beaucoup parler.
Au retour d’un service militaire traumatisant en Algérie, le comédien repart avec Les Liaisons dangereuses (Vadim). Son jeu nerveux et sensible séduit. Avec sa composition d’amoureux romantique dans Un homme et une femme, aux côtés d’Anouk Aimée, il devient l’acteur qui tourne le plus, à l’instar de Belmondo et Delon. Au total, il jouera dans quelque 120 films...
Il a une prédilection pour les personnages ambigus, impénétrables, inquiétants. Il est aussi bien à l’aise dans les films grand public (Paris brûle-t-il ? René Clément) que dans l’avant-garde (L’homme qui ment, d’Alain Robbe-Grillet, lui vaut l’Ours d’argent du meilleur acteur à Berlin) ou politiques, comme Z.
Il tourne également en Italie, notamment dans Le Fanfaron de Dino Risi et Le Conformiste de Bernardo Bertolucci.
Jean-Louis Trintignant réalise lui-même deux films, Une journée bien remplie et Le Maître-nageur, sans grand succès.
Dans les années 80, cet anticonformiste recentre sa carrière sur le théâtre. Ce qui ne l’empêche pas de tourner quelques grands rôles au cinéma, dans Regarde les hommes tomber ou Trois couleurs : Rouge, où il incarne un ancien juge taciturne.
Marié trois fois, il avait épousé l’actrice Stéphane Audran puis la réalisatrice Nadine Marquand (Trintignant) avec qui il a eu trois enfants, Marie, Pauline (morte quand elle était bébé) et Vincent. Depuis leur divorce, ce passionné de courses automobiles partageait la vie de la pilote de course Marianne Hoepfner.
Jean-Louis Trintignant vivait depuis une trentaine d’années près d’Uzès (Gard), pas loin de ses chères vignes.
Jean-Louis Trintignant, un monument du cinéma en cinq films
Voici cinq films parmi les plus marquants de l’acteur Jean-Louis Trintignant qui joua dans quelque 120 longs métrages.
Et Dieu... créa la femme, Roger Vadim (1956) -
Le film propulse deux débutants, Brigitte Bardot et Jean-Louis Trintignant, au rang de stars. C’est le réalisateur, Roger Vadim, marié avec « BB » depuis trois ans, qui organise la rencontre entre les deux acteurs. « Il est tarte ! », dit-elle de Trintignant qui, dans le film, doit jouer le rôle d’un prétendant qui finit par épouser l’actrice. « C’était une petite conne », dit-il d’elle. Mais sa timidité touche Bardot. Ils deviennent amants. L’acteur devient possessif, ne supportant plus de la quitter en fin de journée. Leur histoire ne durera pas. « BB » dira : « J’ai aimé Jean Lou à la folie (...). Mes instants d’amour avec Trintignant ont été les plus heureux de ma vie ».
Un homme et une femme, Claude Lelouch (1966) -
Le film de Claude Lelouch, alors âgé de 28 ans, a obtenu en 1966 une Palme d’or et deux Oscars. Un coureur automobile dont la femme s’est suicidée rencontre à Deauville une script-girl inconsolable depuis la mort de son mari. Cinquante ans plus tard, en revoyant ce film culte, Jean-Louis Trintignant dit à Paris Match : « On ne sent pas les efforts qu’il nous a demandés, le manque de moyens. Je trouve que c’est un film sublime. Il a la grâce, quoi... Quand je l’ai tourné, j’avais déjà une trentaine de longs-métrages derrière moi. Et là, pour la première fois, je me sentais bien sur un tournage. Quelque chose de magique s’est déclenché ».
Ce film marque la première collaboration entre Lelouch et Trintignant. En 2019, le réalisateur scelle leurs retrouvailles dans Les plus belles années d’une vie, le film testament d’Un homme et une femme où il réunit Trintignant et Anouk Aimée.
Z, Costa Gavras (1969) -
Dans ce polar politique, un élu « gênant » meurt, victime d’un accident de la route dans un pays non identifié. Mais un jeune juge d’instruction va démontrer que l'élu en question a été victime d’un attentat politique, orchestré par la police elle-même. Doué d’une autorité naturelle, Jean-Louis Trintignant interprète, sans élever la voix, ce magistrat aux prises avec les débuts du fascisme que le réalisateur grec Costa Gavras cherche à dénoncer. « On dit toujours que les comédiens ne doivent pas faire de la politique. Mais il faut en faire, on en fait trop peu », explique l’acteur à la sortie du film réquisitoire. « Je suis ravi de m’engager dans un film politique ».
Le conformiste, de Bernardo Bertolucci (1970) -
Pour échapper à de sombres pulsions et à un drame survenu dans son enfance, Marcello Clerici se réfugie dans le conformisme et adhère au régime fasciste italien des années 30. Sa quête de normalité va le conduire à accepter d’assassiner un opposant politique réfugié à Paris. « Certainement le plus beau film auquel j’ai participé », affirme à l’époque Jean-Louis Trintignant.
Amour, Michael Haneke (2012) -
Avec Amour de Michael Haneke, Jean-Louis Trintignant fait son grand retour au cinéma après dix ans d’absence. Après la mort tragique de sa fille en 2003, il accepte de revenir une « dernière fois » sur les écrans car il admire le réalisateur autrichien.
Dans Amour, Palme d’or en 2012, il forme avec Emmanuelle Riva un couple d’octogénaires mélomanes confrontés au dépérissement de l’un des deux. À 81 ans, il incarne un mari fébrile et veilleur. « C’est l’un des films qui a le plus compté dans ma carrière de comédien », confiera-t-il.
Jean-Louis Trintignant
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