Les 128 députés de l’hémicycle seraient partagés entre ceux qui voudraient désigner Najib Mikati ou Nawaf Salam, ceux qui voteront blanc, ceux qui proposeront une candidature différente des profils avancés, et ceux qui persistent à jouer aux indécis. Décryptage.
Plus que quelques heures nous séparent des consultations parlementaires pour la désignation du prochain Premier ministre qui se tiendront jeudi au palais présidentiel de Baabda. Les deux « favoris » se disputant la plus haute fonction étatique sunnite sont le chef du gouvernement sortant, Najib Mikati, et l’ancien ambassadeur du Liban aux Nations unies et actuel juge au sein de la Cour internationale de justice, Nawaf Salam, quoique l’incertitude continuait de marquer mercredi en fin de soirée les positions de différents blocs parlementaires.
Les 128 députés de l’hémicycle seraient partagés entre ceux qui voudraient désigner l’un des deux candidats, ceux qui s’abstiendront de désigner (l’équivalent d’un «vote blanc»), ceux qui proposeront une candidature différente des profils avancés, et ceux qui persistent à jouer aux indécis.
Nawaf Salam
L’ancien ambassadeur bénéficierait du soutien du parti Kataëb, de quelques députés indépendants (entre autres Marc Daou, Najat Saliba et Waddah Sadek), ainsi que de celui du Parti socialiste progressiste. Le choix du PSP n’est toutefois pas anodin, comme l’explique à Ici Beyrouth le député Marwan Hamadé. "Nawaf Salam est un homme cultivé, à l’arabité modérée, qui a fait une longue carrière, et qui respecte les principes de justice, de souveraineté, de liberté, de neutralité et d’indépendance", souligne M. Hamadé. Mercredi soir, M. Salam bénéficiait ainsi de l’appui proclamé de 12 députés (9 du bloc Joumblatt et les 3 indépendants du mouvement de contestation).
Interrogé sur l’appui international dont M. Mikati bénéficierait, M. Hamadé répond clairement : "L’Arabie saoudite, la France et les États-Unis sont habitués à traiter avec Najib Mikati pour les négociations avec le FMI, la délimitation de la frontière maritime et pour le gaz et l’électricité." Mais M. Hamadé apporte une nuance sur ce plan : "Je doute que Najib Mikati puisse former un gouvernement, si jamais il est désigné Premier ministre. Il continuera sans doute à expédier les affaires courantes, comme il le fait actuellement. Il est le liquidateur du mandat et l’expéditeur des affaires courantes !"
Najib Mikati
Le Premier ministre sortant aurait, pour l’heure, l’appui de certains députés de Tripoli, ainsi que de députés indépendants proches du 8 Mars, et du Hezbollah. Ce dernier n’aurait toujours pas annoncé son soutien de manière officielle, mais il devrait le faire dans les prochaines heures, selon une source proche du parti pro-iranien. "Le Hezb appuiera certainement M. Mikati, car il est le plus apte à gérer la situation à venir, et à mener à bien les décisions qui ont été prises par son gouvernement", d’après cette source. Dans la soirée de mercredi, M. Mikati bénéficiait ainsi d’une longueur d’avance grâce au soutien du Hezbollah et ses proches alliés (entre 15 et 20 députés, sans compter l’appui probable des députés d’Amal qui n’annonceront leur position que jeudi).
Le «vote blanc»
Au stade actuel, le Courant patriotique libre n’a toujours pas fait part de son choix, bien que son chef, Gebran Bassil, a ouvertement refusé de soutenir la candidature de Najib Mikati. Cependant, le CPL s’apprêterait à "voter blanc", c’est-à-dire à ne désigner personne, selon une source informée du bloc aouniste. Cette décision serait motivée par le fait qu’aucun des deux candidats ne permettra au gendre du président d’être ministre dans le gouvernement et d’effectuer les nominations qu’il voudrait imposer, notamment à la tête de la Banque centrale et de l’armée.
Néanmoins, le CPL n’est pas le seul parti à refuser de désigner un Premier ministre. D’autres entités et blocs politiques ont aussi décidé de ne pas se prononcer en faveur d’une des personnalités en lice. Tel est notamment le cas du bloc formé par les députés Oussama Saad, Abdel Rahman el-Bizri et Charbel Massaad, comme l’a annoncé le quotidien an-Nahar, tout comme certains indépendants du bloc du changement, dont Paula Yacoubian.
La position FL
Les Forces libanaises, quant à elles, ont annoncé qu’elles ne désigneront personne pour le poste de Premier ministre et ne participeront pas au prochain gouvernement, “tant que le président Michel Aoun est à Baabda", car "il n’y a aucun espoir qu’un gouvernement puisse opérer de grands changements". Cette prise de position serait justifiée par plusieurs facteurs. Tout d’abord, Najib Mikati ne répondrait pas à certaines caractéristiques que le parti exige d’un Premier ministre. M. Mikati insisterait toujours à former des gouvernements d’union nationale, ce que les FL refusent, avait expliqué M. Geagea.
Quant à Nawaf Salam, il ne ferait pas l’unanimité auprès des forces d’opposition, ce qui pousse les Forces libanaises à ne pas le désigner. De plus, le bloc de la "République forte" (FL) ne serait plus convaincu de sa candidature (les FL avaient été les premiers à désigner le juge Salam pour la présidence du Conseil des ministres, après la démission de l’ancien Premier ministre, Saad Hariri, en 2019, au lendemain des mouvements de contestation d’octobre, ndlr) "car il ne s’est jamais prononcé contre le Hezbollah et ses armes, " souligne une source proche de Meerab qui ajoute : "Les FL sont davantage préoccupées par l’échéance présidentielle que par celle de la formation d’un gouvernement de courte durée".
Proposer un autre candidat
Le "bloc souverain indépendant" formé par les députés Michel Moawad, Adib Abdel Massih, Fouad Makhzoumi et Achraf Rifi ont annoncé mercredi matin qu’ils ne désigneront aucun candidat «faisant partie du système politique actuel» pour la fonction de Premier ministre, et spécifiquement Najib Mikati. "Nous nous efforcerons de créer une option politique de poids face à la désignation de Najib Mikati", a affirmé M. Moawad. Serait-ce M. Rifi ou M. Makhzoumi, deux députés dont les noms avaient circulé comme candidats potentiels ? Nul ne le sait.
Par ailleurs, il s’avère que d’autres députés indépendants suivront l’exemple du "bloc souverain indépendant" et proposeront d’autres candidatures qui, à leurs yeux, seraient plus adéquates que celles de MM. Mikati et Salam.
Les indécis
Par ailleurs, plusieurs parlementaires auraient choisi de jouer aux indécis, refusant de révéler leur choix, avant l’issue de leur aparté avec le président de la République, Michel Aoun. D’ailleurs, plusieurs députés du bloc du changement ont annoncé mercredi en fin de soirée qu’ils annonceront leur choix de manière officielle, une fois au palais de Baabda.
Le bloc parlementaire du mouvement Amal fait partie de cette dernière catégorie, puisqu’il n’a toujours pas dévoilé le nom de la personnalité qu’il désignera pour le poste de Premier ministre, faisant ainsi durer le suspense jusqu’à jeudi après-midi. "Le bloc affirme son attachement et son respect de la Constitution pour ce qui est du processus de formation du gouvernement. Il n’annoncera donc le nom de son candidat au poste de Premier ministre qu’après avoir rencontré le président de la République", selon le communiqué publié à l’issue de la réunion du bloc à Aïn el-Tiné, sous la présidence du président de la Chambre Nabih Berry.
En conclusion, rien ne sera joué avant la fin des consultations parlementaires ; bien que quelques surprises pourraient être au rendez-vous…
Plus que quelques heures nous séparent des consultations parlementaires pour la désignation du prochain Premier ministre qui se tiendront jeudi au palais présidentiel de Baabda. Les deux « favoris » se disputant la plus haute fonction étatique sunnite sont le chef du gouvernement sortant, Najib Mikati, et l’ancien ambassadeur du Liban aux Nations unies et actuel juge au sein de la Cour internationale de justice, Nawaf Salam, quoique l’incertitude continuait de marquer mercredi en fin de soirée les positions de différents blocs parlementaires.
Les 128 députés de l’hémicycle seraient partagés entre ceux qui voudraient désigner l’un des deux candidats, ceux qui s’abstiendront de désigner (l’équivalent d’un «vote blanc»), ceux qui proposeront une candidature différente des profils avancés, et ceux qui persistent à jouer aux indécis.
Nawaf Salam
L’ancien ambassadeur bénéficierait du soutien du parti Kataëb, de quelques députés indépendants (entre autres Marc Daou, Najat Saliba et Waddah Sadek), ainsi que de celui du Parti socialiste progressiste. Le choix du PSP n’est toutefois pas anodin, comme l’explique à Ici Beyrouth le député Marwan Hamadé. "Nawaf Salam est un homme cultivé, à l’arabité modérée, qui a fait une longue carrière, et qui respecte les principes de justice, de souveraineté, de liberté, de neutralité et d’indépendance", souligne M. Hamadé. Mercredi soir, M. Salam bénéficiait ainsi de l’appui proclamé de 12 députés (9 du bloc Joumblatt et les 3 indépendants du mouvement de contestation).
Interrogé sur l’appui international dont M. Mikati bénéficierait, M. Hamadé répond clairement : "L’Arabie saoudite, la France et les États-Unis sont habitués à traiter avec Najib Mikati pour les négociations avec le FMI, la délimitation de la frontière maritime et pour le gaz et l’électricité." Mais M. Hamadé apporte une nuance sur ce plan : "Je doute que Najib Mikati puisse former un gouvernement, si jamais il est désigné Premier ministre. Il continuera sans doute à expédier les affaires courantes, comme il le fait actuellement. Il est le liquidateur du mandat et l’expéditeur des affaires courantes !"
Najib Mikati
Le Premier ministre sortant aurait, pour l’heure, l’appui de certains députés de Tripoli, ainsi que de députés indépendants proches du 8 Mars, et du Hezbollah. Ce dernier n’aurait toujours pas annoncé son soutien de manière officielle, mais il devrait le faire dans les prochaines heures, selon une source proche du parti pro-iranien. "Le Hezb appuiera certainement M. Mikati, car il est le plus apte à gérer la situation à venir, et à mener à bien les décisions qui ont été prises par son gouvernement", d’après cette source. Dans la soirée de mercredi, M. Mikati bénéficiait ainsi d’une longueur d’avance grâce au soutien du Hezbollah et ses proches alliés (entre 15 et 20 députés, sans compter l’appui probable des députés d’Amal qui n’annonceront leur position que jeudi).
Le «vote blanc»
Au stade actuel, le Courant patriotique libre n’a toujours pas fait part de son choix, bien que son chef, Gebran Bassil, a ouvertement refusé de soutenir la candidature de Najib Mikati. Cependant, le CPL s’apprêterait à "voter blanc", c’est-à-dire à ne désigner personne, selon une source informée du bloc aouniste. Cette décision serait motivée par le fait qu’aucun des deux candidats ne permettra au gendre du président d’être ministre dans le gouvernement et d’effectuer les nominations qu’il voudrait imposer, notamment à la tête de la Banque centrale et de l’armée.
Néanmoins, le CPL n’est pas le seul parti à refuser de désigner un Premier ministre. D’autres entités et blocs politiques ont aussi décidé de ne pas se prononcer en faveur d’une des personnalités en lice. Tel est notamment le cas du bloc formé par les députés Oussama Saad, Abdel Rahman el-Bizri et Charbel Massaad, comme l’a annoncé le quotidien an-Nahar, tout comme certains indépendants du bloc du changement, dont Paula Yacoubian.
La position FL
Les Forces libanaises, quant à elles, ont annoncé qu’elles ne désigneront personne pour le poste de Premier ministre et ne participeront pas au prochain gouvernement, “tant que le président Michel Aoun est à Baabda", car "il n’y a aucun espoir qu’un gouvernement puisse opérer de grands changements". Cette prise de position serait justifiée par plusieurs facteurs. Tout d’abord, Najib Mikati ne répondrait pas à certaines caractéristiques que le parti exige d’un Premier ministre. M. Mikati insisterait toujours à former des gouvernements d’union nationale, ce que les FL refusent, avait expliqué M. Geagea.
Quant à Nawaf Salam, il ne ferait pas l’unanimité auprès des forces d’opposition, ce qui pousse les Forces libanaises à ne pas le désigner. De plus, le bloc de la "République forte" (FL) ne serait plus convaincu de sa candidature (les FL avaient été les premiers à désigner le juge Salam pour la présidence du Conseil des ministres, après la démission de l’ancien Premier ministre, Saad Hariri, en 2019, au lendemain des mouvements de contestation d’octobre, ndlr) "car il ne s’est jamais prononcé contre le Hezbollah et ses armes, " souligne une source proche de Meerab qui ajoute : "Les FL sont davantage préoccupées par l’échéance présidentielle que par celle de la formation d’un gouvernement de courte durée".
Proposer un autre candidat
Le "bloc souverain indépendant" formé par les députés Michel Moawad, Adib Abdel Massih, Fouad Makhzoumi et Achraf Rifi ont annoncé mercredi matin qu’ils ne désigneront aucun candidat «faisant partie du système politique actuel» pour la fonction de Premier ministre, et spécifiquement Najib Mikati. "Nous nous efforcerons de créer une option politique de poids face à la désignation de Najib Mikati", a affirmé M. Moawad. Serait-ce M. Rifi ou M. Makhzoumi, deux députés dont les noms avaient circulé comme candidats potentiels ? Nul ne le sait.
Par ailleurs, il s’avère que d’autres députés indépendants suivront l’exemple du "bloc souverain indépendant" et proposeront d’autres candidatures qui, à leurs yeux, seraient plus adéquates que celles de MM. Mikati et Salam.
Les indécis
Par ailleurs, plusieurs parlementaires auraient choisi de jouer aux indécis, refusant de révéler leur choix, avant l’issue de leur aparté avec le président de la République, Michel Aoun. D’ailleurs, plusieurs députés du bloc du changement ont annoncé mercredi en fin de soirée qu’ils annonceront leur choix de manière officielle, une fois au palais de Baabda.
Le bloc parlementaire du mouvement Amal fait partie de cette dernière catégorie, puisqu’il n’a toujours pas dévoilé le nom de la personnalité qu’il désignera pour le poste de Premier ministre, faisant ainsi durer le suspense jusqu’à jeudi après-midi. "Le bloc affirme son attachement et son respect de la Constitution pour ce qui est du processus de formation du gouvernement. Il n’annoncera donc le nom de son candidat au poste de Premier ministre qu’après avoir rencontré le président de la République", selon le communiqué publié à l’issue de la réunion du bloc à Aïn el-Tiné, sous la présidence du président de la Chambre Nabih Berry.
En conclusion, rien ne sera joué avant la fin des consultations parlementaires ; bien que quelques surprises pourraient être au rendez-vous…
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