L'UE à Téhéran pour sauver l'accord sur le nucléaire
Vers une relance des pourparlers sur le dossier nucléaire iranien ? Ce vendredi 24 juin au soir, le chef de la diplomatie de l'UE, Josep Borrell, arrive à Téhéran. Objectif: sauver les meubles en poussant les Américains et l'Iran à se parler de nouveau. Un échec pourrait signer la fin de tout accord entre ce dernier et le reste du monde.

Le chef de la diplomatie de l'Union européenne (UE) Josep Borrell est attendu vendredi 24 juin au soir à Téhéran pour des entretiens visant à relancer les pourparlers sur le dossier nucléaire, bloqués depuis mars.

Cette visite surprise a été annoncée par le porte-parole du ministère des Affaires étrangères iranien, Saïd Khatibzadeh, et confirmée par l'UE.

"La diplomatie est le seul moyen pour un retour à la pleine mise en œuvre de l'accord (nucléaire de 2015) et pour surmonter les tensions actuelles", a dit sur Twitter le chef de la diplomatie européenne, après que l'UE a confirmé sa visite de deux jours en Iran.

Elle intervient alors que les pourparlers lancés à Vienne en avril 2021 entre l'Iran et les grandes puissances (Russie, Etats-Unis, Chine, France, Royaume-Uni et Allemagne) sont au point mort depuis mars dernier.

Nucléaire Iran Josep Borrell doit rencontrer le ministre des Affaires étrangères iranien Hossein Amir-Abdollahian (AFP)

Les discussions visent à tenter de réintégrer les États-Unis à l'accord de 2015 prévoyant des limitations au programme nucléaire iranien, dénoncé en 2018 par l'ex-président américain Donald Trump, et à ramener l'Iran au respect intégral de ses engagements dictés par cet accord.

Consultations Iran-UE (et États-Unis...)

Le pacte de 2015 appelé JCPOA avait accordé à l'Iran, accusé de chercher à se doter de l'arme atomique malgré ses démentis, un allègement des sanctions économiques internationales asphyxiantes en échange de restrictions à son programme nucléaire. Or l'administration Trump avait de surcroît rétabli les sanctions américaines, provoquant l'ire de l'Iran.

Nucléaire iranien

Nucléaire Iran

Les États-Unis, ennemi juré de l'Iran avec lequel ils n'entretiennent pas de relations diplomatiques depuis 1980, participaient de manière indirecte aux négociations de Vienne, via l'UE. Téhéran et Washington s'accusent mutuellement du blocage.

"M. Borrell visitera vendredi soir Téhéran pour y rencontrer le ministre des Affaires étrangères Hossein Amir-Abdollahian et d'autres responsables iraniens", a affirmé dans un communiqué le porte-parole des Affaires étrangères.


"La visite s'inscrit dans le cadre des consultations en cours entre l'Iran et l'UE. Elle portera sur les relations bilatérales, certaines questions régionales et internationales, ainsi que sur l'évolution des négociations pour la levée des sanctions", selon le communiqué.

Revenir à l'application totale de l'accord 

L'UE a confirmé dans un communiqué la visite les 24 et 25 juin de M. Borrell en Iran "dans le cadre des efforts en cours pour revenir à une application total" de l'accord de 2015.

Enrique Mora, le négociateur de l'UE chargé de coordonner les pourparlers sur le nucléaire iranien, a posté jeudi soir sur Twitter une photo d'un dîner à Bruxelles entre lui-même, Josep Borrell et l’émissaire spécial américain pour l'Iran, Robert Malley, avec cette légende : "Conversation en profondeur sur le JCPOA et les perspectives régionales au Moyen-Orient. Malley a réaffirmé l'engagement américain de revenir dans l'accord".

Nucléaire iranien Joe Biden s'est dit pour un retour de son pays dans l'accord (AFP)

L'administration américaine de Joe Biden a déclaré vouloir revenir dans l'accord, à condition que Téhéran renoue avec ses engagements, tandis que l'Iran exige auparavant la levée des sanctions.

Jeudi, Hossein Amir-Abdollahian a affirmé que son pays espérait "sérieusement" aboutir à un accord avec les grandes puissances, y compris les États-Unis, après un entretien avec son homologue russe Sergueï Lavrov à Téhéran. Il a appelé Washington à "faire preuve de réalisme".

De gros risque pour la suite

Début juin, l'Iran a déconnecté certaines des caméras de surveillance de l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) sur ses sites nucléaires, après que les États-Unis et les Européens ont fait voter une résolution à l'AIEA dénonçant le manque de coopération de Téhéran.

Mais l'Iran a aussitôt dit que toutes ces mesures étaient "réversibles", si un accord était conclu à Vienne.

Après la désactivation par l'Iran des caméras de surveillance, le directeur général de l'AIEA Rafael Grossi a affirmé que, si le blocage persiste, "dans trois ou quatre semaines" l'AIEA ne sera plus en mesure de fournir les informations nécessaires au suivi du programme nucléaire iranien.

Selon lui, ceci "porterait un coup fatal" à l'accord de 2015.

Avec AFP
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