©Poutine trône au centre avec les dirigeants des pays de la CEI avec qui il compte garder des relations étroites, sans interventions occidentales.
Lors d'un forum économique à Saint-Pétersbourg le 17 juin dernier, le président kazakh a assumé ses différends avec la Russie sur la question ukrainienne, refusant de reconnaître les entités séparatistes pro-russes et défendant l'intégrité territoriale de l'Ukraine. Pays composé à 20% de russophones, le Kazakhstan ne souhaite pas voir le scénario ukrainien se répéter chez lui, alors que Moscou a attaqué l'Ukraine officiellement pour protéger la minorité russophone dans le pays. De même, ses liens économiques importants avec l'Occident poussent le pays à ne pas soutenir totalement la politique étrangère du Kremlin, de peur de partager l'isolement économique de la Russie.
Le Kazakhstan, allié traditionnel de la Russie abritant une forte minorité russe, est engagé dans un exercice d'équilibriste face à Moscou, depuis l'invasion de l'Ukraine, qu'il voit d'un mauvais œil.
Les dissensions étaient bien visibles lors d'un forum économique à Saint-Pétersbourg le 17 juin, lorsque le président kazakh Kassym-Jomart Tokaïev et Vladimir Poutine se retrouvaient sur scène.
Face au maître du Kremlin, le président Tokaïev a expliqué en détail pourquoi il ne suivrait pas Moscou dans la reconnaissance des entités séparatistes pro-russes d'Ukraine et dont la défense a servi de justification à la Russie pour lancer son offensive.
Selon lui, si de telles entités étaient reconnues partout dans le monde, "ce serait le chaos". "Tokaïev est le genre de types qu'on n'a plus l'habitude de voir (en Russie). Il n'a pas failli, il a regardé directement Poutine dans les yeux", analyse auprès du site republic.ru, Arkadi Doubnov, expert des relations entre la Russie et les pays d'Asie centrale.
D'autant que le débat de Saint-Pétersbourg était animé par l'une des critiques les plus véhémentes de la position du Kazakhstan, Margarita Simonian, rédactrice en chef de Russia. Plus tôt cette année, elle a jugé que le Kazakhstan était un ingrat en refusant de reconnaître les séparatistes pro-russes d'Ukraine, alors que la Russie l'aurait "sauvé" en envoyant des troupes de maintien de la paix après des émeutes sanglantes en janvier.
En janvier 2022, le Kazakhstan dû faire face à une insurrection populaire obligeant le gouvernement à appeler Moscou à l'aide
"Regardez attentivement ce qu'il se passe en Ukraine", a pour sa part menacé le mari de Mme Simonian, le présentateur célèbre Tigran Kéossaïan.
Le message est plutôt clair : plus de 20% de la population kazakhe est ethniquement russe, et Moscou a officiellement attaqué l'Ukraine pour y protéger une minorité russophone. Suite à cette tirade virulente, les autorités kazakhes ont juré que M. Kéossaïan serait interdit d’entrer au Kazakhstan.
M. Tokaïev a pour sa part accusé la semaine dernière des personnalités russes, sans les nommer, de semer la "discorde" en critiquant publiquement le Kazakhstan.
Selon Maximilian Hess, expert du Foreign Policy Research Institute, le Kremlin pourrait encore bien vouloir s'efforcer de pousser le Kazakhstan à le soutenir bien plus fortement dans le combat qu'il a engagé en Ukraine et contre l'Occident. "Il existe des liens importants entre les élites commerciales russes et kazakhes sur lesquels Poutine peut s'appuyer pour essayer de faire pression", dit M. Hess à l'AFP.
Hasard ou message politique, il souligne que depuis le début de l'invasion, un oléoduc contrôlé par la Russie, transportant plus de la moitié des exportations de brut kazakh, a été arrêté à deux reprises, officiellement pour des motifs techniques.
En tout cas, le Kazakhstan ne peut trop céder à Moscou sur le dossier ukrainien et "mettre en péril ses intérêts nationaux fondamentaux", analyse auprès de l'AFP Nargis Kassenova, chercheuse à l'Université de Harvard. Car pour les autorités kazakhes, la préservation de l'intégrité territoriale de l'Ukraine est un principe clé pour la préservation de celle du Kazakhstan, alors que le nord du pays est entièrement frontalier de la Russie et compte un grand nombre de Russes ethniques. "D'où la non-reconnaissance des quasi-états" pro-russes en terres ukrainiennes, note Mme Kassenova.
D'autre part, le Kazakhstan a de bonnes relations, notamment commerciales avec l'Occident, et ne veut pas partager l'isolement économique de la Russie du fait des sanctions occidentales. Dès lors, selon Dossym Satpaïev, analyste politique au Kazakhstan, les commentaires de M. Tokaïev sur l'Ukraine étaient adressés autant à un public à domicile qu'à l'international.
M. Tokaïev, un diplomate de carrière, ne veut pas pour autant de brouille avec Moscou, son principal partenaire économique et diplomatique. S'exprimant en anglais dans une interview à Bloomberg mardi, il a qualifié M. Poutine d'"allié fidèle" et leur rencontre à Saint-Pétersbourg de "très agréable".
Avec AFP
Le Kazakhstan, allié traditionnel de la Russie abritant une forte minorité russe, est engagé dans un exercice d'équilibriste face à Moscou, depuis l'invasion de l'Ukraine, qu'il voit d'un mauvais œil.
Les dissensions étaient bien visibles lors d'un forum économique à Saint-Pétersbourg le 17 juin, lorsque le président kazakh Kassym-Jomart Tokaïev et Vladimir Poutine se retrouvaient sur scène.
Face au maître du Kremlin, le président Tokaïev a expliqué en détail pourquoi il ne suivrait pas Moscou dans la reconnaissance des entités séparatistes pro-russes d'Ukraine et dont la défense a servi de justification à la Russie pour lancer son offensive.
Selon lui, si de telles entités étaient reconnues partout dans le monde, "ce serait le chaos". "Tokaïev est le genre de types qu'on n'a plus l'habitude de voir (en Russie). Il n'a pas failli, il a regardé directement Poutine dans les yeux", analyse auprès du site republic.ru, Arkadi Doubnov, expert des relations entre la Russie et les pays d'Asie centrale.
Des menaces à peine voilées
D'autant que le débat de Saint-Pétersbourg était animé par l'une des critiques les plus véhémentes de la position du Kazakhstan, Margarita Simonian, rédactrice en chef de Russia. Plus tôt cette année, elle a jugé que le Kazakhstan était un ingrat en refusant de reconnaître les séparatistes pro-russes d'Ukraine, alors que la Russie l'aurait "sauvé" en envoyant des troupes de maintien de la paix après des émeutes sanglantes en janvier.
En janvier 2022, le Kazakhstan dû faire face à une insurrection populaire obligeant le gouvernement à appeler Moscou à l'aide
"Regardez attentivement ce qu'il se passe en Ukraine", a pour sa part menacé le mari de Mme Simonian, le présentateur célèbre Tigran Kéossaïan.
Le message est plutôt clair : plus de 20% de la population kazakhe est ethniquement russe, et Moscou a officiellement attaqué l'Ukraine pour y protéger une minorité russophone. Suite à cette tirade virulente, les autorités kazakhes ont juré que M. Kéossaïan serait interdit d’entrer au Kazakhstan.
M. Tokaïev a pour sa part accusé la semaine dernière des personnalités russes, sans les nommer, de semer la "discorde" en critiquant publiquement le Kazakhstan.
Selon Maximilian Hess, expert du Foreign Policy Research Institute, le Kremlin pourrait encore bien vouloir s'efforcer de pousser le Kazakhstan à le soutenir bien plus fortement dans le combat qu'il a engagé en Ukraine et contre l'Occident. "Il existe des liens importants entre les élites commerciales russes et kazakhes sur lesquels Poutine peut s'appuyer pour essayer de faire pression", dit M. Hess à l'AFP.
Entre Russie et Occident, un choix impossible
Hasard ou message politique, il souligne que depuis le début de l'invasion, un oléoduc contrôlé par la Russie, transportant plus de la moitié des exportations de brut kazakh, a été arrêté à deux reprises, officiellement pour des motifs techniques.
En tout cas, le Kazakhstan ne peut trop céder à Moscou sur le dossier ukrainien et "mettre en péril ses intérêts nationaux fondamentaux", analyse auprès de l'AFP Nargis Kassenova, chercheuse à l'Université de Harvard. Car pour les autorités kazakhes, la préservation de l'intégrité territoriale de l'Ukraine est un principe clé pour la préservation de celle du Kazakhstan, alors que le nord du pays est entièrement frontalier de la Russie et compte un grand nombre de Russes ethniques. "D'où la non-reconnaissance des quasi-états" pro-russes en terres ukrainiennes, note Mme Kassenova.
D'autre part, le Kazakhstan a de bonnes relations, notamment commerciales avec l'Occident, et ne veut pas partager l'isolement économique de la Russie du fait des sanctions occidentales. Dès lors, selon Dossym Satpaïev, analyste politique au Kazakhstan, les commentaires de M. Tokaïev sur l'Ukraine étaient adressés autant à un public à domicile qu'à l'international.
M. Tokaïev, un diplomate de carrière, ne veut pas pour autant de brouille avec Moscou, son principal partenaire économique et diplomatique. S'exprimant en anglais dans une interview à Bloomberg mardi, il a qualifié M. Poutine d'"allié fidèle" et leur rencontre à Saint-Pétersbourg de "très agréable".
Avec AFP
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