Certaines idées, tout aussi scientifiques que philosophiques, périssent à mesure que le sable du temps s’écoule. D’autres idées survivent aux épreuves de l’Histoire. C’est en Italie durant le Moyen-âge qu’un géant philosophique vit le jour, et il s’appelait Thomas.
Il uomo
Né à Roccasecca en 1225, Thomas d’Aquin était le plus jeune parmi ses 7 autres frères et sœurs. Ce n’est qu’après avoir atteint l’âge de 5 ans que le jeune prodige fut envoyé à l’abbaye de Monte Cassino qu’il a dû fuir huit ans plus tard à cause du climat politique pour s’installer à Naples.
Ses années à Naples furent marquantes. Thomas étudia rigoureusement les œuvres d’Aristote, qu’il nomma « Il Filosofo », c’est-à-dire « le Philosophe ». À l’époque, les travaux d’Aristote étaient redécouverts en Europe après des années dans l’oubli, et cette réémergence des écrits du philosophe grec ont mené à de nombreuses controverses et polémiques. Certains prêtres considéraient que les enseignements d’Aristote contredisaient la foi catholique. Pourtant, Thomas d’Aquin n’était pas du même avis : non seulement les enseignements d’Aristote ne contredisent pas le catholicisme, mais ils permettent de comprendre le credo de l’Église. En effet, dans son gigantesque chef-d’œuvre, la Summa Theologica, Saint Thomas reprend l’argument d’Aristote pour prouver l’existence de Dieu.
Un aspect remarquable de l’œuvre de Saint Thomas est sa capacité à comprendre l’argument de la position qu’il oppose, à l’énoncer clairement et à la réfuter systématiquement. Évidemment, expliquer toutes les idées du docteur angélique est une tâche laborieuse. Jetons quand même un œil sur l'une de ses contributions dans le domaine de la morale et du droit.
Le droit naturel contre la tyrannie
Pour Thomas d’Aquin, l’Homme est pourvu de raison, et il est capable d’utiliser cette raison pour connaitre la vérité à propos du monde qui nous entoure. C’est un fait qui semble évident. Mais ce n’est pas tout : l’Homme peut également, par raisonnement logique, discerner entre le bien et le mal et déduire quelles actions sont morales ou immorales. Cependant, cette théorie de la morale, selon laquelle le bien et le mal sont objectifs et peuvent être discernés grâce à l’usage de la raison, serait vide de sens si l’Homme ne pouvait pas choisir. En plus de leur raison, les hommes sont alors pourvus d’un libre arbitre qui leur est accordé par Dieu. Grâce à ce libre arbitre, l’Homme est capable de choisir entre le bien et le mal, et donc de récolter les fruits de ses actes, c’est-à-dire les récompenses ou les châtiments. Sans libre arbitre, il serait injuste de punir ou récompenser les hommes pour leurs actes.
Ainsi, il existe une sorte de loi naturelle qui dicte ce qu’on devrait faire ou pas. Mais qu’est-ce qu’un acte moral ou immoral ? Pour Thomas d’Aquin, ainsi que pour tous les autres théoriciens du droit naturel après (ou avant) lui, il existe des principes moraux universels qui peuvent être appliqués universellement, à tout moment, sur chaque être humain en même temps. Ces principes moraux peuvent être découverts grâce à l’exercice de la raison. Commettre un péché, pour Thomas d’Aquin, revient alors à s’opposer à la raison.
Une implication de cette théorie radicale du droit est qu’elle nie le droit positif. Par exemple, le droit à la santé, selon cette conception du droit, n’existe pas. En effet, dire qu’il existe un « droit » à la santé revient à dire qu’on peut frapper à la porte de n’importe quel médecin, et qu’il est obligé de nous soigner. Le droit à la santé ne peut pas être naturel, puisqu’il ne peut pas être appliqué sur chacun d’entre nous. Un tel droit nécessite le travail de quelqu’un d’autre : le médecin. Les droits naturels sont alors des droits négatifs : le droit à la vie, à la liberté, et à la propriété privée. En d’autres termes, pour respecter un droit naturel, vous n’avez qu’à ne rien faire et laisser les gens tranquilles. Une telle conception du droit implique également un scepticisme vis-à-vis du gouvernement : les droits de l’individu sont sacrés, inaliénables, et ne dépendent pas du gouvernement. Ces droits ne doivent pas être violés, peu importe la raison.
On n’a pas besoin d’être catholique, ou même religieux, pour apprécier le colosse intellectuel que fut le docteur angélique. Murray Rothbard, grand économiste et philosophe libertarien, était loin d’être religieux et pourtant il fut largement inspiré par la théorie morale de Saint Thomas, il a même dédié tout un livre là-dessus : l’Éthique de la Liberté. De même, Ayn Rand, l’autrice de La Révolte d’Atlas, farouchement athée et fameuse icône du capitalisme, avait énormément de respect pour le docteur angélique. Notons également que la constitution des États-Unis fait explicitement référence aux droits naturels et inaliénables de tout homme. Répétons-le haut et fort : la vie, la liberté, et la propriété privée.
Il uomo
Né à Roccasecca en 1225, Thomas d’Aquin était le plus jeune parmi ses 7 autres frères et sœurs. Ce n’est qu’après avoir atteint l’âge de 5 ans que le jeune prodige fut envoyé à l’abbaye de Monte Cassino qu’il a dû fuir huit ans plus tard à cause du climat politique pour s’installer à Naples.
Ses années à Naples furent marquantes. Thomas étudia rigoureusement les œuvres d’Aristote, qu’il nomma « Il Filosofo », c’est-à-dire « le Philosophe ». À l’époque, les travaux d’Aristote étaient redécouverts en Europe après des années dans l’oubli, et cette réémergence des écrits du philosophe grec ont mené à de nombreuses controverses et polémiques. Certains prêtres considéraient que les enseignements d’Aristote contredisaient la foi catholique. Pourtant, Thomas d’Aquin n’était pas du même avis : non seulement les enseignements d’Aristote ne contredisent pas le catholicisme, mais ils permettent de comprendre le credo de l’Église. En effet, dans son gigantesque chef-d’œuvre, la Summa Theologica, Saint Thomas reprend l’argument d’Aristote pour prouver l’existence de Dieu.
Un aspect remarquable de l’œuvre de Saint Thomas est sa capacité à comprendre l’argument de la position qu’il oppose, à l’énoncer clairement et à la réfuter systématiquement. Évidemment, expliquer toutes les idées du docteur angélique est une tâche laborieuse. Jetons quand même un œil sur l'une de ses contributions dans le domaine de la morale et du droit.
Le droit naturel contre la tyrannie
Pour Thomas d’Aquin, l’Homme est pourvu de raison, et il est capable d’utiliser cette raison pour connaitre la vérité à propos du monde qui nous entoure. C’est un fait qui semble évident. Mais ce n’est pas tout : l’Homme peut également, par raisonnement logique, discerner entre le bien et le mal et déduire quelles actions sont morales ou immorales. Cependant, cette théorie de la morale, selon laquelle le bien et le mal sont objectifs et peuvent être discernés grâce à l’usage de la raison, serait vide de sens si l’Homme ne pouvait pas choisir. En plus de leur raison, les hommes sont alors pourvus d’un libre arbitre qui leur est accordé par Dieu. Grâce à ce libre arbitre, l’Homme est capable de choisir entre le bien et le mal, et donc de récolter les fruits de ses actes, c’est-à-dire les récompenses ou les châtiments. Sans libre arbitre, il serait injuste de punir ou récompenser les hommes pour leurs actes.
Ainsi, il existe une sorte de loi naturelle qui dicte ce qu’on devrait faire ou pas. Mais qu’est-ce qu’un acte moral ou immoral ? Pour Thomas d’Aquin, ainsi que pour tous les autres théoriciens du droit naturel après (ou avant) lui, il existe des principes moraux universels qui peuvent être appliqués universellement, à tout moment, sur chaque être humain en même temps. Ces principes moraux peuvent être découverts grâce à l’exercice de la raison. Commettre un péché, pour Thomas d’Aquin, revient alors à s’opposer à la raison.
Une implication de cette théorie radicale du droit est qu’elle nie le droit positif. Par exemple, le droit à la santé, selon cette conception du droit, n’existe pas. En effet, dire qu’il existe un « droit » à la santé revient à dire qu’on peut frapper à la porte de n’importe quel médecin, et qu’il est obligé de nous soigner. Le droit à la santé ne peut pas être naturel, puisqu’il ne peut pas être appliqué sur chacun d’entre nous. Un tel droit nécessite le travail de quelqu’un d’autre : le médecin. Les droits naturels sont alors des droits négatifs : le droit à la vie, à la liberté, et à la propriété privée. En d’autres termes, pour respecter un droit naturel, vous n’avez qu’à ne rien faire et laisser les gens tranquilles. Une telle conception du droit implique également un scepticisme vis-à-vis du gouvernement : les droits de l’individu sont sacrés, inaliénables, et ne dépendent pas du gouvernement. Ces droits ne doivent pas être violés, peu importe la raison.
On n’a pas besoin d’être catholique, ou même religieux, pour apprécier le colosse intellectuel que fut le docteur angélique. Murray Rothbard, grand économiste et philosophe libertarien, était loin d’être religieux et pourtant il fut largement inspiré par la théorie morale de Saint Thomas, il a même dédié tout un livre là-dessus : l’Éthique de la Liberté. De même, Ayn Rand, l’autrice de La Révolte d’Atlas, farouchement athée et fameuse icône du capitalisme, avait énormément de respect pour le docteur angélique. Notons également que la constitution des États-Unis fait explicitement référence aux droits naturels et inaliénables de tout homme. Répétons-le haut et fort : la vie, la liberté, et la propriété privée.
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