Le monde se penche sur un océan de problèmes
©Des activistes d'Ocean Rebellion le 27 juin non loin de Lisbonne (AFP)
En retard de deux ans, le monde se réunit à Lisbonne, à l'initiative de l'ONU, pour discuter de l'avenir de nos océans et de la meilleure manière de stopper leur dégradation. Les différentes pollutions humaines, qu'il s'agisse de nos émissions ou de nos plastiques, font se multiplier les zones toxiques, voire mortes, dans les mers, déséquilibrant gravement les écosystèmes.

Deux ans plus tard que prévu, des milliers de responsables politiques, d'experts et défenseurs de l'environnement se rassemblent à partir de lundi 27 juin à Lisbonne à l'appel de l'ONU pour une conférence consacrée aux menaces pesant sur la santé de l'océan.

L'humanité se doit de soigner les mers, qui génèrent la moitié de l'oxygène que nous respirons et qui représentent une source vitale de protéines pour le quotidien de milliards de personnes.

"Malheureusement, nous avons pris l'océan pour acquis. Nous sommes actuellement confrontés à ce que j’appellerais un état d'urgence des océans", a déclaré le secrétaire général des Nations unies, le Portugais Antonio Guterres.

ONU environnement Selon Antonio Guterres, "nous avançons trop lentement" (AFP)

"Notre échec à préserver l'océan aura des effets en cascade", a-t-il souligné dans son discours d'ouverture de cette conférence de cinq jours, plusieurs fois reportée pour cause de pandémie alors qu'elle devait d'abord se tenir en avril 2020.

L'océan, qui recouvre plus des deux tiers de la surface de la planète, joue par ailleurs un rôle clé pour la vie sur Terre en mitigeant les impacts du changement climatique. Mais le coût en est considérable.

Les océans deviennent de plus en plus acides et chauds

En absorbant environ un quart de la pollution au CO2, alors même que les émissions ont augmenté de 50% au cours des 60 dernières années, la mer est devenue plus acide, déstabilisant les chaînes alimentaires aquatiques et réduisant sa capacité à capter toujours plus de gaz carbonique.

Et, en résorbant plus de 90% de l'excès de chaleur provoqué par le réchauffement climatique, l'océan subit de puissantes vagues de chaleur marine qui détruisent de précieux récifs coralliens et les zones mortes privées d'oxygène se répandent.



 

"Nous n'avons encore qu'une petite idée de l'ampleur de la dévastation provoquée par le changement climatique sur la santé des océans", a affirmé à l'AFP Charlotte de Fontaubert, principale experte de l'économie bleue à la Banque mondiale.

Au rythme actuel, la pollution plastique va tripler d'ici à 2060, à un milliard de tonnes par an, selon un rapport récent de l'OCDE.

Déjà, les micro-plastiques provoquent chaque année la mort d'un million d'oiseaux et plus de 100.000 mammifères marins.

Les participants à la réunion de Lisbonne discuteront des propositions pour y remédier, qui vont du recyclage à l'interdiction totale des sacs en plastique.


Le problème de la surpêche

Le problème de la surpêche est également au programme de la conférence de cinq jours, organisée conjointement par le Portugal et le Kenya après avoir été reportée plusieurs fois pour cause de pandémie.

"Au moins un tiers des stocks de poissons sauvages sont trop pêchés et moins de 10% de l'océan est protégé", commente à l'AFP Kathryn Mathews, directrice scientifique de l'ONG américaine Oceana.

ONU environnement Des milliers de responsables politiques et experts sont attendus à la conférence (AFP)

"Des navires de pêche illégaux font des ravages en toute impunité, en eaux côtières comme en haute mer", souligne-t-elle.

Les débats porteront également sur un éventuel moratoire visant à protéger les fonds marins de l'exploitation minière à la recherche de métaux rares nécessaires à la fabrication de batteries pour la filière florissante des véhicules électriques.

Une coalition rassemblant près d'une centaine de pays préconise par ailleurs une mesure phare visant à déclarer des zones de protection couvrant 30% des océans et de la terre de la planète.

Des avancées trop lentes

Autre sujet central, "l'alimentation bleue" censée faire des océans un moyen de subsistance à la fois durable et socialement responsable.

"Les poissons sauvages de la mer peuvent représenter une source de protéines et de micronutriments capable d'offrir à un milliard de personnes un repas sain par jour, pour toujours", explique Mme Mathews.

De nombreux ministres et quelques chefs d'État, dont le président français Emmanuel Macron, attendu jeudi 30 juin, participeront à cette réunion qui, pourtant, n'a pas vocation à devenir une séance de négociations formelles.

ONU environnement L'acteur américain Jason Momoa, qui incarne au cinéma le super-héros Aquaman, a appelé à "sauver les océans" lors d'un discours le 27 juin (AFP)

Certains participants en profiteront néanmoins pour défendre une politique ambitieuse pour les océans en vue des deux sommets cruciaux qui se tiendront en fin d'année: la conférence de l'ONU sur le climat COP27 aura lieu en novembre en Egypte, suivie en décembre par la très attendue conférence des Nations unies sur la biodiversité COP15, qui se déroulera au Canada sous présidence chinoise.

"Nous avançons trop lentement", a tout de même regretté dès dimanche 26 juin le secrétaire général des Nations Unis, le Portugais Antonio Guterres, lors d'une initiative organisée sur une plage de la banlieue de Lisbonne en présence de l'acteur américain Jason Momoa, qui incarne au cinéma le super-héros Aquaman.

Avec AFP
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